Site original : Framablog
Nous avons moins de 60 jours pour financer Mobilizon. Moins de 60 jours pour faire connaître notre projet d’alternative libre et fédérée aux événements Facebook ; et pour savoir à quel point nous devons nous y investir.
Des marches pour le climat organisées sur Facebook aux hackathons de logiciels libres qui se font grâce à Meetup : pour changer le monde, les utopistes (comme nous !) s’organisent bien trop souvent sur les plateformes centralisées des géants du web.
On ne va pas répéter ici à quel point cliquer sur « Je participe » à un événement Facebook « Barbecue végan de la justice sociale » pose de nombreux problèmes : cela en dit bien plus sur soi qu’on ne l’imagine, donne un pouvoir conséquent aux publicitaires qui paient Facebook et enferme la communauté de l’événement dans un outil qui l’empêchera de s’auto-gérer et donc de perdurer.
Et c’est sans compter sur les règles d’utilisation de ces plateformes, qui peuvent mener à une fermeture, du jour au lendemain, sans aucune justification, d’un groupe ou d’une communauté, et dont la structure centralisée forme un potentiel guichet unique pour les agences de renseignement et des pirates mal intentionnés.
Maquette d’une page « événement » dans Mobilizon
Chez Framasoft, on s’est dit qu’il fallait prendre le temps de réfléchir à une alternative qui puisse changer la donne. Nous venons de passer quelques mois, avec l’aide de deux designers (Marie-Cécile Paccard et Geoffrey Dorne) à écouter des militant·e·s pour mieux cerner leurs pratiques numériques. Nous avons cherché à quoi pourrait ressembler un outil qui rendrait vraiment le pouvoir aux personnes, aux groupes.
Si on y réfléchit, c’est hyper contraignant de créer un outil juste pour aspirer et vendre les données du monde entier… À partir du moment où l’on n’a pas besoin (ni envie) de pister les gens ou de maintenir un modèle économique inéquitable, on peut imaginer un outil qui fait la différence.
La dernière chose dont Meetup, Eventbrite ou Facebook ont envie, c’est que nous nous passions d’eux, que l’on puisse prendre leur place, et que l’on crée notre propre plateforme de publication d’événements. C’est la première des libertés qu’offrira Mobilizon : échapper à l’emprise de ces plateformes à but lucratif.
Bien entendu, tout le monde ne va pas aller l’installer sur un serveur informatique, et monter son propre Mobilizon. Mais il est essentiel qu’une communauté, un syndicat, une ONG, un mouvement, une fédération… que n’importe quel collectif puisse s’émanciper librement des plateformes avides de données.
C’est comme le fait de rendre public le code source, la « recette de cuisine » du logiciel : tout le monde ne sait pas le lire, mais c’est un gage de transparence et d’ouverture. Si l’équipe qui le développe fait des choix qui ne me conviennent pas, je peux monter ma propre équipe pour expérimenter d’autres choix, et une autre gouvernance.
Seulement voilà : si mon université crée son instance MobilizTaFac d’un côté, et que mon mouvement pour le climat crée son instance ÉcoMobilizés de l’autre, est-ce que je dois créer un compte sur chaque site, histoire de me tenir au courant des rassemblements prévus ?
Non : ce serait, selon nous, un gros frein à l’usage. C’est pour cela que nous souhaitons que Mobilizon soit fédéré : chaque instance (site de publication d’événements) propulsée par Mobilizon pourra alors choisir d’échanger avec d’autres instances, d’afficher plus d’événements que « juste les siens », et de favoriser les interactions. Le protocole de fédération, basé sur le standard de communication le plus répandu (nommé ActivityPub), permettra en plus, à terme, de tisser des ponts avec Mastodon (l’alternative libre et fédérée à Twitter), PeerTube (alternative à YouTube), et bien d’autres outils similaires.
Cependant, le concept de fédération n’est pas une baguette magique. Au contraire, l’adopter demande encore plus d’efforts : afficher sa politique de modération, communiquer avec les personnes inscrites sur son serveur, choisir avec qui on se fédère ou non, appliquer ses obligations légales (ou pratiquer la désobéissance civile)… Un Mobilizon émancipateur devrait, à notre sens, faciliter ces relations entre les personnes qui ouvrent leur hébergement aux inscriptions, et celles qui leur confient leurs données.
Dans l’idéal, Mobilizon ne nous libère pas seulement des événements Facebook : il nous libère aussi de ses groupes. Et pour avoir des groupes conviviaux, il faut imaginer des outils de messagerie, des outils de modération, bref : de nombreuses fonctionnalités qui nous rendent autonomes.
Car un outil convivial est un outil qui nous laisse le pouvoir, qui nous rend le contrôle. C’est un outil qui laisse chaque groupe s’organiser comme il le souhaite. Dans l’idéal, Mobilizon offre aux groupes un espace pour afficher des liens vers ses outils de collaboration numérique, quels qu’ils soient, même des google docs (mais franchement, nous on pense que Framapad, c’est mieux :p).
Un autre exemple de reprise de pouvoir : si je veux que ma famille, qui m’invite à l’anniversaire du petit dernier, voie mon engagement militant (disons pour une marche des fiertés), mais pas mes activités culturelles (disons de danse folklorique), je dois pouvoir le maîtriser. Dans l’idéal, Mobilizon permet à chaque compte de se créer plusieurs identités pour cloisonner ses groupes et ses activités comme on le désire.
Un logiciel est un outil en perpétuelle évolution. Certes, produire une première version stable est un défi en soi. Mais c’est aussi le premier pas d’un cheminement plus long, où l’on découvre des usages et pratiques qui n’étaient pas anticipées, que l’on peut accompagner.
