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Le texte, qui interdit aux personnes impliquées dans une organisation « extrémiste » d’être élues, est perçu par l’opposition comme un moyen de la neutraliser à l’approche des législatives de septembre.
pourquoi un homme pourrait-il épouser plusieurs femmes, tandis que la femme n’y serait pas autorisée ? Les esprits s’échauffent. Des élus de partis religieux, chrétiens et musulmans dénoncent une pratique « non africaine », une « insulte à la religion » qui entraînerait la « destruction des valeurs familiales ».
ces 215 enfants, dont certains n’avaient que trois ans, faisaient partie d’un vaste programme colonial visant à acculturer les nations autochtones. Pour ce faire, le Canada a mis en place un système visant à « tuer l’Indien dans l’enfant ».Ce système a souvent tué l’enfant.
Major de promo, Paxton Smith a dénoncé la nouvelle législation du Texas qui interdit l’avortement après six semaines de grossesse, y compris en cas d’inceste ou de viol. “Je ne peux pas renoncer à cette exposition pour promouvoir la paix alors qu’une guerre est menée contre mon corps.”
Video from the cameras is often used in facial-recognition searches. A report finds they are most common in neighborhoods with large nonwhite populations.
L’opérateur britannique BT teste l’utilisation de câbles en fibre optique à âme creuse dans ses réseaux 5G. Avec des résultats prometteurs.
Après avoir annoncé qu’elle ne seraient conservées que pendant 3 mois, afin de rassurer la population, le gouvernement avait depuis allongé cette durée à 20 ans, au motif que le droit prévoyait préalablement une telle durée dans le système national des données de santé, et qu’il n’y avait pas de raison que les données relatives à la Covid-19 diffèrent des autres données de santé.
La Cnil a demandé au gouvernement qu’une personne ne souhaitant pas se faire vacciner puisse faire effacer son nom du fichier.
Certes, Enedis porte la majeure partie du coût (5,39 milliards d’euros). 10 % prélevés sur ses fonds propres, et le reste sous la forme d’un emprunt auprès de la Banque européenne d’investissement (BEI) à un taux extrêmement avantageux : 0,77 %. Mais le tour de passe-passe réside dans le fait que ce n’est pas l’entreprise qui remboursera à proprement parler la somme, mais bien le consommateur à travers notamment un mécanisme dit de « différé tarifaire »[…] Cerise sur le gâteau, le taux d’intérêt appliqué au remboursement ne sera pas du tout le même que le généreux taux de la BEI, comme le rappelle la Cour des comptes dans son rapport, mais de 4,6 %. L’opération s’avère donc juteuse pour Enedis, avec in fine une marge de 2,8 %, soit un demi-milliard d’euros d’intérêts supplémentaires, là aussi payés par les consommateurs.
Après plusieurs féminicides ayant suscité l’émoi ces dernières semaines […] le DCSP leur demande également de “résorber sans délai” le stock des dossiers en cours. Il faut “prioriser le traitement de ces affaires”, écrit-il, y compris “par le renfort d’enquêteurs qui seront détournés de leur périmètre missionnel habituel”
on croit vivre un cauchemar en apprenant par notre enquête que sur les 1000 bracelets électroniques anti-rapprochement disponibles en France, seuls 78 ont été posés, bien peu pour une mesure que la France a adoptée depuis trois ans. […] Il est temps de former gendarmes et policiers à considérer les plaintes déposées pour ce qu’elles sont, l’annonce qu’un crime risque d’être commis.
Dans les commissions d’attribution de logements sociaux, on s’est aperçu qu’au lieu de simplifier les démarches pour l’usager, ce nouveau formulaire met aujourd’hui en difficulté à plus d’un titre aussi bien les demandeurs de logements que les acteurs de la chaîne d’attribution.
Le CIR, ce n’est pas moins de 6,6 milliards d’euros. Cela ne vous dit rien ? Moi non plus. Alors, comme toujours dans ces cas-là, il faut comparer avec un truc que l’on comprend. Prenons le Centre national de la recherche scientifique, le CNRS, qui réunit toutes les disciplines, de la physique théorique aux mathématiques, en passant par la linguistique et l’anthropologie. Le CNRS a des centaines d’équipes de recherche, des dizaines de gros laboratoires avec des machines très chères répartis sur tout le territoire. Quel est le budget total du CNRS ? 3,7 milliards d’euros. Autrement dit, l’État file presque deux fois plus d’argent aux entreprises pour qu’elles trouvent le packaging optimal du yaourt à la fraise ou, légèrement plus grave, pour que la Société Générale invente des produits financiers bien pourris qui feront éclater la prochaine crise boursière, que pour trouver des vaccins, étudier la destruction de la planète, analyser les migrations, les rapports de la population avec la police, les féminicides, etc.
Que faire quand l’hôpital public sature et s’effondre ? Quand les délais de prise en charge du médico-social s’étirent à cause des surcharges de travail et des sous-effectifs ? Des formations « pleine conscience ».
Rozenn Kevel a été licenciée par Chronodrive après avoir défendu des salariées victimes de violences sexuelles. Elle espère faire de son procès un moment politique.
Pour faire avaler à l’opinion publique leur diatribe viriliste, les marchands de peur préfèrent résumer la figure du migrant à celle d’une masculinité pseudo-menaçante. Et taire la violence insupportable – et bien réelle – qui ponctue les destins féminins sur ces routes migratoires.
les plaignantes peuvent non seulement poursuivre Google, mais aussi représenter plus de 10 800 femmes qui pourraient également avoir été injustement moins payées par rapport à leurs collègues masculins
Les applications américaines plébiscitées pendant le Covid-19, comme Teams ou Zoom, présentent “un risque d’accès illégal aux données” par les autorités américaines.
“In addition to capturing everyone’s shopping habits (from amazon.com) and their internet activity (as AWS is one of the most dominant web hosting services)… now they are also effectively becoming a global ISP with a flick of a switch, all without even having to lay a single foot of fiber.”
si un AirTag se reconnecte avec l’iPhone de son propriétaire durant ce délai, le compteur est remis à zéro. Cela signifie que si une personne partage son appartement avec un conjoint jaloux, la balise se reconnectera tous les jours et le stalking peut continuer indéfiniment.
