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Printeurs 38

samedi 23 janvier 2016 à 12:13
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Ceci est le billet 38 sur 38 dans la série Printeurs

Nellio et Junior sont arrivés dans une usine de mannequins sexuels à l’effigie d’Eva. La voix d’Eva retentit derrière eux.

— Qu’est-ce qui me prouve que tu es la vraie Eva ?
— Nellio, je suis l’Eva que tu as toujours connue, que tu as rencontrée à la conférence de CrazyDog.
— Tu n’as pas répondu à ma question ! D’ailleurs, pourquoi m’as-tu envoyé les coordonnées de cette usine ?
— Mais je n’ai pas…
— C’est moi !

La voix est douce, chaude. Elle jaillit dans mon dos comme celle d’un commentateur d’une vidéo animalière. Je me retourne et tombe face à face avec un amas de chairs, de métal et de plastiques.
— Max !
— Et oui, poursuit-il de son timbre incroyablement chaleureux. Comme tu peux l’entendre, j’ai même réparé mon générateur vocal.

Les deux employés s’approchent de nous. Je constate qu’aucun ne semble manifester de curiosité excessive ni même d’étonnement. Le plus grand des deux s’adresse familièrement à Max.
— Max, bordel, ce sont tes amis ? C’est toi qui les a amenés ici ? Tu risques de nous attirer des emmerdes !
– Relax, poursuit la voix chaude et envoutante du générateur. C’était le seul endroit auquel je faisais suffisamment confiance pour pouvoir rencontrer Nellio en toute sécurité. C’était également nécessaire en vue de son édification.
— Hein ? Je pige rien Max. Tout ce que je sais c’est que vous êtes quatre personnes non autorisées et que nous risquons de perdre notre boulot.
— Votre boulot ?

Max éclate de rire. Son corps hybride se tord et se dandine mais, étrangement, seul un rire calme et sympathique se fait entendre.

— Tu parles d’un boulot ! Vous passez votre temps à consulter des sites pornos et à baiser des mannequins désarticulés. Vous êtes les deux seuls humains de toute l’usine car le contrat d’exploitation exigeait la création d’emplois locaux !
— Ça, ce n’est pas ton problème Max ! L’important c’est que nous évitons le statut de télé-pass. Et c’est un avantage que je tiens à garder, même si cela nécessite que j’appelle une milice.
— Et qui te filerait tes shoots si j’étais arrêté par les flics ?
— Tu n’es pas le seul dealer, Max !
— Non, mais je suis le meilleur. Allez, je te taquine. Je comprends votre inquiétude. Merci pour votre aide et votre accueil ! Allez, je vous offre une dose, c’est ma tournée.

Un large sourire illumine le visage des deux employés. D’un geste incroyablement rapide, Max leur tend deux petites gélules noires. Ils se l’insèrent immédiatement dans l’oreille gauche avant de s’écrouler instantanément sur le sol, pantins désarticulés, la bouche déformée par un rictus baveux.

Je pousse un cri :
— Max, tu ne les as pas…
— Non, je te rassure. Ils sont juste endormi pour un quart d’heure. Après, ils auront droit à leur shoot normal et n’auront pas conscience d’avoir été dans le coma. Ils se souviendront à peine de notre entrevue.

Junior s’exclame :
— Nom d’un clavier ! Tout mon service est à la recherche des trafiquants de neuro-logiciels.
— Trafiquant est un bien grand mot. Je suis le seul réel fournisseur.

Max appuie sa phrase d’un mouvement du visage qui s’apparente à un clin d’œil. Mais, entre les vis, les muscles luisants mis à nus et les pièces imprimées, j’avoue ne pas être à même de lire ses émotions.

— Les neuro-logiciels ? Mais n’est-ce pas une belle saloperie ? Tu me déçois beaucoup Max ! fais-je d’un ton outré.
— C’est ce que la propagande essaie de nous faire croire. Mais les neuro-logiciels sont, au contraire, la drogue idéale ! Il suffit d’un implant dans le tympan qui va se connecter à ton réseau neuronal. Ensuite, pour peu que tu t’y connaisses, tu peux programmer absolument n’importe quel trip. Je me suis spécialisé dans les micro-doses. La puce électronique fond avec la chaleur du corps humain et se dissout totalement. Sans cela, les trips seraient illimités, ce qui n’est pas très bon pour mon business ! Un petit trip bien cinglant, c’est parfait, mes clients en redemandent !
— Mais… c’est répugnant ! Tu manipules le cerveau des gens !
— Oui. Mais sans tous les effets secondaires que peuvent induire les drogues chimiques. Mes trips sont complètement safes. J’ai même en magasin des trips compatibles avec une activité sociale normale. Ton conjoint t’emmerde ? J’ai un trip qui te fait vivre l’extase intérieure pendant que tu passes la soirée avec un air attentif à répondre aux questions.
— Dis, murmure Junior, tu n’aurais pas un truc à me filer pour supporter la douleur le temps qu’on me rafistole ?