Il existe, d’ores et déjà, de nombreuses évolutions possibles pour Mobilizon : faciliter la géolocalisation et la cartographie, développer une application mobile, améliorer l’ergonomie et les interfaces… Quelles autres idées l’intelligence collective produira-t-elle quand Mobilizon sera opérationnel et utilisé ?
Seulement voilà, entretenir et faire grandir un commun, cela demande du soin, du temps et de l’attention. Si vous nous en donnez les moyens, la somme récoltée au-delà des 50 000 € nous permettra de nous projeter sur le long terme et d’envisager les développements après la sortie de la version 1.0.
Créer un tel outil, sans autre but que celui de construire un commun numérique, cela demande du temps, de l’implication et des moyens. Chez Framasoft, nous sommes persuadé·e·s de l’importance que Mobilizon peut avoir, à terme, pour de nombreuses communautés. Mais nous travaillons déjà sur de très nombreux projets et manquons de temps et d’argent pour tout faire… Ainsi, nous ne nous lancerons pas sans avoir un signal fort que cet outil est désiré.
Nous venons d’ouvrir une collecte sur joinmobilizon.org. Nous nous sommes donné 60 jours pour savoir à quel point notre démarche sera soutenue. Concrètement, plus vous donnerez, plus cela nous impliquera durablement dans le développement de Mobilizon.
Nous avons défini les budgets suivants :
Dès aujourd’hui, et jusqu’au 10 juillet, tout don fait à Framasoft via la page joinmobilizon.org sera comptablement attribué au projet Mobilizon. Au 10 juillet, suivant le montant qui aura été atteint, nous nous consacrerons à développer le Mobilizon que vous aurez soutenu. Nous prévoyons la sortie d’une version bêta pour l’automne 2019, et une version 1 pour le premier semestre 2020.
Maquette d’une page « groupe » dans Mobilizon
Nous avons donc besoin de votre aide. Ensemble, nous avons moins de 60 jours pour proposer et expliquer ce projet aux communautés associatives, culturelles et militantes en France et à l’étranger. Moins de 60 jours pour les convaincre de l’importance de soutenir Mobilizon, sans tomber dans le piège des raccourcis faciles des « ça va remplacer Facebook » (cela peut remplacer la gestion d’évènements de Facebook) et autres « ceci est une révolution » (nous ne sommes pas une startup, et n’avons pas pour vocation de remplacer tous les usages !).
Il va donc falloir prendre le temps de parler, d’échanger, d’écouter… pour convaincre sans charmer ni imposer une quelconque autorité. Car Mobilizon ne sera pas une recette miracle et instantanée : c’est un premier pas vers plus d’indépendance, une aventure qui va évoluer sur la durée, et que nous avons souhaité démarrer avec vous.
Jusqu’où irons-nous ? C’est désormais entre vos mains… à vous de vous Mobilizer !
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
« Les cotisations syndicales coûtent environ 700 $[540 £] par an », indique l’une des affiches.
« Un nouveau système de jeux vidéos avec les derniers hits, c’est fun. Mettez votre argent là-dedans au lieu de payer des cotisations à un syndicat »
Cette façon de faire est contestée par plusieurs personnes qui déclarent ne pas savoir comment fonctionnent ces algorithmes et sur quoi ces derniers se basent pour juger du caractère terroriste d’un contenu. Mais ces entreprises sont encouragées par certains gouvernements qui leur demandent d’ailleurs d’agir plus sévèrement. Les pays autoritaires imposent régulièrement aux médias sociaux de se mettre hors service pendant les crises nationales, comme le Sri Lanka l’a fait après les attentats terroristes du matin de Pâques et le Venezuela lors du soulèvement du 1er mai.
Tandis que dans les pays qui se veulent démocratiques, les dirigeants de ces pays tentent de protéger leurs citoyens des contenus violents qui pourraient les radicaliser. Si ces plates-formes ne se conforment pas, elles pourraient être condamnées à payer de lourdes amendes et même à une peine de prison pour leurs dirigeants. Les défenseurs des droits de l’homme voient cela comme de la censure et tirent la sonnette d’alarme, mais jusqu’à présent, personne ne les écoute.
Après l’Ohio, le Mississippi et le Kentucky, l’Etat [de Géorgie] vient d’adopter une loi extrêmement restrictive en la matière. Le texte interdit ainsi l’interruption volontaire de grossesse dès que les battements du cœur du fœtus peuvent être détectés. Ce qui revient à une quasi-interdiction de l’avortement, puisque le cœur peut être entendu dès la sixième semaine de grossesse, stade auquel de nombreuses femmes ne savent pas encore qu’elles sont enceintes. Actuellement, l’avortement est autorisé en Géorgie jusqu’à la 20e semaine de grossesse.
L’utilisation de la reconnaissance faciale par la Met a été qualifiée de « désastreuse pour le maintien de l’ordre et l’avenir des libertés civiles » par les militants, alors que de nouvelles statistiques révèlent un taux d’erreur d’identification de 96 %.
Le groupe de défense des libertés civiles Big Brother Watch a obtenu les chiffres de 8 des 10 déploiements de caméras de surveillance controversées effectués par le Met dans le cadre de la Freedom of Information Act. Les chiffres montrent que lors de deux déploiements au centre commercial Westfield à Stratford en 2018, 100 % de la reconnaissance faciale des policiers correspond à des personnes innocentes identifiées à tort comme des criminels potentiels.
Les photos biométriques de membres du public identifiés à tort comme criminels potentiels sont prises à leur insu et conservées dans les bases de données de la police pendant 30 jours.