Cette mystérieuse disparition est survenue, vendredi, à la veille de l’anniversaire de la répression chinoise.
Women have been systematically under-diagnosed with ADHD for decades, so I guess it’s not surprising that now we have a platform that promotes women talking about their experiences that a new wave of girls would come to suspect they have the disorder.
as the philosopher George Lakoff pointed out aeons ago, the best way to win arguments is to use metaphor to frame the discourse and dictate the language in which it is conducted. Thus American anti-abortion campaigners framed abortion as murder and the music industry framed filesharing as theft. And who’s in favour of murder or theft ? The metaphor that frames data as oil has similar manipulative power […] The metaphor portrays public data “as a huge, passive, untapped resource – lakes of stuff that only has value when it is extracted and processed. But this framing completely removes the individual agency that created the stuff in the first place. Oil is formed by millions of years of compression and chemical transformation of algae and tiny marine animals. Data is created in real time, as we click and swipe around the internet. The metaphor might work in an economic sense, but it fails to describe what data is as a material. It’s not oil, it’s people.
Casting poverty as a technological problem has shaped decades of US policy and upended public institutions. […] The hope that personal computing, the internet, and the skills to use them will power social mobility is the cultural glue holding a deeply unequal information economy together. In this new mode of social reproduction, no one is ever truly on the outside of the labor market—everyone is constantly searching for the skills, technologies, and opportunities that will help them move through it. This is a feature, not a bug, in neoliberal economic development.
On l’ignore souvent, le règne de la reine Victoria (1837-1901) fut marqué par de nombreux combats en faveur de l’égalité entre femmes et hommes. L’Anglaise Josephine Butler s’impliqua dans nombre d’entre eux, au premier rang desquels l’éducation des femmes. […] son combat majeur, celui qui lui valut plus tard l’admiration de Virginia Woolf, c’est celui qu’elle mena à partir de 1869 contre la criminalisation de la prostitution et contre l’exploitation sexuelle des enfants […] Elle devait obtenir l’abrogation des lois plus de vingt ans plus tard, au terme d’une lutte sans répit qui l’aurait épuisée et ruinée. […] il lui apparut que la société dans son ensemble reposait sur l’exploitation sexuelle des filles des classes défavorisées, et que les lois ne cherchaient au fond qu’à garantir aux consommateurs issus des classes aisées une marchandise saine, et de plus en plus jeune. Il faut bien saisir la portée révolutionnaire du propos : […] pour la première fois, la fille des rues fut regardée comme la victime d’un « système » patenté
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Avec un ton acerbe contre les géants du numérique, Aral Balkan nourrit depuis plusieurs années une analyse lucide et sans concession du capitalisme de surveillance. Nous avons maintes fois publié des traductions de ses diatribes.
Ce qui fait la particularité de ce nouvel article, c’est qu’au-delà de l’adieu à Twitter, il retrace les étapes de son cheminement.
Sa trajectoire est mouvementée, depuis l’époque où il croyait (« quel idiot j’étais ») qu’il suffisait d’améliorer le système. Il revient donc également sur ses années de lutte contre les plateformes prédatrices et les startups .
Il explique quelle nouvelle voie constructive il a adoptée ces derniers temps, jusqu’à la conviction qu’il faut d’urgence « construire l’infrastructure technologique alternative qui sera possédée et contrôlée par des individus, pas par des entreprises ou des gouvernements ». Dans cette perspective, le Fediverse a un rôle important à jouer selon lui.
Article original : Hell Site
Traduction Framalang : Aliénor, Fabrice, goofy, Susy, Wisi_eu
par Aral Balkan
Sur le Fédiverse, ils ont un terme pour Twitter.
Ils l’appellent « le site de l’enfer ».
C’est très approprié.
Lorsque je m’y suis inscrit, il y a environ 15 ans, vers fin 2006, c’était un espace très différent. Un espace modeste, pas géré par des algorithmes, où on pouvait mener des discussions de groupe avec ses amis.
Ce que je ne savais pas à l’époque, c’est que Twitter, Inc. était une start-up financée avec du capital risque.
Même si j’avais su, ça n’aurait rien changé, vu que je n’avais aucune idée sur le financement ou les modèles commerciaux. Je pensais que tout le monde dans la tech essayait simplement de fabriquer les nouvelles choses du quotidien pour améliorer la vie des gens.
Même six ans après, en 2012, j’en étais encore à me concentrer sur l’amélioration de l’expérience des utilisateurs avec le système actuel :
« Les objets ont de la valeur non par ce qu’ils sont, mais par ce qu’ils nous permettent de faire. Et, en tant que personnes qui fabriquons des objets, nous avons une lourde responsabilité. La responsabilité de ne pas tenir pour acquis le temps limité dont chacun d’entre nous dispose en ce monde. La responsabilité de rendre ce temps aussi beau, aussi confortable, aussi indolore, aussi exaltant et aussi agréable que possible à travers les expériences que nous créons.
Parce que c’est tout ce qui compte.
Et il ne tient qu’à nous de le rendre meilleur. »
– C’est tout ce qui compte.
Quel idiot j’étais, pas vrai ?
Vous pouvez prendre autant de temps que nécessaire pour me montrer du doigt et ricaner.
Ok, c’est fait ? Continuons…
À cette époque, je tenais pour acquis que le système en général est globalement bon. Ou du moins je ne pensais pas qu’il était activement mauvais 1.
Bien sûr, j’étais dans les rues à Londres, avec des centaines de milliers de personnes manifestant contre la guerre imminente en Irak. Et bien sûr, j’avais conscience que nous vivions dans une société inégale, injuste, raciste, sexiste et classiste (j’ai étudié la théorie critique des médias pendant quatre ans, du coup j’avais du Chomsky qui me sortait de partout), mais je pensais, je ne sais comment, que la tech existait en dehors de cette sphère. Enfin, s’il m’arrivait de penser tout court.
Ce qui veut clairement dire que les choses n’allaient pas assez mal pour m’affecter personnellement à un point où je ressentais le besoin de me renseigner à ce sujet. Et ça, tu sais, c’est ce qu’on appelle privilège.
