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Un librecours pour mieux contribuer à la culture libre

mercredi 25 mars 2020 à 13:25

C’est aujourd’hui que s’ouvrent les inscriptions au librecours « Libre Culture » pour se former aux enjeux et mécaniques des licences libres sur les œuvres culturelles. Ça tombe plutôt bien puisqu’une partie d’entre nous se demandent comment ne pas s’ennuyer en cette période de confinement ;-). Nous ne résistons pas à l’occasion de vous présenter ces librescours, dont celui-ci est l’un des premiers d’une liste que nous espérons longue et prospère !

Prendre part à la culture libre, celle du partage

Si l’on va chercher dans les principes fondateurs d’Internet, à l’époque où des scientifiques mettent en place les réseaux pour échanger et se partager leurs travaux, il y a la notion de partage du savoir qui s’enrichit lorsqu’il est diffusé librement. Ce n’est donc pas une notion nouvelle, et nombre d’artistes et créatrices clament qu’elles se hissent sur les épaules des géants, qu’ils ont été influencés par toute une culture reposant sur les œuvres de l’esprit d’artistes qui les ont précédés.

 

Cette culture du partage, dans le monde numérique, s’est retrouvée dans la culture libre. Car le logiciel libre ne se résume pas à une manière efficace, transparente et collaborative de produire du code. Non, ça, c’est l’open-source. Le logiciel libre offre, en plus de l’open-source, une éthique. Il propose une vision de la société, de la place du code et des personnes qui le créent dans cette société.

Car ce n’est pas le logiciel qui est libre, ce n’est pas l’œuvre qui est libre : c’est nous, les humains qui le sommes.

 

La culture du Libre repose sur les licences libres

Grâce à la démocratisation de l’outil numérique, nous avons assisté à la diffusion des outils de production des œuvres de l’esprit (écrits, images, sons, vidéos, code…), à la popularisation des savoirs-faire anciens et nouveaux (telles que les pratiques du remix, du mash-up, des mèmes), et à la venue de nombreux outils pour diffuser nos créations.

Participer à notre culture commune n’est plus réservé à une élite bien née. Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux à pouvoir apporter notre pierre à l’édifice culturel commun. Combien de vidéastes à succès utilisent des sons, musiques, et polices d’écriture libres, tout en partant du savoir libre de Wikipédia pour leurs recherches ? Ce n’est là qu’un exemple du foisonnement vertueux de la culture libre.

Capture d’écran d’une question lors d’un exercice du librecours Libre Culture

Chez Framasoft, nous pensons qu’il est important que toutes ces œuvres de l’esprit qui naissent ou vont naître puissent, à leur tour, prendre leur place dans la culture libre. Pour cela, nous souhaitons offrir à toute les personnes qui vont les créer, les utiliser, les modifier, les étudier, les diffuser, etc. les clés de cette culture, qui repose sur un outil à la fois juridique et symbolique : les licences libres.

Au fond, c’est quoi, ces « licences libres » ? Pourquoi est-ce qu’elles seraient importantes ? Est-ce qu’elles ne vont pas me léser en tant qu’autrice ? En tant que lecteur ? Que vidéaste ? Que bibliothécaire ? Elles s’appliquent pareil aux logiciels et aux vidéos ? Aux musiques ? Aux livres ? Aux jeux vidéo ? Qu’est-ce que je peux partager légalement et comment savoir si je suis hors-la-loi ? Et comment fait-on pour s’y retrouver, dans tout ça ?

 

Inscrivez-vous au deux premières sessions du librecours sur la Culture Libre

Dans la lignée du MOOC CHATONS, nous vous proposons cette fois-ci un librecours pour acquérir les clés de la culture libre. Que vous soyez créateur, prescriptrice, spectateur, étudiante, ou tout ça à la fois, ce cours vous permettra de savoir comment exploiter un contenu culturel en ligne et diffuser les vôtres.

Présentation du librecours Libre Culture

Et à contexte exceptionnel, mesures exceptionnelles, il a été décidé d’ouvrir deux sessions de ce librecours afin de permettre à celles et ceux d’entre nous qui ont davantage de temps dans les jours à venir de pouvoir le terminer plus rapidement.

Ces deux sessions débuteront le lundi 6 avril 2020.

Le suivi des apprenant·es étant encadré, les places sont limitées aux 10 premières personnes pour la session LCIII (3 semaines) et aux 20 premières pour la session LCVI (6 semaines). Inscrivez-vous sur le site librecours et sur l’équipe Mattermost prévue à cet effet.