La criminalité violente aux États-Unis est à son taux le plus bas depuis des décennies. Mais ce n’est pas le nombre croissant d’applications de médias sociaux de plus en plus populaires qui se forment autour de la criminalité qui pourrait vous le faire penser…
Une application de stockage de photos qui offre à ses utilisateurs une « sauvegarde privée gratuite et illimitée de tous les souvenirs de leur vie » a secrètement utilisé leurs photos privées pour former et vendre des logiciels de reconnaissance faciale.
Aujourd’hui, aux États-Unis, les femmes noires ont 42 % plus de risques de mourir d’un cancer du sein que les femmes blanches, précise le MIT. Parallèlement, les femmes noires, hispaniques et asiatiques développent le cancer du sein plus tôt en moyenne que les femmes blanches. Et avec le recours à l’intelligence artificielle, ces inégalités risquent encore s’amplifier si les données fournies aux IA ne sont pas plus représentatives.
Pour gommer ces biais, il s’agit donc de renouveler et diversifier les données médicales. Et il y a fort à faire en la matière puisque, depuis vingt ans, les inégalités liées à la couleur de peau face au cancer n’ont pas diminué, comme le montre une étude publiée en 2014. Elles auraient même augmenté dans le cas du cancer du sein.
Si la France a un besoin évident de renouveau démocratique, le risque que les initiatives de démocratie participative n’affaiblissent la légitimité du système représentatif est réel.
Le texte qui a « pour objet la prévention de la radicalisation », autorise le croisement de deux fichiers de données à caractère personnel : Hopsyweb, qualifié de « casier psychiatrique » par des associations de psychiatrie, et le fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT).
« Lorsque cette mise en relation révèle une correspondance des données comparées, le représentant de l’État dans le département où a eu lieu l’admission en soins psychiatriques sans consentement et (…) les agents placés sous son autorité (…) en sont informés ».
Le remplacement des cartes d’identité, comme le permis de conduire ou une carte d’adhésion à un club, a été la dernière pièce majeure du casse-tête du portefeuille numérique. Il ne s’agit pas de se connecter en toute sécurité à des pages Web – il s’agit de s’identifier dans les « transactions du monde physique ». Les applications de portefeuille peuvent remplacer les billets d’avion, les cartes de fidélité et les cartes de crédit, mais elles ne peuvent toujours pas passer pour une pièce d’identité valide. Google cherche à ajouter la prise en charge de l’identification électronique afin que les développeurs puissent créer des applications mobiles pouvant être utilisées en toute sécurité comme pièce d’identité.
les plaintes les plus importantes des travailleurs semblent se concentrer sur un point : Amazon traiterait son personnel comme des robots.[…] Avec l’avènement d’outils de calcul pour des mesures quantitatives et des métriques, et le développement de l’apprentissage machine basé sur les Big Data développées par ces métriques, certaines organisations, dont Amazon, ont commencé à entrer dans une phase que j’appelle de « l’analyse de données extrême », où tout et quiconque peut être mesuré, l’est.
Or, il appert que si, en première instance, la casse peut sembler un coût, la réalité complète de ses effets n’est pas tout à fait celle-là. Que se passe-t-il donc quand d’honnêtes commerçants, comme Bulgari ou Swarovski, ou encore un restaurateur bien connu simplement soucieux que ses clients passent un bon moment autour d’une bonne assiette, sont injustement la cible de trublions sans principe ? Grâce au ciel, le marché a anticipé cette sorte d’événement sous l’espèce d’un mécanisme qu’on appelle l’assurance. […] Nous voilà confrontés à la perspective agréable à tous points de vue de 4 milliards qui vont devoir être retirés des marchés financiers, où leur utilité pouvait être discutée, pour revenir dans l’économie, où elle est incontestable.
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
Avec toujours un grand merci à Goofy pour le coup de patte !
Vous cherchez des images utilisables pour vos sites ou publications ? Savez-vous qu’il est facile d’en trouver avec divers niveaux de permissions via le moteur de recherche des Creative Commons ?
Ces petits logos, familiers des libristes, sont souvent combinés et permettent de savoir précisément à quelles conditions vous pouvez utiliser les images :
Attribution : vous devez mentionner l’identité de l’auteur initial (obligatoire en droit français) (sigle : BY)
Non Commercial : vous ne pouvez pas tirer un profit commercial de l’œuvre sans autorisation de l’auteur (sigle : NC)
No derivative works : vous ne pouvez pas intégrer tout ou partie dans une œuvre composite (sigle : ND)
Share alike : partage de l’œuvre, vous pouvez rediffuser mais selon la même licence ou une licence similaire (sigle : SA)
Si vous êtes dans le monde de l’éducation, pensez à faire adopter les bonnes pratiques aux élèves et étudiants qui ont besoin d’illustrer un document et qui ont tendance à piller Google images sans trop se poser de questions…
… mais il arrive souvent que de grands médias donnent aussi de bien mauvais exemples !
Si vous êtes embarrassé⋅e pour ajouter les crédits nécessaires sous l’image que vous utilisez, le nouveau moteur de recherche de Creative Commons vous facilite la tâche. C’est une des nouveautés qui en font une ressource pratique et précieuse, comme Jane Park l’explique dans l’article ci-dessous.
Article original : CC Search is out of beta with 300M images and easier attribution
Traduction Framalang : Goofy
Désormais la recherche Creative Commons n’est plus en version bêta, elle propose plus de 300 millions d’images indexées venant de multiples collections, une interface entièrement redessinée ainsi qu’une recherche plus pertinente et plus rapide. Tel est le résultat de l’énorme travail de l’équipe d’ingénieurs de Creative Commons avec l’appui de notre communauté de développeurs bénévoles.
CC Search parcourt les images de 19 collections grâce à des API ouvertes et le jeu de données Common Crawl, ce qui inclut les œuvres artistiques et culturelles des musées (le Metropolitan Museum of Art, le Cleveland Museum of Art), les arts graphiques (Behance, DeviantArt), les photos de Flickr, et un premier jeu de créations en 3D sous CC0 issus de Thingiverse.
