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Non, respirer n’émet pas plus de CO2 dans l’atmosphère

samedi 7 décembre 2019 à 11:41

Une pompe à pétrole.
Je tombe ce matin sur ce tweet :

En pédalant ils effectuent un plus grand effort physique qu’en marchant soit un dégagement de CO2 expiré plus important.
L’idéal, pour le bilan carbone, serait que tout le monde soit obligé de marcher pour aller travailler ou se déplacer pour les loisirs

Ceci est faux, et pour plusieurs raisons.

Respirer n’augmente pas le CO2 dans l’atmosphère

Déjà, respirer n’est pas responsable de l’effet de serre. Même si on était 500 milliards sur cette planète, tout ce monde qui respire ne provoquera pas la montée du taux de CO2 atmosphérique.

Quand on respire, on inspire de l’oxygène. Cet oxygène est utilisé par nos cellules. Nos cellules utilisent également ce qu’on mange, à savoir des sucres, qui sont en réalité une source de carbone pour notre corps. Les cellules « brûlent » ces sucres avec l’oxygène pour nous réchauffer et entretenir notre métabolisme.

Le carbone du sucre avec l’oxygène de l’air est ensuite rejeté lors de l’expiration sous la forme de CO2.

Oui, respirer émet donc du CO2. Aucun doute sur ça.

Par contre, le carbone ne provient pas de nulle part : comme j’ai dit, il provient de notre nourriture. Et notre nourriture, dans le cas des fruits et des légumes, correspond à des végétaux. Ces végétaux ont poussé en absorbant le CO2 de l’atmosphère.

Le CO2 qu’on expire est donc du CO2 que la plante qu’on a mangé a puisé dans l’air. Il s’agit d’un cycle : le cycle du carbone, justement.

Notez que si l’on mange de la viande, ça revient à la même chose : le carbone dans la viande provient du carbone de l’herbe mangé par l’animal. Il y a juste une étape en plus.
Que l’on soit végan ou non, la chaîne alimentaire dans son ensemble est 100 % neutre en carbone. Bien-sûr, je parle ici seulement de la chaîne alimentaire (pas du transport de la nourriture avec des camions roulant au pétrole, ni des autres émissions de gaz à effet de serre comme le méthane par l’élevage animal, ou du carbone émis par les plantations de tomates sous serre éclairées à grâce à une centrale au charbon).

Si l’on respire davantage en faisant du vélo, oui, on émettra plus de CO2 en expirant plus. Mais ça n’est voir qu’une partie du cycle : si on fait du sport, on se dépense plus et on aura plus faim : on mangera plus pour refaire le stock de sucres et on aura besoin de planter davantage de plantes pour nous nourrir… ce qui va donc également absorber plus de CO2 dans l’air. Je l’ai dit : le cycle est neutre.

Donc non : respirer plus en faisant du vélo n’est pas responsable de la hausse du taux de CO2 dans l’air.

Faire du vélo réduit même la respiration

Ensuite, que l’on marche ou qu’on pédale, on respire toujours plus vite que si l’on reste assis. Normal, car on est actif : on transforme des glucides en chaleur en produisant un travail « utile ».
Maintenant, d’un point de vue purement énergétique, le déplacement à vélo est environ 4 fois plus efficace que la marche.

Que ce soit sur le plat ou non (en considérant le dénivelé global comme neutre, par exemple en revenant au point de départ après avoir fait un tour), faire du vélo vous fatigue environ 4 fois moins pour une distance parcourue identique. On brûle donc également moins de calories en vélo qu’à pied.

À pied, l’effort de marcher est moins intense, mais il est également bien plus long : on se déplace moins vite à pied qu’à vélo. Peut-être que faire 1 heure de vélo nous fatigue plus que 1 heure de marche, mais on aura parcouru bien plus de distance.
S’il s’agit juste d’aller au travail à pied ou en vélo, vous aurez respiré nettement plus durant les 40 minutes de marche que durant les 10 minutes de vélo (y compris en incluant les 30 minutes de repos après les 10 minute de vélo).

Si parcourir une certaine distance est le but recherché, il faut voir le nombre de calories consommées au kilomètre. Il sera bien plus faible en vélo qu’à pied.
Si vous souhaitez brûler des graisses pour maigrir, il faut alors compter en calories par heure. Et là ce sera plus élevé avec un vélo en pédalant comme un dingue que marcher, simplement parce que l’effort n’est plus le même, et ce n’est donc pas dans le cadre exprimé dans le tweet ci-dessus, qui parle explicitement du vélo comme un moyen de transport, pas comme un exercice physique destinée à brûler des calories.

D’où vient la hausse du CO2 dans l’air alors ?

La respiration, que ce soit celle de 1 milliard de gens ou de 100 milliards n’a pas d’effet sur le CO2 dans l’air. Le carbone expiré provient déjà de l’atmosphère par l’intermédiaire des plantes que l’on mange (ou de l’animal qu’on mange et qui lui avait mangé la plante).