Alors c’est certain, tout le monde ne pourra pas profiter de ces deux premières sessions : leur encadrement sera assuré par nos bénévoles, Stéphane (auteur de Traces, un roman libre publié chez Framabook) en tête.

Nous voulons, encore une fois, commencer modestement, pour apprendre de cette expérience et faire un nouveau pas vers cette idée d’Université Populaire du Libre, Ouverte, Autonome et Décentralisée qu’est le projet UPLOAD, une des actions de notre feuille de route Contributopia.

À vous de participer à cette aventure pour mieux prendre votre place dans la Culture du Libre en vous inscrivant à ce librecours !

 

Pour aller plus loin

Découvrir le programme du librecours Culture Libre

S’inscrire avant le dimanche 5 avril 2020 (dans la mesure des places disponibles)

Khrys’presso du lundi 23 mars 2020

lundi 23 mars 2020 à 07:42

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.

Brave New World

Spécial France et Coronavirus

Spécial Coronavirus – pistes et traitements

Spécial mauvaise gestion et casse des hôpitaux

Spécial “guerre”

Spécial inégalités (et travail forcé)

Spécial « ça cloche »

Spécial résistance

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Ouh là, corona-lungo cette semaine ! - la personne de droite répond : Ouais, je me sens un peu débordée, là... pas eu trop le temps de faire le tri
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.

Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).

L’Internet pendant le confinement

samedi 21 mars 2020 à 15:51

On parle beaucoup en ce moment d’une « saturation des réseaux », de « risques pour l’Internet », qui justifieraient des mesures autoritaires et discriminatoires, par exemple le blocage ou le ralentissement de Netflix, pour laisser de la place au « trafic sérieux ». Que se passe-t-il exactement et qu’y a-t-il derrière les articles sensationnalistes ?

La France, ainsi que de nombreux autres pays, est confinée chez elle depuis plusieurs jours, et sans doute encore pour plusieurs semaines. La durée exacte dépendra de l’évolution de l’épidémie de COVID-19. Certains travailleurs télétravaillent, les enfants étudient à la maison, et la dépendance de toutes ces activités à l’Internet a suscité quelques inquiétudes.

On a vu des médias, ou des dirigeants politiques comme Thierry Breton, réclamer des mesures de limitation du trafic, par exemple pour les services vidéo comme Netflix. Les utilisateurs qui ont constaté des lenteurs d’accès à certains sites, ou des messages d’erreur du genre « temps de réponse dépassé » peuvent se dire que ces mesures seraient justifiées. Mais les choses sont plus compliquées que cela, et il va falloir expliquer un peu le fonctionnement de l’Internet pour comprendre.

Copie d'écran du site du CNED, montrant un message d'erreur

Le site Web du CNED, inaccessible en raison des nombreux accès (mais le réseau qui y mène marchait parfaitement à ce moment).

Réseaux et services

D’abord, il faut différencier l’Internet et les services qui y sont connectés. Si un élève ou un enseignant essaie de se connecter au site du CNED (Centre National d’Enseignement à Distance) et qu’il récupère un message avec une  « HTTP error 503 », cela n’a rien à voir avec l’Internet, et supprimer Netflix n’y changera rien : c’est le site Web au bout qui est surchargé d’activité, le réseau qui mène à ce site n’a pas de problème. Or, ce genre de problèmes (site Web saturé) est responsable de la plupart des frustrations ressenties par les utilisateurs et utilisatrices. Résumer ces problèmes de connexion avec un « l’Internet est surchargé » est très approximatif et ne va pas aider à trouver des solutions aux problèmes. Pour résumer, les tuyaux de l’Internet vont bien, ce sont certains sites Web qui faiblissent. Ou, dit autrement, « Dire que l’Internet est saturé, c’est comme si vous cherchez à louer un appartement à la Grande Motte au mois d’août et que tout est déjà pris, du coup vous accusez l’A7 d’être surchargée et demandez aux camions de ne pas rouler. »