Il est vrai que ça me faisait bizarre quand l’une de ces start-ups faisait quelque chose qui n’était pas dans notre intérêt. Mais ils nous ont dit qu’ils avaient fait une erreur et se sont excusés alors nous les avons crus. Pendant un certain temps. Jusqu’à ce que ça devienne impossible.
Et, vous savez quoi, j’étais juste en train de faire des « trucs cools » qui « améliorent la vie des gens », d’abord en Flash puis pour l’IPhone et l’IPad…
Mais je vais trop vite.
Retournons au moment où j’étais complètement ignorant des modèles commerciaux et du capital risque. Hum, si ça se trouve, vous en êtes à ce point-là aujourd’hui. Il n’y a pas de honte à avoir. Alors écoutez bien, voici le problème avec le capital risque.
Le capital risque est un jeu de roulette dont les enjeux sont importants, et la Silicon Valley en est le casino.
Un capital risqueur va investir, disons, 5 millions de dollars dans dix start-ups tout en sachant pertinemment que neuf d’entre elles vont échouer. Ce dont a besoin ce monsieur (c’est presque toujours un « monsieur »), c’est que celle qui reste soit une licorne qui vaudra des milliards. Et il (c’est presque toujours il) n’investit pas son propre argent non plus. Il investit l’argent des autres. Et ces personnes veulent récupérer 5 à 10 fois plus d’argent, parce que ce jeu de roulette est très risqué.
Alors, comment une start-up devient-elle une licorne ? Eh bien, il y a un modèle commercial testé sur le terrain qui est connu pour fonctionner : l’exploitation des personnes.
Voici comment ça fonctionne :
Offrez votre service gratuitement à vos « utilisateurs » et essayez de rendre dépendants à votre produit le plus de gens possible.
Pourquoi ?
Parce qu’il vous faut croître de manière exponentielle pour obtenir l’effet de réseau, et vous avez besoin de l’effet de réseau pour enfermer les gens que vous avez attirés au début.
Bon dieu, des gens très importants ont même écrit des guides pratiques très vendus sur cette étape, comme Hooked : comment créer un produit ou un service qui ancre des habitudes.
Voilà comment la Silicon Valley pense à vous.
Collectez autant de données personnelles que possible sur les gens.
Pistez-les sur votre application, sur toute la toile et même dans l’espace physique, pour créer des profils détaillés de leurs comportements. Utilisez cet aperçu intime de leurs vies pour essayer de les comprendre, de les prédire et de les manipuler.
Monétisez tout ça auprès de vos clients réels, qui vous paient pour ce service.
C’est ce que certains appellent le Big Data, et que d’autres appellent le capitalisme de surveillance.
Une start-up est une affaire temporaire, dont le but du jeu est de se vendre à une start-up en meilleure santé ou à une entreprise existante de la Big Tech, ou au public par le biais d’une introduction en Bourse.
Si vous êtes arrivé jusque-là, félicitations. Vous pourriez fort bien devenir le prochain crétin milliardaire et philanthrope en Bitcoin de la Silicon Valley.
De nombreuses start-ups échouent à la première étape, mais tant que le capital risque a sa précieuse licorne, ils sont contents.
Je ne savais donc pas que le fait de disposer de capital risque signifiait que Twitter devait connaître une croissance exponentielle et devenir une licorne d’un milliard de dollars. Je n’avais pas non plus saisi que ceux d’entre nous qui l’utilisaient – et contribuaient à son amélioration à ce stade précoce – étaient en fin de compte responsables de son succès. Nous avons été trompés. Du moins, je l’ai été et je suis sûr que je ne suis pas le seul à ressentir cela.
Tout cela pour dire que Twitter était bien destiné à devenir le Twitter qu’il est aujourd’hui dès son premier « investissement providentiel » au tout début.
C’est ainsi que se déroule le jeu du capital risque et des licornes dans la Silicon Valley. Voilà ce que c’est. Et c’est tout ce à quoi j’ai consacré mes huit dernières années : sensibiliser, protéger les gens et construire des alternatives à ce modèle.
Voici quelques enregistrements de mes conférences datant de cette période, vous pouvez regarder :
Dans le cadre de la partie « sensibilisation », j’essayais également d’utiliser des plateformes comme Twitter et Facebook à contre-courant.
Comme je l’ai écrit dans Spyware vs Spyware en 2014 : « Nous devons utiliser les systèmes existants pour promouvoir nos alternatives, si nos alternatives peuvent exister tout court. » Même pour l’époque, c’était plutôt optimiste, mais une différence cruciale était que Twitter, au moins, n’avait pas de timeline algorithmique.
Qu’est-ce qu’une timeline algorithmique ? Essayons de l’expliquer.
Ce que vous pensez qu’il se passe lorsque vous tweetez : « j’ai 44 000 personnes qui me suivent. Quand j’écris quelque chose, 44 000 personnes vont le voir ».
Ce qui se passe vraiment lorsque vous tweetez : votre tweet pourrait atteindre zéro, quinze, quelques centaines, ou quelques milliers de personnes.
Et ça dépend de quoi ?
Dieu seul le sait, putain.
(Ou, plus exactement, seul Twitter, Inc. le sait.)
Donc, une timeline algorithmique est une boîte noire qui filtre la réalité et décide de qui voit quoi et quand, sur la base d’un lot de critères complètement arbitraires déterminés par l’entreprise à laquelle elle appartient.
En d’autres termes, une timeline algorithmique est simplement un euphémisme pour parler d’un enfumage de masse socialement acceptable. C’est de l’enfumage 2.0.
La nature de l’algorithme reflète la nature de l’entreprise qui en est propriétaire et l’a créé.
Étant donné que les entreprises sont sociopathes par nature, il n’est pas surprenant que leurs algorithmes le soient aussi. En bref, les algorithmes d’exploiteurs de personnes comme Twitter et Facebook sont des connards qui remuent la merde et prennent plaisir à provoquer autant de conflits et de controverses que possible.
Hé, qu’attendiez-vous exactement d’un milliardaire qui a pour bio #Bitcoin et d’un autre qui qualifie les personnes qui utilisent sont utilisées par son service de « pauvres cons » ?
