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We need to talk about your Github addiction

mercredi 22 février 2023 à 01:00

We need to talk about your Github addiction

Listen my fellow geeks in code, we need to have a serious conversation about Github.

At first, Github was only a convenient way to host a git repository and to collaborate with others. But, as always with monopolies, once you are trapped by convenience and the network effect, the shitification process starts to try to get as much money and data from you.

First of all, let’s remember that Github is a fully proprietary service. Using it to host the development of a free software makes no sense if you value freedom. It is not like we don’t have many alternatives available (sourcehut, codeberg, gitlab, etc). It should be noted that those alternatives usually offer a better workflow and a better git integration than Github. They usually make more sense but, I agree, it might be hard to change ten years of suboptimal habits imposed by the github workflow.

One thing that always annoyed me with Github is the "fun factor". Emojis appearing automatically in messages I’m trying to post, intrusive notifications about badges and followers I earned. Annoying, to say the least. (Am I the only one using ":" in a sentence without willing to make an emoji?)

But I discovered that Github is now pushing it even more in that direction: a feed full of random projects and people I don’t care about, notifications to get me to "discover" new projects and "follow" new persons. They don’t even try to pretend to be a professional platform anymore. It’s a pure attention-grabbing personal data extorting social networks. To add insult to injury, we now know that everything published on Github is mostly there to serve as training data for Microsoft AI engines.

Developers are now raw meat encouraged to get stars, followers and commit counters, doing the most stupid things in the most appealing way to get… visibility! Yeah! Engagement! Followers! Audience!

Good code is written when people are focused, thinking hard about a problem while having the time to grasp the big picture. Modern Github seems to be purposely built as a tool to avoid people thinking about what they do and discourage them from writing anything but a new JavaScript framework.

There’s no way I can morally keep an account on Github. I’ve migrated all of my own projects to Sourcehut (where I’ve a paid account) or to my university self-hosted gitlab.

But there are so many projects I care about still on Github. So many important free software. So many small projects where I might send an occasional bug report or even a patch. For the anecdote, on at least two different occasions, I didn’t send a patch I crafted for small projects because I didn’t know how to send it by mail and was not in the mood to deal with the Github workflow at that particular time.

By keeping your project on Github, you are encouraging new developers to sign up there, to create their own project there. Most importantly, you support the idea that all geeks/developers are somehow on Github, that it is a badge of pride to be there.

If you care about only one of software freedom, privacy, focus, sane market without monopoly or if you simply believe we don’t need even more bullshit in our lives, you should move your projects out of Github and advocate a similar migration to projects you care about. Thanks to git decentralisation, you could even provide an alternative/backup while keeping github for a while.

If you don’t have any idea where to go, that should be a red light in your brain about monopoly abuses. If you are a professional developer and using anything other than Github seems hard, it should be a triple red light warning.

And I’m not saying that because grumpy-old-beard-me wants to escape those instagramesque emojis. Well, not only that but, indeed, I don’t wanna know the next innovative engagement-fostering feature. Thanks.

The best time to leave Github was before it was acquired by Microsoft. The second-best time is now. Sooner or later, you will be forced out of Github like we, oldies, were forced out of Sourceforge. Better leaving while you are free to do it on your own terms…

As a writer and an engineer, I like to explore how technology impacts society. You can subscribe by email or by rss. I value privacy and never share your adress.

If you read French, you can support me by buying/sharing/reading my books and subscribing to my newsletter in French or RSS. I also develop Free Software.

Une boucle d’inspiration

lundi 20 février 2023 à 01:00

Une boucle d’inspiration

Parodie d’une expérience biologique improbable, les tasses s’empilaient dans un coin du bureau, chacune contenant un sachet de thé ayant atteint un degré différent de décomposition, de moisissure.

D’une gorgée sèche, l’auteur aspira le restant de la tasse encore tiède qu’il tenait à la main avant de l’empiler machinalement sur les cadavres de ses prédécesseuses. Nerveusement, il jouait avec une mèche de sa barbe, tentant d’ignorer l’écran de son ordinateur sur lequel clignotaient des messages.

« Rappel : on a besoin du texte de ta nouvelle pour aujourd’hui »

« Urgent : nouvelle aujourd’hui chez imprimeur »

« Urgent : appel téléphonique maintenant ? »

Il se retourna avec sa chaise de bureau et regarda par la fenêtre. Le fil était donc cassé ? Lui qui, depuis l’adolescence, croyait disposer d’un vivier infini d’histoires était pour la première fois de sa vie paralysé par la page blanche. Il n’y arrivait plus.