On peut se demander pourquoi certains services sur le Web plantent sous la charge (ceux de l’Éducation Nationale, par exemple) et d’autres pas (YouTube, PornHub, Wikipédia). Il y a évidemment de nombreuses raisons à cela et on ne peut pas faire un diagnostic détaillé pour chaque cas. Mais il faut noter que beaucoup de sites Web sont mal conçus. L’écroulement sous la charge n’est pas une fatalité. On sait faire des sites Web qui résistent. Je ne dis pas que c’est facile, ou bon marché, mais il ne faut pas non plus baisser les bras en considérant que ces problèmes sont inévitables, une sorte de loi de la nature contre laquelle il ne servirait à rien de se révolter. Déjà, tout dépend de la conception du service. S’il s’agit de distribuer des fichiers statiques (des fichiers qui ne changent pas, comme des ressources pédagogiques ou comme la fameuse attestation de circulation), il n’y a pas besoin de faire un site Web dynamique (où toutes les pages sont calculées à chaque requête). Servir des fichiers statiques, dont le contenu ne varie pas, est quelque chose que les serveurs savent très bien faire, et très vite. D’autant plus qu’en plus du Web, on dispose de protocoles (de techniques réseau) spécialement conçus pour la distribution efficace, en pair-à-pair, directement entre les machines des utilisateurs, de fichiers très populaires. C’est le cas par exemple de BitTorrent. S’il a permis de distribuer tous les épisodes de Game of Thrones à chaque sortie, il aurait permis de distribuer facilement l’attestation de sortie ! Même quand on a du contenu dynamique, par exemple parce que chaque page est différente selon l’utilisateur, les auteurs de sites Web compétents savent faire des sites qui tiennent la charge.

Mais alors, si on sait faire, pourquoi est-ce que ce n’est pas fait ? Là encore, il y a évidemment de nombreuses raisons. Il faut savoir que trouver des développeurs compétents est difficile, et que beaucoup de sites Web sont « bricolés », par des gens qui ne mesurent pas les conséquences de leurs choix techniques, notamment en termes de résistance à la charge. En outre, les grosses institutions comme l’Éducation Nationale ne développent pas forcément en interne, elles sous-traitent à des ESN et toute personne qui a travaillé dans l’informatique ces trente dernières années sait qu’on trouve de tout, et pas forcément du bon, dans ces ESN. Le « développeur PHP senior » qu’on a vendu au client se révèle parfois ne pas être si senior que ça. Le développement, dans le monde réel, ressemble souvent aux aventures de Dilbert. Le problème est aggravé dans le secteur public par le recours aux marchés publics, qui sélectionnent, non pas les plus compétents, mais les entreprises spécialisées dans la réponse aux appels d’offre (une compétence assez distincte de celle du développement informatique). Une petite entreprise pointue techniquement n’a aucune chance d’être sélectionnée.

D’autre part, les exigences de la propriété intellectuelle peuvent aller contre celles de la technique. Ainsi, si BitTorrent n’est pas utilisé pour distribuer des fichiers d’intérêt général, c’est probablement en grande partie parce que ce protocole a été diabolisé par l’industrie du divertissement. « C’est du pair-à-pair, c’est un outil de pirates qui tue la création ! » Autre exemple, la recopie des fichiers importants en plusieurs endroits, pour augmenter les chances que leur distribution résiste à une charge importante, est parfois explicitement refusée par certains organismes comme le CNED, au nom de la propriété intellectuelle.

Compter le trafic réseau

Bon, donc, les services sur le Web sont parfois fragiles, en raison de mauvais choix faits par leurs auteurs, et de réalisations imparfaites. Mais les tuyaux, eux, ils sont saturés ou pas ? De manière surprenante, il n’est pas facile de répondre à cette question. L’Internet n’est pas un endroit unique, c’est un ensemble de réseaux, eux-mêmes composés de nombreux liens. Certains de ces liens ont vu une augmentation du trafic, d’autres pas. La capacité réseau disponible va dépendre de plusieurs liens (tous ceux entre vous et le service auquel vous accédez). Mais ce n’est pas parce que le WiFi chez vous est saturé que tout l’Internet va mal ! Actuellement, les liens qui souffrent le plus sont sans doute les liens entre les FAI (Fournisseurs d’Accès Internet) et les services de vidéo comme Netflix. (Si vous voyez le terme d’appairage – peering, en anglais – c’est à ces liens que cela fait allusion.) Mais cela n’affecte pas la totalité du trafic, uniquement celui qui passe par les liens très utilisés. La plupart des FAI ne fournissent malheureusement pas de données publiques sur le débit dans leurs réseaux, mais certains organismes d’infrastructure de l’Internet le font. C’est le cas du France-IX, le principal point d’échange français, dont les statistiques publiques ne montrent qu’une faible augmentation du trafic. Même chose chez son équivalent allemand, le DE-CIX. (Mais rappelez-vous qu’à d’autres endroits, la situation peut être plus sérieuse.) Les discussions sur les forums d’opérateurs réseau, comme le FRnog en France, ne montrent pas d’inquiétude particulière.