Au plan esthétique et visuel, vous allez découvrir des changements importants : une page d’accueil plus sobre, une navigation meilleure avec des filtres, un design en harmonie avec le portail creativecommons.org, des options d’attribution faciles à utiliser et des canaux de communication efficaces pour faire remonter vos questions, réactions et désirs, tant sur les fonctionnalités du site que sur les banques d’images. Vous trouverez également un lien direct vers la page d’accueil des Creative Commons (le site de l’ancienne recherche est toujours disponible si vous préférez).
Si vous jetez un œil sous le capot, vous verrez que nous avons réussi à diminuer le temps de recherche et nous avons amélioré la pertinence de la recherche par phrase. Nous avons aussi implémenté des métriques pour mieux comprendre quand et comment les fonctionnalités sont utilisées. Enfin, nous avons bien sûr corrigé beaucoup de bugs que la communauté nous a aidé à identifier.
Nous allons continuer à augmenter la quantité d’images de notre catalogue, en visant en priorité les collections d’images comme celles de Europeana et Wikimedia Commons. Nous projetons aussi d’indexer davantage de types d’œuvres sous licences CC, tels que les manuels et les livres audio, vers la fin de l’année. Notre but final demeure inchangé : donner l’accès à 1,4 milliard d’œuvres qui appartiennent aux Communs), mais nous sommes avant tout concentrés sur les images que les créateurs et créatrices désirent utiliser de diverses façons, comment ils peuvent apprendre à partir de ces images, les utiliser avec de larges permissions, et restituer leur exp)érience à tous pour nourrir la recherche Creative Commons.
Du point de vue des fonctionnalités, des avancées spécifiques figurent dans notre feuille de route pour ce trimestre : des filtres pour une utilisation avancée sur la page d’accueil, la possibilité de parcourir les collections sans entrer de termes de recherche, et une meilleure accessibilité et UX sur mobile. De plus, nous nous attendons à ce que certains travaux liés à la recherche CC soient effectués par nos étudiants du Google Summer of Code à partir du mois de mai.
Le mois prochain à Lisbonne, au Portugal, nous présenterons l’état de la recherche (“State of CC Search”) à notre sommet mondial (CC Global Summit) où sera réunie toute une communauté internationale pour discuter des développements souhaités et des collections pour CC Search.
Vos observations sont précieuses, nous vous invitons à nous communiquer ce que vous souhaiteriez voir s’améliorer. Vous pouvez également rejoindre le canal #cc-usability sur le Slack de CC pour vous tenir au courant des dernières avancées.
Tout notre code, y compris celui qui est utilisé pour la recherche CC, est open source (CC Search, CC Catalog API, CC
Catalog) et nous faisons toujours bon accueil aux contributions de la communauté. Si vous savez coder, nous vous
invitons à nous rejoindre pour renforcer la communauté grandissante de développeurs de CC.
CC Search est possible grâce à un certain nombre d’institutions et d’individus qui la soutiennent par des dons. Nous aimerions remercier en particulier Arcadia, la fondation de Lisbet Rausing et Peter Baldwin, Mozilla, et la fondation Brin Wojcicki pour leur précieux soutien.
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
L’orientalisme du XXIe siècle réduit la Chine – qui abrite un être humain sur cinq sur la planète – à un rêve de fumeries d’opium numériques, où des despotes tout-puissants demandent aux étrangers de leur payer le prix du commerce, et où les nouveaux Shangri-las gardent les secrets de la suprématie de l’IA. Comme toutes les projections, ces histoires révèlent finalement moins sur leur sujet présumé que sur les personnes qui les racontent. Combien de prises de position à chaud sur la techno-dystopie chinoise parlent de technologie de surveillance et d’irresponsables collectes de données comme si les États-Unis n’étaient pas eux aussi en proie à ces phénomènes ?
Oui, tous connaissent des bugs, de Cisco à Huawei, et de Ericsson à Siemens. C’est important que ces bugs soient réparés. Mais c’est juste étrange de voir l’administration américaine s’appuyer sur ses alliés pour se débarrasser des équipements Huawei, apparemment par peur de l’espionnage chinois via des portes dérobées, alors que les produits américains sont tout aussi défectueux et accessibles à distance.
C’est une chose pour un pays de dire qu’il ne veut que du matériel auquel il peut faire confiance sur ses réseaux ; c’en est une autre de faire pression publiquement sur d’autres pays pour qu’ils abandonnent leurs fournisseurs de matériel. Cela ne fait qu’ajouter du poids à l’argument selon lequel l’Amérique est tout simplement contrariée par le fait que ses entreprises se font concurrencer par Huawei et d’autres fabricants en Chine.
Ces demandes constituent la dernière mesure prise par les entreprises de télécommunications qui ont déclaré qu’elles mettraient un terme à la vente de données de localisation à des tiers suite à l’enquête menée par Motherboard
Il est proposé de remplacer la flèche de Notre Dame – qui était un ajout relativement moderne – par une nouvelle flèche d’architecte-star, qui pourra être soumise aux mêmes règles de copyright français qui interdisent par exemple les photos commerciales de la Tour Eiffel la nuit.
Le droit d’auteur n’interdirait que les utilisations « commerciales », mais c’est un terme très mal défini, et la nouvelle directive Copyright impose des filtres pour bloquer la contrefaçon, qui ne seront pas en mesure de déterminer dire si vous êtes un photographe commercial ou non.[…] L’une des propositions-clef de l’eurodéputée pirate Julia Reda dans son rapport d’évaluation du droit d’auteur[…] était de mettre en œuvre une totale liberté de panorama à travers l’UE. Le Parlement européen a soutenu l’idée, comme l’ont fait tous les pays de l’UE sauf un – la France […] et l’idée a du coup été abandonnée.
quelque 400 tonnes de plomb contenues dans la toiture et dans la flèche de la cathédrale, comme dans les peintures, se sont volatilisées en volutes jaunes chargées de particules toxiques. Un risque sur lequel les discours officiels restent opaques.