Ces salauds se délectent à vous montrer des choses dont ils savent qu’elles vont vous énerver dans l’espoir que vous riposterez. Ils se délectent des retombées qui en résultent. Pourquoi ? Parce que plus il y a d’« engagement » sur la plateforme – plus il y a de clics, plus leurs accros (« utilisateurs ») y passent du temps – plus leurs sociétés gagnent de l’argent.
Eh bien, ça suffit, merci bien.
Certes je considère important de sensibiliser les gens aux méfaits des grandes entreprises technologiques, et j’ai probablement dit et écrit tout ce qu’il y a à dire sur le sujet au cours des huit dernières années. Rien qu’au cours de cette période, j’ai donné plus d’une centaine de conférences, sans parler des interviews dans la presse écrite, à la radio et à la télévision.
Voici quelques liens vers une poignée d’articles que j’ai écrits sur le sujet au cours de cette période :
Est-ce que ça a servi à quelque chose ?
Je ne sais pas.
J’espère que oui.
J’ai également interpellé d’innombrables personnes chez les capitalistes de la surveillance comme Google et Facebook sur Twitter et – avant mon départ il y a quelques années – sur Facebook, et ailleurs. (Quelqu’un se souvient-il de la fois où j’ai réussi à faire en sorte que Samuel L. Jackson interpelle Eric Schmidt sur le fait que Google exploite les e-mails des gens ?) C’était marrant. Mais je m’égare…
Est-ce que tout cela a servi à quelque chose ?
Je ne sais pas.
J’espère que oui.
Mais voici ce que je sais :
Est-ce que dénoncer les gens me rend malheureux ? Oui.
Est-ce que c’est bien ? Non.
Est-ce que j’aime les conflits ? Non.
Alors, trop c’est trop.
Les gens viennent parfois me voir pour me remercier de « parler franchement ». Eh bien, ce « parler franchement » a un prix très élevé. Alors peut-être que certaines de ces personnes peuvent reprendre là où je me suis arrêté. Ou pas. Dans tous les cas, j’en ai fini avec ça.
Une chose qu’il faut comprendre du capitalisme de surveillance, c’est qu’il s’agit du courant dominant. C’est le modèle dominant. Toutes les grandes entreprises technologiques et les startups en font partie2. Et être exposé à leurs dernières conneries et aux messages hypocrites de personnes qui s’y affilient fièrement tout en prétendant œuvrer pour la justice sociale n’est bon pour la santé mentale de personne.
C’est comme vivre dans une ferme industrielle appartenant à des loups où les partisans les plus bruyants du système sont les poulets qui ont été embauchés comme chefs de ligne.
J’ai passé les huit dernières années, au moins, à répondre à ce genre de choses et à essayer de montrer que la Big Tech et le capitalisme de surveillance ne peuvent pas être réformés.
Et cela me rend malheureux.
J’en ai donc fini de le faire sur des plates-formes dotées d’algorithmes de connards qui s’amusent à m’infliger autant de misère que possible dans l’espoir de m’énerver parce que cela « fait monter les chiffres ».
Va te faire foutre, Twitter !
J’en ai fini avec tes conneries.
À bien des égards, cette décision a été prise il y a longtemps. J’ai créé mon propre espace sur le fediverse en utilisant Mastodon il y a plusieurs années et je l’utilise depuis. Si vous n’avez jamais entendu parler du fediverse, imaginez-le de la manière suivante :
Imaginez que vous (ou votre groupe d’amis) possédez votre propre copie de twitter.com
. Mais au lieu de twitter.com
, le vôtre se trouve sur votre-place.org
. Et à la place de Jack Dorsey, c’est vous qui fixez les règles.
Vous n’êtes pas non plus limité à parler aux gens sur votre-place.org
.
Je possède également mon propre espace sur mon-espace.org
(disons que je suis @moi@mon-espace.org
). Je peux te suivre @toi@ton-espace.org
et aussi bien @eux@leur.site
et @quelquun-dautre@un-autre.espace
. Ça marche parce que nous parlons tous un langage commun appelé ActivityPub.
Donc imaginez un monde où il y a des milliers de twitter.com
qui peuvent tous communiquer les uns avec les autres et Jack n’a rien à foutre là-dedans.
Eh bien, c’est ça, le Fediverse.
Et si Mastodon n’est qu’un moyen parmi d’autres d’avoir son propre espace dans le Fediverse, joinmastodon.org est un bon endroit pour commencer à se renseigner sur le sujet et mettre pied à l’étrier de façon simple sans avoir besoin de connaissances techniques. Comme je l’ai déjà dit, je suis sur le Fediverse depuis les débuts de Mastodon et j’y copiais déjà manuellement les posts sur Twitter.
Maintenant j’ai automatisé le processus via moa.party et, pour aller de l’avant, je ne vais plus me connecter sur Twitter ou y répondre3.
Vu que mes posts sur Mastodon sont maintenant automatiquement transférés là-bas, vous pouvez toujours l’utiliser pour me suivre, si vous en avez envie. Mais pourquoi ne pas utiliser cette occasion de rejoindre le Fediverse et vous amuser ?
Si je pense toujours qu’avoir des bonnes critiques de la Big Tech est essentiel pour peser pour une régulation efficace, je ne sais pas si une régulation efficace est même possible étant donné le niveau de corruption institutionnelle que nous connaissons aujourd’hui (lobbies, politique des chaises musicales, partenariats public-privé, captation de réglementation, etc.)
Ce que je sais, c’est que l’antidote à la Big Tech est la Small Tech.
Nous devons construire l’infrastructure technologique alternative qui sera possédée et contrôlée par des individus, pas par des entreprises ou des gouvernements. C’est un prérequis pour un futur qui respecte la personne humaine, les droits humains, la démocratie et la justice sociale.
Dans le cas contraire, nous serons confrontés à des lendemains sombres où notre seul recours sera de supplier un roi quelconque, de la Silicon Valley ou autre, « s’il vous plaît monseigneur, soyez gentil ».
Je sais aussi que travailler à la construction de telles alternatives me rend heureux alors que désespérer sur l’état du monde ne fait que me rendre profondément malheureux. Je sais que c’est un privilège d’avoir les compétences et l’expérience que j’ai, et que cela me permet de travailler sur de tels projets. Et je compte bien les mettre à contribution du mieux possible.