Graphique montrant le trafic du France-IX

Le trafic total au point d’échange France-IX depuis un mois. Le début du confinement, le 17 mars, se voit à peine.

Statistiques du FAI FDN

Le trafic des clients ADSL du FAI (Fournisseur d’Accès Internet) FDN depuis un mois. L’effet du confinement est visible dans les derniers jours, à droite, mais pas spectaculaire.

Mais pourquoi est-ce qu’il n’y a pas d’augmentation massive et généralisée du trafic, alors qu’il y a beaucoup plus de gens qui travaillent depuis chez eux ? C’est en partie parce que, lorsque les gens travaillaient dans les locaux de l’entreprise, ils utilisaient déjà l’Internet. Si on consulte un site Web pour le travail, qu’on le fasse à la maison ou au bureau ne change pas grand-chose. De même, les vidéo-conférences (et même audio), très consommatrices de capacité du réseau, se faisaient déjà au bureau (si vous comprenez l’anglais, je vous recommande cette hilarante vidéo sur la réalité des « conf calls  »). Il y a donc accroissement du trafic total (mais difficile à quantifier, pour les raisons exposées plus haut), mais pas forcément dans les proportions qu’on pourrait croire. Il y a les enfants qui consomment de la capacité réseau à la maison dans la journée, ce qu’ils ne faisaient pas à l’école, davantage de réunions à distance, etc., mais il n’y a pas de bouleversement complet des usages.

Votre usage de l’Internet est-il essentiel ?

Mais qu’est-ce qui fait que des gens importants, comme Thierry Breton, cité plus haut, tapent sur Netflix, YouTube et les autres, et exigent qu’on limite leur activité ? Cela n’a rien à voir avec la surcharge des réseaux et tout à voir avec la question de la neutralité de l’Internet. La neutralité des réseaux, c’est l’idée que l’opérateur réseau ne doit pas décider à la place des utilisateurs ce qui est bon pour eux. Quand vous prenez l’autoroute, la société d’autoroute ne vous demande pas si vous partez en week-end, ou bien s’il s’agit d’un déplacement professionnel, et n’essaie pas d’évaluer si ce déplacement est justifié. Cela doit être pareil pour l’Internet. Or, certains opérateurs de télécommunications rejettent ce principe de neutralité depuis longtemps, et font régulièrement du lobbying pour demander la possibilité de trier, d’évaluer ce qu’ils considèrent comme important et le reste. Leur cible favorite, ce sont justement les plate-formes comme Netflix, dont ils demandent qu’elles les paient pour être accessible par leur réseau. Et certaines autorités politiques sont d’accord, regrettant le bon vieux temps de la chaîne de télévision unique, et voulant un Internet qu’ils contrôlent. Le confinement est juste une occasion de relancer cette campagne.

Mais, penserez-vous peut-être, on ne peut pas nier qu’il y a des usages plus importants que d’autres, non ? Une vidéo-conférence professionnelle est certainement plus utile que de regarder une série sur Netflix, n’est-ce pas ? D’abord, ce n’est pas toujours vrai : de nombreuses entreprises, et, au sein d’une entreprise, de nombreux employés font un travail sans utilité sociale (et parfois négatif pour la société) : ce n’est pas parce qu’une activité rapporte de l’argent qu’elle est forcément bénéfique pour la collectivité ! Vous n’êtes pas d’accord avec moi ? Je vous comprends, car, justement, la raison principale pour laquelle la neutralité de l’Internet est quelque chose de crucial est que les gens ne sont pas d’accord sur ce qui est essentiel. La neutralité du réseau est une forme de laïcité : comme on n’aura pas de consensus, au moins, il faut trouver un mécanisme qui permette de respecter les choix. Je pense que les Jeux Olympiques sont un scandaleux gaspillage, et un exemple typique des horreurs du sport-spectacle. Un autre citoyen n’est pas d’accord et il trouve que les séries que je regarde sur Netflix sont idiotes. La neutralité du réseau, c’est reconnaître qu’on ne tranchera jamais entre ces deux points de vue. Car, si on abandonnait la neutralité, on aurait un problème encore plus difficile : qui va décider ? Qui va choisir de brider ou pas les matches de foot ? Les vidéos de chatons ? La vidéo-conférence ?