Un léger grattement se fit entendre à la porte. Il grogna.

— Quoi ?

— Tu n’irais pas prendre un peu l’air mon chéri ? Tu as une mine épouvantable.

— Je travaille, je dois terminer cette nouvelle.

— Et ça avance ?

Il détourna son regard en haussant les épaules

— Je suis juste calé sur le dernier passage. J’ai bientôt fini.

Elle n’insista pas et se retira en fermant la porte. L’auteur regarda sa montre. Pour remplir son obligation, il devait désormais produire une page par quart d’heure. Dans peu de temps, ce serait une page toutes les dix minutes.

Il y a à peine une grosse semaine, il se sentait à l’aise avec l’échéance. « Une page par jour, c’est faisable ! » avait-il pensé.

Mais rien. Le vide. Il avait passé ces dernières semaines obnubilé par les œuvres produites par des algorithmes, jouant avec les demandes, partageant et admirant les résultats les plus absurdes sur les réseaux sociaux.

Il avait d’ailleurs fait le vœu de ne jamais s’aider de tels outils. Après tout, il était écrivain. Il était un artisan fier de son travail.

Par contre, il pourrait… Mais oui !

Lançant son navigateur, il se rendit sur la page de son générateur d’images préféré et se mit à taper.

« Je suis écrivain de science-fiction. Voici en lien mon recueil de nouvelles précédent. Génère l’illustration d’une de mes nouvelles inédites. »

Il attendit quelques secondes.

Une image s’afficha. Celle d’un homme au visage passablement banal assis devant un laptop. Il tenait une tasse de thé et, en y prêtant attention, sa main droite avait au moins sept doigts. Son dos était légèrement tordu selon une courbe peu réaliste. L’écran de l’ordinateur était étrangement pentagonal.

L’auteur soupira. Ce n’est pas ce qu’il avait espéré. Son téléphone sonna. Il le mit en mode avion. Sa femme vint frapper à la porte de son bureau.

— C’est ton éditeur qui demande pourquoi tu ne réponds pas, dit-elle en tenant son propre téléphone contre son oreille.

— Dis-lui que je le rappelle dans une heure !

Elle transmit puis, masquant le haut-parleur.

— Il te donne une demi-heure.

— D’accord !

Une demi-heure. Trois minutes par page. Lui qui s’estimait productif lorsqu’il écrivait une page complète par jour.

Il soupira. Il s’était juré de ne pas… Non ! Ce n’était pas possible ! Mais il n’avait pas le choix.

Nouvel onglet dans le navigateur. Ses doigts tremblants se mirent à taper sur son clavier. L’adresse du site s’auto-compléta un peu trop facilement, comme lorsqu’un barman vous appelle par votre prénom et vous demande « comme d’habitude ? » avec l’objectif d’être sympathique mais ne faisant que souligner la trop grande fréquence avec laquelle vous fréquentez son établissement.

— Génère-moi une nouvelle inédite dans le genre de celle de mon recueil principal.

— Bonjour. Je suis un assistant AI. Il s’agit d’une requête explicite de création artistique. Je suis disposé à générer cette nouvelle mais celle-ci sera alors soumise au droit d’auteur et mes créateurs devront être notifiés. Dois-je continuer ?

— Non.

L’auteur se mit à réfléchir. Il glissa-déposa l’image précédemment générée vers la page du navigateur.

— Sur cette image, un écrivain est en train de taper une nouvelle.

— Oui, c’est à cela que ressemble l’image. C’est une belle image.

— C’est une nouvelle de science-fiction.

— D’accord, j’aime la science-fiction.

— J’aimerais que tu me donnes le texte de la nouvelle que cet écrivain est en train d’écrire.

La page mit quelques secondes à se charger puis les mots commencèrent à apparaitre à l’écran.

« Parodie d’une expérience biologique improbable, les tasses s’empilaient dans un coin du bureau, chacune contenant un sachet de thé ayant atteint un degré différent de décomposition, de moisissure. D’une gorgée sèche, l’auteur aspira le restant de la tasse encore tiède qu’il tenait à la main avant de l’empiler machinalement sur les cadavres de ses prédécesseuses. Nerveusement, il jouait avec une mèche de sa barbe, tentant d’ignorer l’écran de son ordinateur sur lequel clignotaient des messages. »

Cette nouvelle nouvelle étant nouvelle, elle ne fait donc pas partie de mon premier recueil « Stagiaire au spatioport Omega 3000 et autres joyeusetés que nous réserve le futur » qui est désormais disponible dans toutes les bonnes librairies. S’il se vend bien, mon éditeur me demandera certainement un second recueil dans lequel celle-ci pourra se glisser. Vous voyez certainement où je veux en venir… Autant faire un clin d’œil à une chauve-souris aveugle !