Les grenades et le LBD40 sont classifiés comme matériel de guerre selon la législation française.
Le déploiement de ce genre d’armes ainsi que leur usage intensif ces derniers mois et années posent la question des pratiques de maintien de l’ordre décidées par les autorités françaises.[…] Les autorités françaises devraient avoir pour objectif de chercher la désescalade et la pacification dans le maintien de l’ordre. […] « ces armes peuvent non seulement blesser gravement, mais aussi participer à l’escalade de la violence et finalement dissuader de nombreuses personnes de venir manifester pacifiquement, remettant ainsi en cause le droit de réunion et d’expression pacifiques ».
le service d’ordre de la CGT compte à lui seul une dizaine de blessés, dont trois par des tirs de LBD, qu’ils soient directs ou non. « Cela fait plusieurs manifestations qu’on prend systématiquement des grenades, témoigne l’un d’eux. À chaque fois, on nous dit qu’on n’est pas la cible. Alors, soit les policiers visent vraiment très mal, soit ce ne sont pas que des erreurs… Et neuf vagues de grenades dans le carré de tête, ce n’est plus une erreur. »
Il faut que s’arrête cette violence d’État !
Nous accusons le ministère de l’Intérieur de provoquer sciemment les réactions de violence dans nos villes, sur les ronds-points et les lieux de discussions publiques, afin de criminaliser toute personne qui s’oppose à ses lois et à ses politiques funestes.
Nous accusons le gouvernement d’employer contre des civils des armes de guerre bannies dans l’ensemble des pays occidentaux en ignorant les mises en garde répétées de plusieurs organismes internationaux.
Nous accusons la hiérarchie de la magistrature d’avoir accepté de couvrir cette politique néfaste en appliquant aveuglément et servilement les ordres donnés par le pouvoir exécutif.
Nous accusons l’Inspection Générale de la Police Nationale d’avoir diligenté des enquêtes de façade et qui, à notre connaissance, n’ont débouché sur l’interpellation d’aucun membre des forces de « maintien de l’ordre ».
Nous accusons celles et ceux de la presse et des médias télévisuels qui ont accepté de se transformer en porte-voix du ministère de l’Intérieur et de la préfecture sans accomplir aucun contrôle sur leurs sources.
Nous appelons l’ensemble des citoyens à se joindre au mouvement social pour dénoncer la dérive autoritaire du gouvernement et nous exigeons la démission de M. Castaner ainsi que l’ouverture d’une commission d’enquête indépendante afin de faire la lumière sur les dérives des vrais responsables de sorte qu’ils soient traduits en justice.
Pressés de toutes parts, notamment par la multiplication des amendes, les géants américains font progressivement leur mue sur la question du respect des données et de la vie privée. Non pas qu’ils soient convaincus que l’intérêt de leurs utilisateurs passe avant tout, mais bien parce qu’après des années d’abus en la matière à leurs profits, leurs intérêts se déplacent.
La criminalité a énormément diminué au cours des 25 dernières années, mais la perception qu’ont les gens de l’ampleur de la criminalité n’a pas diminué. Une majorité d’Américains ont déclaré que la criminalité est en hausse au cours de chacune des 16 dernières années, et ce, malgré le fait que la criminalité dans chacune des principales catégories soit beaucoup plus faible aujourd’hui qu’elle ne l’était auparavant.
[…] Ces croyances erronées sont en grande partie dictées par les décisions éditoriales des médias locaux – en particulier les bulletins de news télévisées locales, qui sont tout aussi sanglants aujourd’hui qu’ils l’étaient lorsque les taux de meurtres étaient deux fois plus élevés.
[…] Ces craintes et ces croyances erronées sont importantes : la consommation d’un plus grand nombre d’infos portant sur des actes criminels à la télévision locale est associée au support de mesures plus punitives de lutte contre la criminalité.
Sur Instagram et Facebook, d’étranges marques vendent des t-shirts au niveau de précision surprenant. Derrière ces boutiques, un système d’exploitation des données personnelles opaque s’organise.[…] Certains utilisateurs Européens mentionnent ainsi que des marques leur ont proposé des produits directement avec leur nom de famille ou encore des informations sur leurs liens familiaux ou leur orientation sexuelle.
A écouter Zuckerberg lors de sa conférence F8, deux possibilités : soit il est extrêmement confus intellectuellement et demeure incapable de choisir les seules stratégies avérées pour garantir le respect de la vie privée de 2,7 milliards de personnes, soit il est extrêmement malhonnête. La deuxième hypothèse n’est pas à exclure totalement au regard des errances de la firme depuis maintenant 2 ans, et particulièrement bien sûr depuis les révélations du scandale Cambridge Analytica.
Quels dommages cause-t-il à ses victimes ? Quels problèmes pose-t-il en matière de santé publique ? Nul ne le sait, car personne ne s’en soucie. Dans aucun pays il n’existe d’obligation légale de recenser le nombre de ses victimes. Aucune obligation non plus de fournir des données sur ses livraisons, ses usages, les profits qu’il génère ou sa toxicité pour l’environnement. Depuis presque un siècle, on nous répète qu’il ne fait de mal à personne, que ce n’est rien de plus qu’un nuage de fumée qui pique les yeux. Quand des gens en meurent — l’organisation Physicians for Human Rights a par exemple comptabilisé trente-quatre morts liées à l’usage de gaz lacrymogène lors des manifestations à Bahreïn en 2011-2012 —, les pouvoirs publics rétorquent qu’il s’agit simplement d’accidents.