D’autant plus que l’Internet est complexe, et qu’on ne peut pas demander à un routeur de décider si tel ou tel contenu est essentiel. J’ai vu plusieurs personnes citer YouTube comme exemple de service non-essentiel. Or, contrairement à Netflix ou PornHub, YouTube ne sert pas qu’au divertissement, ce service héberge de nombreuses vidéos éducatives ou de formation, les enseignants indiquent des vidéos YouTube à leurs élèves, des salariés se forment sur YouTube. Pas question donc de brider systématiquement cette plate-forme. (Il faut aussi dire que le maintien d’un bon moral est crucial, quand on est confiné à la maison, et que les services dits « de divertissement » sont cruciaux. Si vous me dites que non, je vous propose d’être confiné dans une petite HLM avec quatre enfants de 3 à 14 ans.)

À l’heure où j’écris, Netflix et YouTube ont annoncé une dégradation délibérée de leur service, pour répondre aux injonctions des autorités.  On a vu que les réseaux sont loin de la saturation et cette mesure ne servira donc à rien. Je pense que ces plate-formes essaient simplement de limiter les dommages en termes d’image liés à l’actuelle campagne de presse contre la neutralité.

Conclusion

J’ai dit que l’Internet n’était pas du tout proche d’un écroulement ou d’une saturation. Mais cela ne veut pas dire qu’on puisse gaspiller bêtement cette utile ressource. Je vais donc donner deux conseils pratiques pour limiter le débit sur le réseau :

Que va-t-il se passer dans les jours à venir ? C’est évidemment impossible à dire. Rappelons-nous simplement que, pour l’instant, rien n’indique une catastrophe à venir, et il n’y a donc aucune raison valable de prendre des mesures autoritaires pour brider tel ou tel service.

Quelques lectures supplémentaires sur ce sujet :

Framaconfinement Jour 03 – La journée des petits trucs

vendredi 20 mars 2020 à 07:56

L’association Framasoft tient à partager, même de manière irrégulière et foutraque, le résumé de ce qu’il se passe lorsqu’on héberge des outils d’échange et de collaboration en ligne en pleine période de confinement.

Ce journal, nous l’écrivons pour lever un coin de voile sur Framasoft, mais aussi pour nous, parce que ça nous fait du bien. Ne vous attendez donc pas à ce que tous les éléments de contextes vous soient systématiquement donnés, on livrera les choses comme elles viennent, plus cathartiquement que pédagogiquement.

L’accès à l’ensemble de articles : https://framablog.org/category/framasoft/framaconfinement/

Voici notre journée d’hier vue par Angie.

Je suis impressionnée de me retrouver à rédiger le texte de ce journal, car contrairement à Pouhiou et Pyg qui ont le verbe (et la langue) bien pendus, ça m’a toujours demandé de prendre beaucoup sur moi-même pour écrire (du moins dans l’optique d’être publiée). Mais à contexte exceptionnel, mesures exceptionnelles. Je me mets donc un grand coup de pied au derrière pour vous raconter notre journée d’hier. Cet article sera sûrement plus court que les deux premiers billets (vous allez me dire : tant mieux !) car ma plume est plus concise que celle de mes chers collègues. De plus, n’ayant pas une formation informatique (même si bon, je ne suis pas complètement nulle en la matière), je suis parfois bien incapable d’expliquer ce que font mes collègues de l’équipe technique : c’est un peu du charabia pour moi tous ces gros mots ! Mais je me lance quand même !

« Faire court » … ? Ouiiiii, on sait faire, à Framasoft. C’est même une spécialité locale !

La journée des petits trucs

Cette troisième journée de confinement a donné à une partie d’entre nous, une drôle de sensation. Comme me le disait ce matin Pouhiou, « la journée d’hier c’était pour moi plein de petits trucs qui ne donnent pas l’impression d’en avoir fait un gros » et SpF qui ajoute « Perso, j’ai pas eu l’impression d’avoir fait grand-chose alors que je n’ai pas manqué de travail » . Et pyg d’ajouter : « je n’ai pas eu l’impression d’être hyper efficace, mais au final, c’était une « bonne » journée » . Moi aussi, j’ai eu cette sensation d’éparpillement, de multiplier de toutes petites activités, sans vraiment m’arrêter durablement sur l’une plutôt que l’autre, un peu comme une abeille butinant de fleur en fleur. J’ai eu plusieurs fois dans ma journée l’impression que ce que je faisais n’était peut-être pas la priorité. Mais il m’était vraiment difficile d’établir des priorités dans cette masse de petites tâches, alors j’ai fait au mieux. Souvent, on ne voit pas à quel point régler les petits trucs peut être efficace et avoir de l’effet. Ça ne laisse pas le sentiment de satisfaction du travail bien fait, mais en prenant du recul, on s’aperçoit que toutes ces petites actions nous ont permis de pas mal avancer.