Pour aller de l’avant, je prévois de concentrer autant que possible de mon temps et de mon énergie à la construction d’un Small Web.
Si vous avez envie d’en parler (ou d’autre chose), vous pouvez me trouver sur le Fediverse.
Vous pouvez aussi discuter avec moi pendant mes live streams S’update et pendant nos live streams Small is beautiful avec Laura.
Des jours meilleurs nous attendent…
Prenez soin de vous.
Portez-vous bien.
Aimez-vous les uns les autres.
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Un porte-conteneurs, en feu depuis dix jours au large de Colombo, menace de se briser et de provoquer une catastrophe environnementale en déversant notamment des centaines de tonnes de fioul dans l’océan Indien.
La Haute Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a souligné ce jeudi qu’elle n’avait pas encore reçu de preuves que les bâtiments visés par les frappes israéliennes sur Gaza étaient utilisés à des fins militaires.
Le président rwandais Paul Kagame explique avoir choisi de reconnaître le travail de la France sur son rôle dans le génocide de 1994, même s’il n’a pas abouti à des excuses
Cinq femmes ont été tuées la semaine dernière par leur conjoint ou ex-conjoint en Espagne. Ces meurtres, auquel s’ajoute celui d’un enfant, portent à 14 le total des féminicides perpétrés depuis le début de l’année dans ce pays.
Avant que le vaccin soit injecté aux adolescents français en revanche, il reste plusieurs étapes à franchir, à commencer par une volonté politique de fournir le vaccin aux jeunes.
Face à ces chiffres, le gouvernement britannique est accusé d’avoir tardé à prendre des mesures pour restreindre l’arrivée de personnes en provenance d’Inde.
Cet arrêt est l’aboutissement de trois procès qui accusaient le régime d’interception massive mis en place par le GCHQ d’être incompatible avec le droit au respect de la vie privée. Ces procès ont eu lieu en 2013 à la suite des révélations d’Edward Snowden
Perplexes, les parents ont pointé du doigt le fait que certaines photos de garçons en maillot de bain avaient été publiées dans l’annuaire sans quelconque modification, souligne le Record de Saint-Augustine. Il faut dire que le code vestimentaire de l’établissement scolaire n’est pas vraiment le même concernant les filles et les garçons.
Le président du Brésil voulait des manifestations de soutien, il a déclenché une vague de contestation. Des dizaines de milliers d’opposants ont crié leur colère samedi dans plusieurs villes du pays.
Samsung, like every manufacturer, should set their old phones free. Open up their bootloaders. Let people use their cameras, sensors, antennas, and screens for all kinds of purposes, using whatever software people can dream up. The world needs fun, exciting, and money-saving ways to reuse older phones, not a second-rate tie-in to yet another branded internet-of-things ecosystem.
Lemonade tweeted about what it means to be an AI-first insurance company. It left a sour taste in many customers’ mouths.
Pour économiser l’énergie mais aussi servir de station météo, faire respecter la distanciation sociale, ou gérer le trafic routier…, nombre de villes travaillent sur le mobilier urbain.
Accusée d’être trop clémente à l’égard de la délinquance en général et des agresseurs de policiers en particulier, la justice nie tout angélisme et refuse d’être « l’otage des joutes électorales ». L’analyse des statistiques pénales lui donne raison.
L’inspection devra toutefois établir quelles suites ont été données à une main courante de la victime visant son compagnon, enregistrée le 14 janvier 2020, et à une plainte qu’elle avait déposée le 26 novembre 2020. “Les deux faisant état de violences verbales ou de harcèlement ou de menaces de mort” […] [le suspect] n’était “pas identifié judiciairement parlant comme un conjoint violent”
Cette Nantaise d’une trentaine d’années avait été harcelée, violentée et menacée de mort par son ex-mari.
« 4 % des femmes hétérosexuelles disent avoir été victimes de viol, contre 10 % des femmes lesbiennes. On ne peut pas faire semblant de ne pas comprendre »
Il n’y aura pas de véritable amélioration tant qu’il n’y aura pas d’enquête systématique sur les violences médicales permettant de créer des statistiques. Surtout, l’urgence est d’améliorer la formation des médecins et des sages-femmes, les sensibiliser aux différentes formes de discriminations, leur apprendre à respecter les corps et les choix de leurs patient.es. Enfin, il faut contrôler davantage les médecins, les sanctionner en cas de refus de soin opposé à des femmes, des trans ou des intersexes en raison de leur précarité, de leur orientation sexuelle, de leur religion, de leur poids, de leur handicap, etc.
Si elle valide son principe, la Cnil juge que le texte qui l’instaure ne présente pas suffisamment de garanties en termes de libertés publiques.
“C’est du pur affichage […] On n’a pas obtenu la loi de programmation pluriannuelle, donc, au-delà de 2022, on ne sait pas ce qui va se passer.”
Soyons honnêtes, Citoyen Darmanin, ce n’est pas la première fois que vous menacez de porter plainte contre une femme pour la faire taire.[…]Il est là, le problème, Citoyen Darmanin : le mélange des genres. L’exécutif qui instrumentalise le judiciaire par manœuvre politicienne.[…]Un État dans lequel il n’est pas permis de critiquer les institutions publiques, après tout, c’est une dictature.
« ce qui est terrible c’est que, malgré le Covid, les hôpitaux manquent toujours terriblement de moyens […] De nombreux soignants démissionnent, les lits ferment faute de personnel, et nous ne sommes plus en mesure de prendre en charge correctement les patients »
L’application par la mairie de Paris de la réforme de transformation de la fonction publique leur ferait perdre huit jours de congés par an. Les éboueurs et les égoutiers ne veulent pas en entendre parler.
“Collectif en lutte” porte aujourd’hui plusieurs revendications. La première et celle sur laquelle veulent à tout prix plancher le mouvement, concerne les tarifs genrés. “Ils mettent en avant deux problèmes majeurs, ce que l’on appelle “la taxe rose”. Pour une même coupe, une femme paiera toujours plus cher qu’un homme et sur le respect du genre de chacun parce que l’on va positionner la personne du côté homme ou du côté femme”
La Cnil veut mettre un terme à l’utilisation par l’enseignement supérieur et de la recherche d’outils collaboratifs proposés par des entreprises américaines car les données ainsi hébergées peuvent être transférées aux autorités américaines. Une période transitoire est prévue avant de basculer tous les services vers des solutions alternatives.