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
Peur des robots qui nous remplacent ? Pas forcément, mais comment vivre et travailler avec les robots ?Une des craintes fort répandues à propos de la robotisation consiste à envisager qu’un grand nombre de professions, et pas seulement parmi les moins qualifiées, pourraient être à court ou moyen terme remplacées par des robots, du moins des systèmes automatisés que les progrès relatifs de l’intelligence artificielle rendraient plus performants que les humains dans l’accomplissement de leurs tâches.
Nul n’ignore pour l’instant ce qui va survenir effectivement mais une chose est d’ores et déjà établie : les systèmes robotisés sont déjà là, et plutôt qu’être remplacés, pour l’instant les travailleurs les côtoient, entrent avec eux dans des interactions déjà problématiques. On lira par exemple ce témoignage sur la gestion des livreurs à vélo où le donneur d’ordres et donc de travail est un système informatique qui piste « ses » employés autant que les clients.
À une tout autre échelle, le géant Amazon impose déjà la présence de robots dans ses immenses entrepôts au sein du travail humain, et comme le développe le texte ci-dessous, ce sont les êtres humains qui y travaillent qui doivent s’efforcer de s’adapter à leur présence ! L’anthropologue qui signe l’article que nous avons traduit pour vous analyse ce que représente pour les humains la perte de leur latitude d’action, voire de leur liberté d’initiative, dans une environnement où les robots sont omniprésents.
Les pratiques de l’entreprise Amazon, détestables pour les conditions de travail, sont par ailleurs assez révélatrices d’une dérive qui nous mène peut-être à renoncer peu à peu à notre liberté, pour nous en remettre aux systèmes automatisés dans tous les instants de notre quotidien.
Article original : How much are we sacrificing for automation ?
Traduction Framalang : salelodenouye, goofy
Ce que nous apprennent les entrepôts d’Amazon sur un monde où de plus en plus, que ce soit des choses ou des personnes, tout ce qu’il est possible de mesurer finit par être mesuré.
On a l’impression que pratiquement chaque semaine apparaît dans l’actualité une polémique (sinon davantage) autour d’Amazon. Dans les seules deux semaines dernières, il a été question de conversations transcrites et enregistrées avec Echo, d’employés d’Amazon qui protestent contre la faible détermination de leur entreprise au sujet du dérèglement climatique, des efforts de ladite entreprise pour prétendre que les risques liés à la reconnaissance faciale sont « peu significatifs », sans oublier les questions posées par la sénatrice Warren sur les impôts fédéraux de 0 dollar pour un profit de 10 milliards de dollars aux U.S.A. Une entreprise aussi gigantesque qu’Amazon, avec une envergure aussi large en termes de produits et de services, est constamment dans l’actualité. Et malheureusement pour elle, la plupart de ces nouvelles lui donnent l’image d’un manque de compassion, d’intérêt et de sollicitude pour le reste du monde au sens large, en particulier pour les humains qui travaillent pour elle.
Ce qui a retenu mon attention au cours des dernières semaines c’est le témoignage paru dans Vox d’un employé dans un entrepôt, qui s’est plaint des températures qui y régnaient. Selon ce que Rashad Long a indiqué à la publication :
Il fait si chaud dans les troisième et quatrième étages que je transpire dans mes vêtements même s’il fait très froid dehors… Nous avons demandé à l’entreprise de nous fournir de l’air conditionné, mais on nous a indiqué que les robots ne peuvent travailler à basse température.
Alors que Long et d’autres sont impliqués dans des procès avec l’entreprise, et prennent des initiatives pour former un syndicat, les plus importantes plaintes des employés semblent être concentrées sur un seul point : Amazon a la réputation de traiter ses employés comme des robots.
Dans un rapport qui m’a été envoyé après la publication de cette histoire, Amazon contestait ce compte-rendu comme « totalement faux », prétendant que des systèmes et des équipes surveillent constamment les températures dans les centres de traitement des commandes. L’entreprise a indiqué qu’à la mi-décembre, la température moyenne du local où Long travaillait était de 71.04 degrés Fahrenheit (NDT : 21.68 °C).
Le porte-parole d’Amazon a déclaré : « Les collaborateurs d’Amazon sont le cœur et l’âme de nos activités. La sécurité de nos employés est notre première priorité et la santé de chacun de nos employés est évaluée au-delà de toute notion de productivité. Nous sommes fiers de nos conditions de travail sûrs, de notre communication transparente et de notre industrie de pointe. »
Cependant, vu de l’extérieur, on a l’impression que les entrepôts Amazon mettent en scène le « taylorisme sauvage ». Comme je l’ai déjà écrit, le taylorisme est une théorie de la gestion de l’ingénierie développée au début du XXe siècle et largement adoptée dans les domaines de la gestion et de l’ingénierie jusqu’à présent. Alors qu’à l’origine il était utilisé pour gérer les processus de fabrication et se concentrait sur l’efficacité de l’organisation, avec le temps, le taylorisme s’est intégré dans la culture d’ingénierie et de gestion. Avec l’avènement des outils de calcul pour la mesure quantitative et les métriques et le développement de l’apprentissage machine basé sur les mégadonnées développées par ces métriques, les entreprises dont Amazon, ont abordé une nouvelle phase que j’appellerais « l’analyse extrême des données », dans laquelle tout et quiconque peut être mesuré finit par l’être.
C’est un vrai problème. L’utilisation du comptage, des mesures et de la mise en œuvre des résultats de l’analyse extrême des données destinée à éclairer les décisions pour les êtres humains constitue une menace pour notre bien-être et se traduit par les témoignages dont on nous parle dans les entrepôts et d’autres parties de nos vies, où trop souvent des êtres humains renoncent à leurs initiatives d’action au profit des machines et algorithmes.