Je me suis donc demandée comment vous raconter cette multitude de petites activités sans tomber dans la liste sans fin. Mais comme ce quatrième jour de confinement arrive déjà à sa fin, je me suis dis qu’il ne fallait pas que je me prenne trop la tête non plus et que finalement, j’allais juste vous raconter tout cela le plus simplement possible.

Même pas peur.

Commençons donc par ce qui prend le plus d’énergie à l’association actuellement : le maintien et le renforcement de nos services. Dès mardi, Luc a migré semestriel.framapad.org vers un nouveau serveur pour accueillir les pads semestriels de notre service Framapad et ainsi laisser davantage de place à mensuel.framapad.org sur un serveur dédié. Dorénavant, lorsque vous créez un pad public sur https://framapad.org/, nous vous permettons de créer ce pad sur une instance du logiciel Etherpad qui n’est pas hébergée chez nous. C’est transparent pour vous, mais ça nous permet de reporter la charge entre plusieurs structures. Tcit ajoute chaque jour de nouvelles instances à la liste de celles vers lesquelles vous êtes redirigé⋅es lors de la création d’un nouveau pad. Vous pouvez ainsi consulter la liste de ces partenaires sur https://framapad.org/fr/info. Nous en profitons pour remercier toutes les structures et individus qui nous permettent d’utiliser leurs services. C’est beau et rassurant de voir une telle entraide !

Chocobozzz et Luc ont travaillé à l’amélioration des performances de MyPads, le service qui permet la création de dossiers de pads par utilisateur⋅ice, illimités et partageables. En effet, depuis lundi, vous êtes très nombreu⋅ses à utiliser ce service et il a rencontré quelques soucis. Luc a donc installé une nouvelle instance de ce service sur nos serveurs et nous proposons dorénavant 2 instances de MyPads :

Nous incitons les nouveaux utilisateur⋅ices à se créer un compte sur la nouvelle instance plutôt que sur l’instance historique, sauf dans quelques cas :

 

Notez qu’il s’agit là d’un autoportrait, vu que ce meme a été généré par Framasky.

Notre service de conversation audio / vidéo Framatalk a lui aussi vu débarquer en masse de nouveaux utilisateur⋅ices. Tout comme pour notre service Framapad, nous avons fait appel à la communauté des hébergeurs de services en ligne afin de pouvoir vous renvoyer sur leurs instances du logiciel Jitsi. Vous pouvez ainsi consulter la liste de ces partenaires sur https://framatalk.org/accueil/fr/info. Nous remercions à nouveau toutes les structures et individus qui nous permettent de renvoyer vers leurs services.

Chocobozzz a passé une partie de sa journée à débuguer Framacalc, notre instance du logiciel Ethercalc, qui permet la réalisation de feuilles de calculs de manière collaborative. Luc, parce qu’il avait, dès mardi, installé et configuré un serveur Mumble pouvant accueillir 1200 personnes en temps réel (nous en avons fait l’annonce tout récemment), a aussi mis le nez dans la documentation Mumble qu’avait rédigée SpF pour y ajouter quelques éléments.

Pour Théo, notre stagiaire sur Framaforms, c’était une bonne journée puisqu’il a enfin pu résoudre les erreurs de mail de confirmation qu’il rencontrait sur ce service (ne me demandez pas de quoi il s’agit, je n’en ai aucune idée). Ça faisait plusieurs jours qu’il galérait dessus et ça a un peu été la délivrance pour lui que de résoudre ce problème. Ça a même fait danser SpF (pour qui c’est aussi un soulagement au niveau support) :

Pyg a, comme chaque jour, coordonné les activités de l’ensemble de l’équipe salariée et des membres bénévoles. Pour cela, on utilise principalement le logiciel Mattermost, un service de discussion instantanée conçu comme un chat interne. Ces derniers jours, les échanges ont été bien plus nombreux dans les différents canaux de discussion de cet outil. Lire l’ensemble des conversations et y répondre, ça prend sacrément du temps dans une journée.