En partenariat avec Microsoft, Bleu proposera mettra à disposition de ses clients les solutions sécurisées cloud du géant américain, en l’occurrence les suites de collaboration et de productivité Microsoft 365 ainsi que l’ensemble des services de la plateforme cloud Microsoft Azure.
Et si, finalement, le projet de numérisation de l’école échouait grâce à la résistance des élèves et des professeur·es ?
La violence étant un instrument essentiel du contrôle masculin sur les femmes, tout « traitement » de cette violence qui n’identifie pas correctement les conditions sociales qui la produisent non seulement ne peut avoir d’impact significatif sur elle mais contribue à la perpétuer en entretenant l’illusion qu’il la réduit.
« L’émancipation nécessite de trouver ce point de basculement où pouvoir et domination se subvertissent eux-mêmes. »[…]La domination au fond c’est ça : l’impossibilité de dire « jette mon livre », s’imposer toujours comme le maître, la personne ou l’instance dont on ne peut pas se passer, à laquelle il faut continûment se référer.
QUIC, déjà largement déployé, peut changer pas mal de choses sur le fonctionnement de l’Internet, en remplaçant, au moins partiellement, TCP.
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Non, ce n’est pas une marque de biscuits apéritifs aux cacahuètes, mais un outil logiciel méconnu qui mérite pourtant de faire partie de notre culture numérique. On révise ?
Bien qu’ignoré de la plupart des internautes, il est d’un usage familier pour celles et ceux qui travaillent en coulisses pour le Web. L’adage : « si un site web n’est pas « curlable », ce n’est pas du Web » fait de curl un outil majeur pour définir ce qu’est le Web aujourd’hui.
Son développeur principal suédois Daniel Stenberg retrace ici la genèse de cURL, son continu développement et surtout, ce qui devrait intéresser les moins geeks de nos lecteurs, son incroyable diffusion, à travers sa bibliothèque libcurl
, au cœur de tant d’objets et appareils familiers. Après des débuts fort modestes, « la quasi-totalité des appareils connectés à Internet exécutent curl » !
Si vous n’êtes pas développeur et que les caractéristiques techniques de curl sont pour vous un peu obscures, allez directement à la deuxième partie de l’article pour en comprendre facilement l’importance.
Article original sur le blog de l’auteur : curl is 23 years old today
Traduction : Fabrice, Goofy, Julien/Sphinx, jums, NGFChristian, tTh,
par Daniel Stenberg
La date de naissance officielle de curl, le 20 mars 1998, marque le jour de la toute première archive tar qui pouvait installer un outil nommé curl. Je l’ai créé et nommé curl 4.0 car je voulais poursuivre la numérotation de versions que j’avais déjà utilisée pour les noms précédents de l’outil. Ou plutôt, j’ai fait un saut depuis la 3.12, qui était la dernière version que j’avais utilisée avec le nom précédent : urlget.
Bien sûr, curl n’a pas été créé à partir de rien ce jour-là. Son histoire commence une petite année plus tôt : le 11 novembre 1996 a été publié un outil appelé httpget, développé par Rafael Sagula. C’est un projet j’avais trouvé et auquel j’avais commencé à contribuer. httpget 0.1 était un fichier de code C de moins de 300 lignes. (La plus ancienne version dont j’aie encore le code source est httpget 1.3, retrouvée ici)
Comme je l’ai évoqué à de multiples reprises, j’ai commencé à m’attaquer à ce projet parce que je voulais avoir un petit outil pour télécharger des taux de change régulièrement depuis un site internet et les fournir via mon petit bot 1 de taux de change sur IRC2.
Ces petites décisions prises rapidement à cette époque allaient avoir plus tard un impact significatif et influencer ma vie. curl a depuis toujours été l’un de mes passe-temps principaux. Et bien sûr il s’agit aussi d’un travail à plein temps depuis quelques années désormais.
En ce même jour de novembre 1996 a été distribué pour la première fois le programme Wget (1.4.0). Ce projet existait déjà sous un autre nom avant d’être distribué, et je crois me souvenir que je ne le connaissais pas, j’utilisais httpget pour mon robogiciel. Peut-être que j’avais vu Wget et que je ne l’utilisais pas à cause de sa taille : l’archive tar de Wget 1.4.0 faisait 171 ko.
Peu de temps après, je suis devenu le responsable de httpget et j’ai étendu ses fonctionnalités. Il a ensuite été renommé urlget quand je lui ai ajouté le support de Gopher et de FTP (ce que j’ai fait parce que j’avais trouvé des taux de change sur des serveurs qui utilisaient ces protocoles). Au printemps 1998, j’ai ajouté le support de l’envoi par FTP et comme le nom du programme ne correspondait plus clairement à ses fonctionnalités j’ai dû le renommer une fois de plus3.
Nommer les choses est vraiment difficile. Je voulais un nom court dans le style d’Unix. Je n’ai pas planché très longtemps puisque j’ai trouvé un mot marrant assez rapidement. L’outil fonctionne avec des URL, et c’est un client Internet. « c » pour client et URL ont fait que « cURL » semblait assez pertinent et marrant. Et court. Bien dans de style d’Unix.
J’ai toujours voulu que curl soit un citoyen qui s’inscrive dans la tradition Unix d’utiliser des pipes4, la sortie standard, etc. Je voulais que curl fonctionne comme la commande cat, mais avec des URL. curl envoie donc par défaut le contenu de l’URL sur la sortie standard dans le terminal. Tout comme le fait cat. Il nous permettra donc de « voir » le contenu de l’URL. La lettre C se prononce si (Ndt : ou see, « voir » en anglais) donc « see URL » fonctionne aussi. Mon esprit blagueur n’en demande pas plus, mais je dis toujours « kurl ».