Environ 200 travailleurs d’Amazon se sont rassemblés devant leur lieu de travail dans le Minnesota le 18 décembre 2018 pour protester contre leurs conditions de travail qui comprennent le pistage des ordinateurs et l’obligation de travailler à grande vitesse, comme scanner un article toutes les 7 secondes.
[Photo : Fibonacci Blue, CC BY 2.0]
Malheureusement, après des décennies où s’est échafaudé ce système de quantification, une entreprise comme Amazon l’a presque intégré à son infrastructure et à sa culture. Il y a des raisons au taylorisme chez Amazon, et une grande partie est liée à ses embauches aux décisions prises par ses cadres en matière de gestion et de développement, et à l’impact de ces décisions sur les personnes qui doivent faire le travail nécessaire pour que ces processus fonctionnent réellement.
Dans un article que j’ai écrit en 2013 avec Michael D. Fischer, nous avons exploré l’idée que les processus étaient une forme de surveillance dans les organisations, en nous concentrant particulièrement sur le fait que lorsque la direction des organisations dicte des processus qui ne fonctionnent pas particulièrement bien pour les employés, ces derniers profitent de l’occasion pour développer des solutions de rechange, ou « agissements cachés ».
Notre pouvoir en tant qu’humains réside dans notre capacité à faire des choix parmi les options qui s’offrent à nous à un moment donné. La gamme des possibilités évolue avec le temps, mais en tant qu’humains, nous avons le choix. Notre pouvoir c’est la coopération. Nous perdons un peu de notre liberté de choix, quelqu’un d’autre aussi, mais nous pouvons tous les deux parvenir à un compromis efficace.
Chaque fois que nous utilisons un ordinateur, ou tout autre appareil du même type, nous perdons du pouvoir. Nous le faisons quand nous sommes assis ou debout pour utiliser un clavier, à la saisie, ou en cliquant, en faisant défiler, en cochant des cases, en déroulant des menus et en remplissant des données d’une manière telle que la machine puisse comprendre. Si nous ne le faisons pas de la façon dont la machine est conçue pour le traiter, nous cédons notre pouvoir, encore et toujours, pour qu’elle le fasse de façon à pouvoir recueillir les données nécessaires et nous fournir l’article que nous voulons, le service dont nous avons besoin ou la réponse que nous espérons. Les humains abandonnent. Pas les machines.
Lorsque l’action humaine est confrontée à une automatisation difficile à contrôler, il y a des problèmes, et dans des cas extrêmes, ces problèmes peuvent être fatals. L’un d’eux a été mentionné dans le cadre d’enquêtes sur les écrasements de deux Boeing 737 Max, qui se sont concentrées sur les interactions des pilotes avec un système automatisé conçu pour prévenir un décrochage. Alors que le monde continue d’automatiser les choses, les processus et les services, nous les humains sommes mis dans des situations où nous devons constamment nous adapter, car à l’heure actuelle, l’automatisation ne peut et ne veut pas coopérer avec nous au-delà de son répertoire d’actions préprogrammées. Ainsi, dans de nombreux cas, nous devons céder notre initiative et nos choix aux algorithmes ou aux robots, pour atteindre les résultats communs dont nous avons besoin.
Au fil du temps, les humains ont évolué vers le commerce et le troc selon une démarche de coopération, échangeant des ressources pour acquérir ce dont nous avons besoin pour survivre. Nous le faisons par le travail. Dans l’état du marché d’aujourd’hui, si nous sommes à la recherche d’un nouvel emploi, nous devons utiliser un ordinateur pour postuler à un poste affiché sur un site web. Nous devons renoncer à notre initiative personnelle pour utiliser l’ordinateur (nous ne pouvons plus appeler personne), où nous céderons ensuite à un logiciel qui n’est pas nécessairement conçu pour gérer l’enregistrement de notre expérience vécue particulière. Une fois que nous avons fait de notre mieux avec les formulaires, nous appuyons sur un bouton et espérons obtenir une réponse. Les algorithmes en arrière-plan, informés par le système de gestion et les développeurs, vont alors « nous trier », nous transformant en série de données qui sont ensuite évaluées et traitées statistiquement.
C’est seulement si nous passons à travers les filtres qu’une réponse automatisée nous parvient par un courriel (auquel nous ne pouvons pas répondre) pour nous informer du résultat. S’il est positif pour nous, un humain finira par nous contacter, nous demandant d’utiliser une méthode automatisée pour planifier un moment pour un appel, qui utilisera des scripts/processus/lignes directives narratives, qui nous demandent à nouveau de renoncer à notre initiative – même dans une conversation avec un autre humain, où il y a généralement plus de flexibilité. C’est épuisant.
Une fois que les employés des entrepôts d’Amazon ont renoncé à leur liberté pour se plier au processus d’embauche et qu’ils sont embauchés, ils sont également obligés de céder leur liberté d’action dans leur travail. Alors que les employés de bureau cèdent à des partenaires algorithmiques sous forme de logiciels ou de procédures d’entreprises, les employés d’entrepôt cèdent leur liberté d’agir en acceptant les horaires décalés et en travaillant avec des partenaires robots au lieu de partenaires algorithmiques ou à leurs côtés sous forme de logiciels. Les risques pour l’intégrité physique sont beaucoup plus élevés quand on agit dans un entrepôt sans coopérer avec un robot qu’ils ne le sont si on ne coopère pas avec un logiciel dans un travail de bureau.