Mais ça ne l’a pas empêché de :

Pouhiou a animé toute la journée notre présence sur les différents médias sociaux en y diffusant de nouvelles publications, en partageant des informations et en répondant à celleux qui nous posent des questions ou qui réagissent à nos publications. Hier, l’un de nos tweets a été repartagé plus de 2000 fois. Pouhiou faisait le constat que sur Twitter, nos tweets les plus repartagés sont ceux où l’on exprime notre mécontentement face aux pratiques des géants du web et/ou débordements de propriété intellectuelle. Alors que lorsqu’on publie des contenus positifs, ils sont moins repartagés. On le sait, Twitter est le lieu d’expression de l’indignation et de la colère. Mais on a là la confirmation que les algorithmes de cet outil mettent davantage en valeur des contenus qui vont nous faire réagir.

Pouhiou s’est aussi chargé de la mise en forme et de la publication sur notre blog de l’article Framaconfinement Jour 02 – Prendre la mesure rédigé par pyg. Pour illustrer cet article, il a fait un appel à l’ensemble des membres de l’association afin de produire des mèmes. Ah, ça quand il s’agit de créer des mèmes, on a des spécialistes dans l’asso ! Les mèmes sont arrivés en pagaille et il en a sélectionné quelques-uns pour les inclure dans l’article.

Nous, on fait les deux.

Et en vrac, il a aussi fait tout cela dans sa journée :

AnMarie a continué ses activités habituelles en cette troisième journée de confinement, alors que nous savons qu’elle ne vit pas très bien le fait de télétravailler. Tout en répondant aux tickets de support concernant les dons, elle a fait de la saisie dans notre logiciel de comptabilité. Elle s’est aussi occupée de prendre des abonnements à deux nouveaux médias pour l’association : Le Monde et Médiapart. En effet, on en parlait depuis plusieurs mois de cette nécessité pour nos pratiques de veille de s’abonner à ces deux titres, sachant que nous avons déjà de longue date un abonnement à NextINpact. C’est dorénavant chose faite grâce à elle. Nous n’avons dorénavant plus aucune raison de ne pas être informé⋅es ;)

Hier, SpF est revenu à une activité plus habituelle que les jours précédents. Il a répondu aux tickets de demande de support et répondu aux nombreuses publications sur notre forum. Il est épaulé dans cette tâche par une partie de l’équipe salariée (coucou Tcit, Pouhiou et Théo) ainsi que par plusieurs membres bénévoles de l’association (coucou Gavy, Fred, lamessen, fat115 et celleux que j’oublie). Et comme me le disait SpF, répondre aux demandes, c’est vivre beaucoup d’émotions dans une même journée : entre les messages de remerciements qui vont droit au cœur, les messages de personnes qui sont complètement perdues et qu’il faut accompagner au cas par cas et les messages de celleux qui nous insultent, c’est un peu le yoyo émotionnel. D’où l’intérêt pour l’ensemble de l’association de se soutenir au quotidien !

Notez bien que les mots gentils sont plus nombreux que les râleries des facheuxses.

Quant à ma troisième journée de confinement, elle a été bien morcelée. J’ai continué tout au long de la journée à coordonner l’animation du CHATONS en prenant connaissance des échanges se déroulant sur notre forum, en échangeant directement avec certaines structures ayant des besoins spécifiques, en créant de nouvelles pages recensant sur le wiki les instances des outils les plus utiles au télétravail et en animant les comptes du collectif sur les médias sociaux. J’ai proposé la tenue d’une réunion spéciale pour les membres du collectif afin de définir la stratégie du collectif durant cette période. J’ai aussi passé un peu de temps sur la rédaction et la mise en forme de l’article Une mobilisation citoyenne pour la continuité pédagogique en lien avec le collectif Continuité Pédagogique. J’ai pris connaissance des articles et informations transmises par les membres de l’association. Et en fin de journée, j’ai rédigé les textes d’explications qui apparaissent sur nos instances MyPads en lien avec l’équipe technique. Au final, la journée était encore bien remplie.