Ce qui provoque une élévation du taux de CO2 dans l’air, c’est le fait d’ajouter du CO2 dans l’air dont la source initiale n’est pas l’air : par exemple le pétrole, le charbon ou le gaz.
Les énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) sont du carbone piégé dans le sol depuis des millions d’années. Quand on le brûle, on le libère dans l’air.

Même chose quand on fait du ciment : le ciment est fait à partir de carbonate de calcium que l’on mine dans le sol. Les cimenteries font réagir le carbonate de calcium en transforment ça en chaux vive et en rejetant du CO2 (le « carbonate » de « carbonate de calcium »).
Là aussi, le CO2 était dans le sol avant d’être jeté dans l’air.

Même remarque pour les volcans : bien que la contribution en CO2 des volcans soit risible à côté de la combustion d’énergie fossile et les cimenteries, il faut le mentionner ici pour être complet. Les gaz émis par les volcans proviennent des profondeurs de la terre et donc non initialement de l’air. Tout CO2 émis par l’activité volcanique contribue donc à son échelle au taux de CO2 dans l’air.

Mais ce charbon/calcaire/pétrole d’où vient-il ?

Le charbon, pétrole, gaz, provient de dépôts organiques d’il y a des millions d’années, d’une ère appelée à ce titre le carbonifère.

L’atmosphère était trente fois plus riche en CO2 qu’aujourd’hui. Les plantes poussaient beaucoup plus rapidement. Un jour, les plantes ont commencé à produire du bois. Il a fallu attendre des millions d’années avant que les micro-organismes puissent décomposer ce bois. Le bois s’est donc accumulé massivement et a fini par se retrouver enfouie sous les autres sédiments. Le charbon, le pétrole, sont le résultat de processus comme celui-ci, où des matières organiques se sont accumulés plus rapidement qu’ils n’ont pu être dégradés.

Sous la pression exercée par les couches géologiques, les matières organiques se sont transformées en roche (charbon) ou en pétrole/gaz.

Les plantes ont donc utilisé du CO2 atmosphérique et l’ont transformé en bois qui est donc sorti du cycle du carbone durant des dizaines voire des centaines de millions d’années. En surface, la vie s’est adaptée à des niveaux de CO2 plus faible et des températures moins hautes. L’être humain fait partie de cette vie-là : celle qui est adaptée à un taux de CO2 faible.

Et la conséquence du trop plein de CO2 ?

Si maintenant on commence à rejeter dans l’air tout le CO2 piégé depuis longtemps, on recrée en quelque sorte des conditions de vie d’il y a des centaines de millions d’années. Des conditions de vie pour lesquelles notre organisme n’est pas fait. Des conditions pour lesquelles notre société, notre civilisation n’est pas faite non plus.

Plus de CO2 signifie surtout un climat beaucoup plus chaud, type tropical avec ce qui va avec : cyclones, saisons humides, etc. Une très grande partie de notre civilisation n’est pas prête pour ça, ne serait-ce que pour les maisons européennes, qui ne sont pas prévues pour résister à un cyclone. Il en va donc bien au-delà de juste la température de l’air car tout le monde sera affecté.

Ça signifie aussi des océans plus chauds, et donc une montée de leur niveau. Sachant que 70 % des êtres humains vivent sur les littoraux, ça signifie qu’il faut délocaliser 5 milliards d’habitants (alors que c’est déjà une crise nationale quand il faut en déplacer 5 000 réfugiés et les accepter sur « notre » « territoire »).

Des océans plus chauds, signifie aussi des océans plus acides : l’eau chaude dissout nettement plus de CO2 que l’eau froide, et le CO2 dissout rend l’eau acide. La vie marine n’est pas adaptée à ça (les coraux ça parle à quelqu’un ?). Or c’est bien la vie végétale marine qui produit 70 % de l’oxygène qu’on respire.

Et puis, pas seulement la vie sera affectée : si les températures des océans change de trop, et en particulier si elle s’homogénéise et qu’il n’y a plus de pôles pour les refroidir et entretenir des différences de salinité, alors les courants marins vont changer voire s’arrêter et le climat européen si doux va devenir aussi froid que celui au Canada (qui est à la même latitude, je le rappelle, juste bien plus froid car non réchauffé par les océans).

L’eau en profondeur ne sera plus oxygénée : la vie anaérobique (sans oxygène) va se développer, et son produit de rejet à elle étant du H2S (au lieu du CO2), le taux de H2S va exploser. Ce gaz H2S, le sulfure d’hydrogène est juste mortel pour tous les êtres vivants qui ont besoin d’oxygène.

Tout ceci est déjà arrivé par le passé. On a appelé ça l’extinction permien-trias, qui a supprimé 95 % des espèces marines et 70 % des espèces terrestres.

Bien-sûr, la planète est toujours là et la vie s’en est remise. Mais les espèces individuelles, elles, ont pour la très grande majorité disparues. Éteintes. L’être humain est en train de s’infliger ça actuellement. Et rien n’indique que ça change, ni que ça va changer.

Et je ne suis pas ici en train de dire ce qu’il faut faire. Je dis simplement ce qui va arriver si on ne change rien.

image d’en-tête de Zbynek Burival

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