Ingénieur et écrivain, j’explore l’impact des technologies sur l’humain. Abonnez-vous à mes écrits en français par mail ou par rss. Pour mes écrits en anglais, abonnez-vous à la newsletter anglophone ou au flux RSS complet. Votre adresse n’est jamais partagée et effacée au désabonnement.

Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) ! Je viens justement de publier un recueil de nouvelles qui devrait vous faire rire et réfléchir.

Chez mon libraire…

jeudi 16 février 2023 à 01:00

Chez mon libraire…

Mon recueil de nouvelles « Stagiaire au spatioport Omega 3000 et autres joyeusetés que nous réserve le futur » est désormais, tout comme mon roman « Printeurs », disponible dans toutes les bonnes librairies de France, Suisse et Belgique.

Certains d’entre vous en ont d’ailleurs été témoins et m’ont très sympathiquement envoyé, par mail ou sur Mastodon, des photos de mes livres sur les présentoirs de leurs dealers préférés. Une initiative qui m’a fait incroyablement plaisir ! À tel point que je vous invite à continuer et, pourquoi pas, à le faire pour d’autres auteurs que vous aimez bien en les mentionnant et en ajoutant le hashtag #chezmonlibraire.

L’importance du libraire

Beaucoup d’entre nous, et surtout moi, se sont laissés attirés par les sirènes du tout-en-ligne, de la dématérialisation des services. Certains parmi vous ont tenté dès le début de tirer la sonnette d’alarme. Force est de constater qu’ils avaient amplement raison : c’était un leurre ! Maintenant que nous sommes prisonniers du tout puissant monopole d’Amazon, les livreurs sont soumis à des cadences infernales tandis que la qualité de nos bibliothèques tend à diminuer dangereusement. Loin de nous recommander, les algorithmes nous poussent essentiellement aux achats inutiles, s’appuyant sur d’autres algorithmes écrivant des recommandations factices. Le tout pour nous faire acquérir des livres qui sont, de plus en plus, écrits par des algorithmes.

C’est le phénomène de merdification, indispensable aux néomonopoles : après avoir attiré les utilisateurs en finançant des services à perte grâce à l’argent des investisseurs, il est temps de passer à la caisse et de rentabiliser en pourrissant autant que possible la vie des utilisateurs prisonniers.

Sur Amazon, cela passe par recommander les produits qui vont rapporter le plus de sous à Amazon. Notamment les livres autoédités souvent générés artificiellement.

L’idée est simple : lorsqu’un sujet est subitement à la mode, par exemple les blockchains, demander à un algorithme de rédiger un livre sur le sujet et le publier directement Amazon en utilisant les capacités de "print on demand". Le livre ne sera imprimé que lorsqu’il sera effectivement commandé. Après l’ère des fake-news, voici venu celui des fake-books. Notons qu’il n’a pas fallu attendre des algorithmes pour écrire ce genre de livres : des éditeurs peu scrupuleux ont, de tout temps, su tirer parti de la misère des écrivains pour leur faire rédiger à moindre prix des livres au titre alléchant, mais vides de contenu.

Devant le foisonnement, l’abondance des informations, une nouvelle ère s’ouvre à nous : l’ère du filtre. Nous avons besoin de construire des filtres qui nous préservent de l’agression informationnelle et sensorielle permanente.

Ces filtres existent. Ils sont humains.

Pour les livres, on les appelle les libraires ou les bibliothécaires.

Pour une personne très sensible comme moi, allergique aux centres commerciaux, les librairies et les bouquineries sont des oasis de calme et de bonheur au milieu des villes. J’aime bien fouiller, écouter les conseils. Mon portefeuille apprécie moins, mais, dans ces occasions, il n’a plus voix au chapitre.

Moi qui ne supporte pas la plupart des musiques populaires crachées par les enceintes connectées dans les parcs, les rues ou par les radios dans les magasins, je me ressource dans le silence des papiers froissés. Et, allez comprendre, lorsqu’une bouquinerie diffuse de la musique, c’est toujours de la bonne, de l’excellente musique !