Le monde a changé. — Pyg, hier, 2020

Mais ce que je voulais souligner, alors même que dans les circonstances habituelles je ne suis pas en télétravail, c’est que je ne me suis jamais aussi sentie en lien avec les membres de l’association. C’est un paradoxe assez intéressant que d’être confinée seule dans mon appartement lyonnais, de travailler seule face à mes écrans toute la journée et de me dire chaque soir que je n’ai pas eu une seule fois dans ma journée la sensation d’être seule.

Mumble Framatalk : un serveur pour parler à plusieurs

jeudi 19 mars 2020 à 17:58

Dans cette situation exceptionnelle, nous venons d’ouvrir un serveur Mumble, qui vous permettra de créer des audioconférences. Dans bien des cas, cette solution est plus efficace.

N’ensemençons pas les Discord

Nos services de vidéo-conférence se sont fait prendre d’assaut. Aujourd’hui la page d’accueil Framatalk ne vous crée plus un salon de vidéo-conf sur nos serveurs, mais sur un des serveurs (dont les nôtres) de toute une liste d’hébergeurs éthiques qui contribuent à un effort commun.

Par exemple, ici, votre salon sera créé sur l’instance DEVLOPROG.org (et merci pour l’entraide !)

Chez Framasoft nous avons des années d’expérience de télétravail et de collaboration à distance. Nous en sommes persuadé·es : la visio conférence ne doit pas être un réflexe, et dans de nombreux cas c’est un mauvais réflexe.

Si vous êtes plus de 10, si vous n’avez pas d’écran à partager, si vous n’avez pas besoin de la proximité humaine de regarder un·e proche dans les yeux… Bien souvent une audio-conférence suffit amplement, et marche bien mieux.

Il suffit de voir la communauté des gamers : les fans de jeux vidéos ont massivement adopté l’outil propriétaire Discord. Discord un outil de tchat et d’audio-conférence, certes, mais malheureusement propriétaire et prédateur de vos données et comportements.

Le Mumble Framatalk est désormais à votre service

Luc, notre administrateur système tout terrain, vient donc de mettre en place le logiciel libre d’audio conférence Mumble sur un serveur qui techniquement pourrait accueillir jusqu’à 6500 personnes en même temps — et non 1200 comme annoncé précédemment — (et toujours sans rien capter de vos données).

Mumble, c’est un vétéran du logiciel libre. Si vous êtes habitué·es à Discord ça va vous faire bizarre : Mumble n’a pas les mêmes moyens ni la même ergonomie…

Mais c’est un peu comme une 4L : c’est pas le plus joli ni le plus confortable, par contre c’est d’une fiabilité qui confine à l’increvable ;) .

Attention, nous pensons que notre serveur ne peut accueillir « que » 6500 personnes en même temps, mais pas plus, hein…

Pour vos audio-conférences, suivez le guide !

Spf vous a préparé un tutoriel aux petits oignons, illustré à foison, qu’il faut absolument aller lire si vous voulez utiliser cet outil.

En résumé, vous devrez :

  1. Vous équiper d’un micro-casque (sinon les autres vont souffrir) ;
  2. Télécharger et installer Mumble (ou Plumble pour Android, ou Mumble pour iOS)
  3. Configurer votre touche pour le push-to-talk, afin que votre micro ne se déclenche que lorsque vous appuierez sur un bouton (l’ergonomie vous rappellera les ordinateurs de votre enfance ;) ) ;
  4. Ajouter le serveur mumble.framatalk.org dans votre logiciel Mumble (si vous avez le logiciel, vous pouvez simplement cliquer ici) ;
  5. Créer un salon pour vous et vos interlocuteur·ices (ou rejoindre le salon qu’on vous a communiqué) de préférence avec un mot de passe, sinon n’importe quel inconnu pourra se joindre à la discussion

Et si vous avez un souci, n’oubliez pas qu’il y a notre forum d’entraide pour y poser vos questions et trouver des bénévoles bienveillant·es qui vous accompagneront !

D’ailleurs, ne dit-t-on pas « sexy comme une interface Mumble » ?
Image CC-0 Davide Beatrici pour Wikimedia Commons

Gardez le contact

Nous espérons que ce nouvel outil, installé exceptionnellement pendant cette période de crise sanitaire, permettra au plus grand nombre d’entre vous de rompre l’isolement, de garder le lien avec des proches et de poursuivre certaines de vos actions associatives, familiales, coopératives.

La technologie, ce n’est qu’un outil au service de quelque chose de bien plus important : prendre soin les un·es des autres.

Alors prenez soin de vous.

Prendre soin.

Pour aller plus loin :