Un brevet déposé par Amazon en 2013, « Système et méthode de transport du personnel dans une environnement de travail industriel. »
Dans certains entrepôts et environnements industriels, les travailleurs doivent se soumettre aux robots parce que les robots sont rapides, faits de métal, et pourraient les blesser ou les tuer. De cette façon, un travailleur qui manœuvre autour d’un robot a moins d’emprise sur son corps au travail que ceux qui, dans les bureaux, prennent les décisions sur la façon dont ces travailleurs vont travailler.
Une solution proposée par Amazon en 2013 a été le brevet U.S. 9,280,157 B2, accordé en 2016. Ce brevet a été décrit comme un « dispositif de transport humain » pour un entrepôt, constitué d’une cage humaine. Une cage, c’est un symbole brutal. Bien que l’idée ait été de protéger les travailleurs humains contre les robots, elle n’a pas été perçue comme elle était probablement prévue. À l’extrême, une cage implique une fois de plus que les humains céderont leur capacité d’agir aux robots, ce qui semble donner raison aux plaintes initiales des magasiniers selon lesquelles les robots bénéficient d’un traitement préférentiel sur le lieu de travail chez Amazon
Amazon a insisté sur le fait que l’entreprise n’avait pas l’intention de mettre en œuvre cette idée. « Parfois même de mauvaises idées sont soumises pour des brevets, m’a dit un porte-parole d’Amazon, après la publication de cette histoire. Cela n’a jamais été utilisé et nous n’avons aucun plan d’utilisation. Nous avons développé une bien meilleure solution qui est un petit gilet que les associés peuvent porter et qui impose à tous les robots à proximité de s’immobiliser. »
Qu’il s’agisse d’une cage ou d’un gilet automatique, de toutes façons, ces interventions de sécurité soulèvent la question de savoir si une installation comme un centre de traitement d’Amazon pourrait être conçue de manière à ne pas obliger les humains à faire ces sacrifices frontaliers – tout en étant encore employés de façon rémunérée.
Fondamentalement, le taylorisme n’est pas forcément une question d’efficacité pour l’efficacité, mais d’économie de temps et, par association, d’argent. Parmi les « principes de leadership » d’Amazon, il y a la frugalité, et c’est cet aspect qui semble avoir dépassé leurs autres idéaux, car « faire plus avec moins » semble être le principe dominant dans la façon dont l’entreprise interagit avec tout, et comment cette interaction affecte ses employés et ses clients à travers le monde.
Si une entreprise pratique ce taylorisme dans l’ensemble de sa culture, des êtres humains vont prendre des décisions sur la façon dont d’autres humains doivent travailler ou interagir avec les systèmes d’une manière qui sera dans l’intérêt des métriques qu’ils servent. Si Amazon récompense la frugalité dans la gestion et la collecte de données sur la façon dont la direction gère (ce qu’elle fait), alors la direction va faire ce qu’elle peut pour maximiser les formes d’automatisation afin de rester pertinente dans l’organisation.
Ce principe particulier, couplé avec le taylorisme, crée l’environnement parfait pour que l’exploration et l’analyse de données deviennent délirantes, et pour que les processus qui ont un impact sur la vie réelle des gens soient ignorés. Ceux qui sont dans les bureaux ne voient pas ceux qui sont dans les entrepôts et ne peuvent pas se rendre compte que leurs indicateurs de rendement du service à la clientèle ou de la chaîne d’approvisionnement ont un coût humain. Dans une version extrême de ce qui se passe dans tant d’entreprises, les bénéfices sont liés à des mesures imbriquées dans la chaîne des parties prenantes. Les 10 milliards de dollars de bénéfices d’Amazon proviennent en partie de millions de minuscules décisions « frugales » influencées par le taylorisme, chacune payée au prix fort : la perte de la dignité et de latitude d’action des humains (ou des autres).
Le taylorisme a été conçu et mis en œuvre à une époque où la fabrication était mécanique, et bien que certaines machines aient pu fonctionner plus rapidement que les humains, la plupart des processus qui ont eu un impact sur leur travail étaient analogiques, et au rythme du traitement humain. L’ouvrier de l’entrepôt d’Amazon se trouve au bout de la ligne de l’arbre de décision du taylorisme de la frugalité, et il est soumis à des processus algorithmiques qui contrôlent les données et les machines plus rapidement que de nombreux humains ne peuvent traiter l’information et encore moins agir physiquement sur elle. Ces travailleurs sont dépassés, à un degré inimaginable, mais liés par un mécanisme d’entreprise qui exige toujours plus d’eux et, plus important encore, de la chaîne qui les précède, qu’ils « qui fassent plus avec moins ».
Ainsi, à un moment donné, le fait de céder continuellement à cette analyse extrême des données nous réduira à l’esclavage. Non pas en restreignant nos bras et nos jambes (bien que cette cage d’Amazon s’en rapproche) mais en créant une vision du monde liée par des mesures quantitatives comme seule mesure justifiable. Le taylorisme a été utile dans un contexte manufacturier au début du siècle dernier. Il n’est plus utile ni approprié aujourd’hui, près d’un siècle plus tard, et son adoption continue crée de réels problèmes pour nous en tant que société mondiale.
Finalement, même avec le désir d’accomplir « plus avec moins », il y a un tel excès de « moins » que cela oblige les humains à être en tension et faire « plus », en épuisant leurs propres réserves internes. Si chaque processus est finalement automatisé et restreint l’action humaine, tout en exigeant simultanément notre servitude pour fonctionner, nous serons cloués au mur sans aucun choix, sans rien à donner et sans aucune alternative pour y faire face.
S. A. Applin, PhD, est une anthropologue dont le champ de recherche couvre les domaines du comportement humain, des algorithmes, de l’IA et de l’automatisation dans le contexte des systèmes sociaux et de la sociabilité. Pour en savoir plus : http://sally.com/wiki @anthropunk et PoSR.org.
sur le même sujet