Pour soutenir ce blog, allez chez votre libraire !

Ma ville a vu disparaitre coup sur coup deux bouquineries (remplacées par un commerce d’alimentation et un vendeur de sacs à main) et sa librairie principale. Cette perte m’a fait comprendre l’importance et la fragilité des petits commerces du livre (j’ai d’ailleurs dit à ma femme que le jour où Slumberland, mon fournisseur de bédés, ferme, on déménage ailleurs).

Si vous voulez soutenir ce blog, soutenir mon travail, je vous demande une chose : commandez, dans la mesure de vos moyens, mon livre dans une librairie, si possible indépendante.

Non seulement vous soutiendrez mon travail, mais vous soutiendrez également votre libraire et vous risquez de découvrir des livres imprévus. Ce faisant, vous attirerez l’attention du libraire sur mes livres ce qui lui permettra de potentiellement les recommander à d’autres.

Pour moi, soutenir son cerveau, les penseurs et créateurs se fait #chezmonlibraire.

Et lorsque ce n’est pas possible, je vous invite à préférer les librairies en ligne indépendantes.

La piste cachée

Je comprends parfaitement celles et ceux qui préfèrent la version électronique. C’est mon médium de choix pour les romans rapides comme Printeurs. Le livre papier reste cependant un bel objet à offrir.

Et puis, ce n’est pas que je veuille attiser votre curiosité, mais les acheteurs du livre papier de « Stagiaire au spatioport… » (oui, même moi je trouve ce titre trop long à taper) bénéficieront d’une surprise ! Car, à ma connaissance et s’il faut en croire Wikipédia, le livre serait le premier à disposer d’un morceau caché !

Je rassure les lecteurs électroniques : le morceau caché y est également présent. Il n’est juste pas caché, c’est moins rigolo.

PS: L’image d’illustration m’a été envoyée sympathiquement par un lecteur depuis la librairie de son quartier. Si vous m’avez envoyé ce genre de photos sur Mastodon, pourriez-vous les reposter avec le tag #chezmonlibraire ? Je découvre qu’il est impossible de retrouver des messages dans Mastodon si on ne les a pas bookmarkés…

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Modern AI and the end of privacy

mercredi 15 février 2023 à 01:00

Modern AI and the end of privacy

When you think about it, the gigacorps currently developing consumer-facing AI chatbots are also the same companies which are spying the most heavily on our private life.

Well, it’s obvious because every single company is now trying to spy on you as much as it can and gathering so much data that they can’t even handle it (no later than last week, I have asked to be removed from some shop databases, received a reply telling me that everything was erased yet I’m still receiving daily spam from them). Companies have so many data, duplicated in many backups, they don’t even know what to do with it.

And those data, sooner or later, will be used to train AI. In fact, they already were for years: look no further than reply suggestions from Gmail.

The first consequence is that AI chatbot will quickly start to argue with you, insult you or, why not, send you dick pics. Those are, after all, a huge part of written human communications.

But the terrifying part is probably that there’s no way to prevent leaks. Anybody using a trained chatbot will quickly find ways to ask if Alice and Bob were exchanging emails and what it was about. If Eve was sick or not.

Worst of all, most of it will probably be hallucinations: false data invented by the AI itself. But a few clickbait stories with real information leakage will be enough to cast a doubt that any answer by an AI "might be true".

Despite many warnings, we have offered total control of our lives to a few monopolies. Even if you were careful enough, public data about you are probably enough to "sounds mostly true". Most of your emails ended in a Gmail or Outlook inbox even if you don’t use those services yourself.

In my latest book, the short story "Le jour où la transparence se fit" is about the brutal and sudden disappearance of privacy. I’m glad the book is now in stores because, in a few months, it will probably not sound like science fiction any more…

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On Humans and Machines

samedi 11 février 2023 à 01:00

On Humans and Machines

In the ultimate form of marketing-capitalism, companies try to transform human workers into replaceable working machines and ask them to produce machines that should sound like they are humans.

To achieve that, they build machines that learn from humans.

While humans believe that, in order to gain success, they need to act like machines acting like humans. That’s because the success is defined by some counters created by the machines. The machines, themselves, are now learning from machines that act like humans instead of learning from humans.

So, in the end, we have humans acting like "machines learning from machines acting like humans" built by humans actings like machines.

That’s make "being human" really confusing. Hopefully I don’t need to think about what "being a machine" means.

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