Le logo original, créé en 1998 par Henrik Hellerstedt
J’ai créé le paquet curl 4.0 et l’ai rendu public ce vendredi-là. Il comprenait alors 2 200 lignes de code. Dans la distribution de curl 4.8 que j’ai faite quelques mois plus tard, le fichier THANKS mentionnait 7 contributeurs[Note] Daniel Stenberg, Rafael Sagula, Sampo Kellomaki, Linas Vepstas, Bjorn Reese, Johan Anderson, Kjell Ericson[/note]. Ça nous a pris presque sept ans pour atteindre une centaine de contributeurs. Aujourd’hui, ce fichier liste plus de 2 300 noms et nous ajoutons quelques centaines de noms chaque année. Ce n’est pas un projet solo !
curl n’a pas eu un succès massif. Quelques personnes l’ont découvert et deux semaines après cette première distribution, j’ai envoyé la 4.1 avec quelques corrections de bugs et une tradition de plusieurs décennies a commencé : continuer à publier des mises à jour avec des corrections de bug. « Distribuer tôt et souvent » est un mantra auquel nous nous sommes conformés.
Plus tard en 1998, après plus de quinze distributions, notre page web présentait cette excellente déclaration :
Je n’ai jamais eu envie de conquérir le monde ou nourri de visions idylliques pour ce projet et cet outil. Je voulais juste que les transferts sur Internet soient corrects, rapides et fiables, et c’est ce sur quoi j’ai travaillé.
Afin de mieux procurer au monde entier de quoi réaliser de bons transferts sur Internet, nous avons lancé la bibliothèque libcurl, publiée pour la première fois à l’été 2000. Cela a permis au projet de se développer sous un autre angle 5. Avec les années, libcurl est devenue de facto une API de transfert Internet.
Aujourd’hui, alors qu’il fête son 23e anniversaire, c’est toujours principalement sous cet angle que je vois le cœur de mon travail sur curl et ce que je dois y faire. Je crois que si j’ai atteint un certain succès avec curl avec le temps, c’est principalement grâce à une qualité spécifique. En un mot :
Nous tenons bon. Nous surmontons les problèmes et continuons à perfectionner le produit. Nous sommes dans une course de fond. Il m’a fallu deux ans (si l’on compte à partir des précurseurs) pour atteindre 300 téléchargements. Il en a fallu dix ou presque pour qu’il soit largement disponible et utilisé.
En 2008, le site web pour curl a servi 100 Go de données par mois. Ce mois-ci, c’est 15 600 Go (soit fait 156 fois plus en 156 mois) ! Mais bien entendu, la plupart des utilisatrices et utilisateurs ne téléchargent rien depuis notre site, c’est leur distribution ou leur système d’exploitation qui leur met à disposition curl.
curl a été adopté au sein de Red Hat Linux à la fin de l’année 1998, c’est devenu un paquet Debian en mai 1999 et faisait partie de Mac OS X 10.1 en août 2001. Aujourd’hui, il est distribué par défaut dans Windows 10 et dans les appareils iOS et Android. Sans oublier les consoles de jeux comme la Nintendo Switch, la Xbox et la PS5 de Sony.
Ce qui est amusant, c’est que libcurl est utilisé par les deux principaux systèmes d’exploitation mobiles mais que ces derniers n’exposent pas d’API pour ses fonctionnalités. Aussi, de nombreuses applications, y compris celles qui sont largement diffusées, incluent-elles leur propre version de libcurl : YouTube, Skype, Instagram, Spotify, Google Photos, Netflix, etc. Cela signifie que la plupart des personnes qui utilisent un smartphone ont curl installé plusieurs fois sur leur téléphone.
Par ailleurs, libcurl est utilisé par certains des jeux vidéos les plus populaires : GTA V, Fortnite, PUBG mobile, Red Dead Redemption 2, etc.
libcurl alimente les fonctionnalités de lecteurs média ou de box comme Roku, Apple TV utilisés par peut-être un demi milliard de téléviseurs.
curl et libcurl sont pratiquement intégrés dans chaque serveur Internet, c’est le moteur de transfert par défaut de PHP qui est lui-même utilisé par environ 80 % des deux milliards de sites web.
Maintenant que les voitures sont connectées à Internet, libcurl est utilisé dans presque chaque voiture moderne pour le transfert de données depuis et vers les véhicules.
À cela s’ajoutent les lecteurs média, les appareils culinaires ou médicaux, les imprimantes, les montres intelligentes et les nombreux objets « intelligents » connectés à Internet. Autrement dit, la quasi-totalité des appareils connectés à Internet exécutent curl.
Je suis convaincu que je n’exagère pas quand je déclare que curl existe sur plus de dix milliards d’installations sur la planète.
À plusieurs reprises lors de ces années, j’ai essayé de voir si curl pouvait rejoindre une organisation cadre mais aucune n’a accepté et, en fin de compte, je pense que c’est mieux ainsi. Nous sommes complètement seuls et indépendants de toute organisation ou entreprise. Nous faisons comme nous l’entendons et nous ne suivons aucune règle édictée par d’autres. Ces dernières années, les dons et les soutiens financiers se sont vraiment accélérés et nous sommes désormais en situation de pouvoir confortablement payer des récompenses pour la chasse aux bugs de sécurité par exemple.
Le support commercial que nous proposons, wolfSSL et moi-même, a je crois renforcé curl : cela me laisse encore plus de temps pour travailler sur curl, et permet à davantage d’entreprises d’utiliser curl sereinement, ce qui en fin de compte le rend meilleur pour tous.
Ces 300 lignes de code fin 1996 sont devenues 172 000 lignes en mars 2021.
Notre travail le plus important est de ne pas « faire chavirer le navire ». Fournir la meilleure et la plus solide bibliothèque de transfert par Internet, sur le plus de plateformes possible.
Mais pour rester attractifs, nous devons vivre avec notre temps, c’est à dire de nous adapter aux nouveaux protocoles et aux nouvelles habitudes au fur et à mesure qu’ils apparaissent. Prendre en charge de nouvelles versions de protocoles, permettre de meilleures manières de faire les choses et, au fur et à mesure, abandonner les mauvaises choses de manière responsable pour ne pas nuire aux personnes qui utilisent le logiciel.
À court terme je pense que nous voulons travailler à nous assurer du fonctionnement d’HTTP/3, faire de Hyper 6 une brique de très bonne qualité et voir ce que devient la brique rustls.
Après 23 ans, nous n’avons toujours pas de vision idéale ni de feuille de route pour nous guider. Nous allons là où Internet et nos utilisatrices nous mènent. Vers l’avant, toujours plus haut !
La feuille de route de curl ;-)
Pendant les jours qui ont précédé cet anniversaire, j’ai tweeté 23 « statistiques de curl » en utilisant le hashtag #curl23. Ci-dessous ces vingt-trois nombres et faits.
Crédits images AnnaER
After several years, Framasoft has decided to stop the developments of its software Framaforms, which provides you the same name service. And to avoid any confusion between the software’s name and the service named Framaforms (which remains open, don’t worry), we have decided to give it a new name : Yakforms. Let’s see what motivated this decision.
Please note :
The original French version of this article has been published on this blog on May 25th, 2021
Officially released on October 5, 2016 as an alternative to Google Forms, Framaforms is an online service that allows internet users to simply create forms, by dragging and dropping elements (text fields, checkboxes, drop-down menu, etc.), to share them and analyze the answers.
Unlike most of the services presented in the De-google-ify internet campaign, Framaforms is based on a software developed by one of the association’s employees. Framasoft has always preferred to offer and promote existing free-libre softwares that have their own community, rather than developing homemade solutions that need to be maintained and developed, not to mention user support. But no satisfying software was found to provide an alternative to Google Forms : most of the existing free-libre softwares were not online services, or were pretty hard to use or too expensive.
Also, Pyg, the general director of Framasoft at the time, decided to develop a simple and user-friendly tool. Considering his technical skills, he chose a solution using Drupal (one of the most intalled free-libre Content Management Software – or CMS – in the world) and the Webform module (for creating forms). Feel free to read his interview published at the time where he talked about his choices.
Four years and a half later, Framaforms is one of the most used services of Framasoft. In 2020, framaforms.org represented more than 36 million page views (a 250 % increase compared to 2019). In the last twelve months (May 2020 to April 2021) alone, almost 100,000 forms were created on Framaforms where they collected over 2 million responses. Every week more than 1,000 of you create more than 3,000 forms. That’s really impressive !
Sometimes, we wonder why this service is so successfull ! Of course, we did our best to promote it. Of course, internet users are more and more aware of the need to change their digital practices to protect their privacy. Of course, we know that asking for sensitive information, such as gender identity or sexual orientation, via a Google Forms is less and less common and acceptable.
But it seems that the main reason why you use Framaforms is just because one day, you were asked to submit a form hosted on framaforms.org and therefore you discovered the tool. Form creators indirectly become self-prescribers of the service to their audience. Submitting to a form gives you an active experience of the tool and then allows you to become a creator more easily. That confirms that Framaforms is a tool with a future.
However, since its development in 2016, Framaforms is a tool that hasn’t much evolved. As you can notice on the software’s repository, the team has regularly updated Drupal and the modules used, improved performances (especially by switching to php7 and changing servers), fixed identified bugs but added very few features (some in 2017).
Besides, since 2016, Framasoft is the new editor of two softwares : PeerTube and Mobilizon. With Framadate and Framaforms, Framasoft finds itself managing 4 different softwares, not to mention all the existing projects to which our association contributes. And it’s a lot for a small not-for-profit like ours. We decided that our capacity to develop should be focused on PeerTube and Mobilizon, at the cost of the two other tools.
Finally, because of its technical bases, Framaforms software wasn’t suitable for installation by other hosting companies : the process was arduous. This explains why Framaforms didn’t become much of a « swarm », unlike other successful softwares currently supported by a large community. So far, very few instances are installed, which increases the pressure on the Framaforms service that has to take care of all users’ burden.
That’s one of the main reasons why we welcomed Théo as an intern from February to July 2020. His main missions were to :
Théo worked very hard on new features. Among the most important ones :
Concerning the software installation process, Théo has created a Drupal installation profile for Framaforms offering instance administrators Framaforms module (enriched), and webform modules on which the software is based. Framaforms can now be installed directly via the Drupal interface rather than by manipulating files via a terminal. This simplifies the installation process, with the significant advantage that it’s very similar to the Drupal installation process.
Despite these improvements, Framasoft knows that, as long as the software has the same name than the associated service, people would always think that Framasoft is responsible for developing and maintaining the software.
Even though we don’t consider closing down the framaforms.org service, we don’t want to dedicate as much energy developing this tool. At least, we don’t want to be the only ones to do it, therefore we would like a development community to emerge who will take over Framaforms software to bring it new features.
The emergence of this community is needed to keep the software alive. Framaforms needs, at least, interventions on security flaws and functional bugs that may appear. And this software would also deserve new features, interface and ergonomy improvements, etc.
In order to prepare this community, we offered Théo to join the salaried team for a few months. His missions : to work on the internationalization (making the software translatable), to provide instances customization (allowing administrators to configure some elements such as the instance name, its formatting or its limitations) and to develop new features (limiting the number of answers per form and the number of forms per account). He also had to create a presentation website where everything about the software would be accessible, whether you are a simple user, an administrator or a developer.
The other important thing for us was to rename Framaforms to avoid any confusion with the framaforms.org service. After many brainstormings, we chose the name Yakforms to replace Framaforms. Why Yakforms ? Well… this choice is both a combination of bad puns and the desire to have a mascot. So why a yak ? The mystery remains, and we are committed to inventing a different answer every time we are asked. Because the only answer that matters, is the one given by the future development community created around this software (or that will copy it, « fork » it to give it a brand new direction, and a new name).
Théo also did his best to create a community around Yakforms. Therefore he thought a lot about different online spaces that would allow a community to exchange and pull together. He created a dedicated category on the Framacolibri forum and a website presenting the software : its main features, how to install an instance and how to contribute to its development.
We hope that many of you will browse through it to learn more about the main features, to find out how to install it or participate in its development. Because this software won’t evolve without you. Joining the Yakforms community means participating in the software development : improving its code, rethinking its ergonomics, translating its interfaces or documenting its use.
So get hold of Yakforms ! Install it, translate it, fork it, challenge it or offer feedback on the forum, etc. By releasing this project from Framasoft’s control, we hope that a diverse and strong community will take it further than we did. Yakforms is in your hands, and we look forward to seeing what you will do with it !
And a huge thanks to the #MemesTeam for their creativity !