Max se penche sur l’oreille de Junior. Je l’interromps d’un air solennel.
— Max, pourquoi m’as-tu amené ici ?

Il hésite une fraction de seconde.
— Parce que je ne pense pas qu’on vienne te chercher ici.
— Qui “on” ?
— Les flics, Georges Farreck, les industriels, … J’avoue que je ne sais pas trop qui tire les ficelles. Tu es traqué, recherché mais je n’arrive pas à mettre la main sur la personne qui chapeaute tout.
— Georges Farreck, fais—je, mais je ne comprends pas son acharnement.
— Georges Farreck n’est qu’un pion, assène Max. Il n’a été qu’un instrument, un catalyseur pour faire naitre le printeur. Tout comme toi et…

D’un geste ample, il désigne le hangar remplit de mannequins immobiles.

— … Eva !

Je me tourne vers Eva, la vraie. Elle n’a pas bougé, son regard est éteint et son visage trahit l’angoisse.

Je réalise que Max ne l’a pas pointée elle mais a bel et bien désigné l’ensemble du hangar.

— Eva ? Quel est ton rôle exactement !

Une larme perle le long de sa joue.

— Nellio ! Je te supplie de me faire confiance. Je suis de ton côté !
— Réponds à ma question : es-tu, oui ou non, la vraie Eva ? L’originale ?
— Je croyais que tu avais compris, nous interrompt Max d’une voix douce. Les vraies Eva sont là, dans ce hangar. Tu n’as jamais connu que la copie.
— Hein ?
— C’est pas que j’ai envie de jouer les troubles-fête mais je continue à pisser du sang et les deux zozos vont bientôt se réveiller. Est-ce que ça vous arracherait la gueule de vous occuper un peu de moi ? Bordel, j’ai mal !

En regardant Junior se tordre de douleur, j’ai soudain une illumination.
— Max, occupe-toi de Junior et arrange-toi pour que les deux employés restent endormis.
— Mais je ne peux modifier leur shoot sans…
— Écoute Max, tu te démerdes. J’ai besoin de deux heures. Et puis on se casse d’ici.

De la main, j’empoigne le bras d’Eva.
— Viens avec moi !
— Que fais-tu Nellio ?
— Ils veulent le printeur ? Et bien on va leur donner le printeur !

 

Photo par 7-how-7.

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Ce texte est publié par Lionel Dricot sous la licence CC-By BE.

Échappez à la manipulation de vos émotions !

mercredi 13 janvier 2016 à 17:40
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Cela fait déjà deux ans et demi que j’ai écrit Le blog d’un condamné (republié sur Wattpad pour ceux qui veulent le redécouvrir).

Anecdote intéressante : deux ans après, je reçois encore régulièrement des insultes. Le motif ? Ce que j’ai écrit serait scandaleux car « je joue avec l’émotion des gens ». J’ai écrit une fiction sans panneaux clignotants affirmant qu’il s’agissait d’une fiction. Cela ferait de moi un manipulateur d’émotions.

Ces critiques font preuve d’une désarmante naïveté face aux dures réalités du monde.

Car nous sommes avides d’émotions

Utiliser la raison est difficile, fatiguant. Les émotions, elles, s’assimilent facilement. La littérature à l’eau de rose, les films d’horreur, les blockbusters, les publicités ont tous pour volonté de nous donner des émotions brutes, sans aucune réflexion, en jouant sur la manipulation de nos sens au travers couleurs, musiques, bruitages, montages étudiés, etc.

On nous montre des gens en proie à des émotions extrêmes, on nous sature d’émotions pour qu’elles débordent un peu sur nous. Les séries télés, dont les histoires sont souvent sans intérêt et truffées de contradictions, tiennent le public en haleine en nous “attachant à un personnage”.

La télé-réalité et les potins de stars sont encore plus efficaces. Il n’y même plus de tentative de construction, vous êtes simplement exposé au fait que d’autres personnes dans le monde ont une vie et des émotions. Vous pouvez alors vivre ces émotions par procuration.

Sur Internet, le marché des émotions low-cost est devenu une véritable caricature avec les titres accrocheurs : « Vous ne croirez pas ce que ce petit chien va faire » ou « Une maman a pleuré en voyant cette vidéo ».

Le contenu est toujours inutile et absolument sans intérêts. Mais il contient une émotion simpliste.

Car nous vivons dans une fiction

Prenez les buzz sur Internet ou dans les médias. Peu importe que l’histoire soit vraie ou pas : la plupart sont soit complètement fausses, soit très vieilles, soit tellement déformées qu’elles n’ont plus aucun sens.

Le « journalisme » et les « médias », si généreusement aidé par des subventions publiques, sont devenus tout entier des participants à ce grand marché de l’émotion. Ils ne cherchent pas à informer, même s’ils en sont convaincus, mais uniquement à fournir de l’émotion, versions locales à petit budget de Hollywood ou Endemol.

La mauvaise foi ou l’incompétence de la plupart des rédacteurs transforme d’ailleurs toutes les histoires que nous lisons. Le journal parlé n’est plus qu’un concentré de flash émotionnels qui vous vend de la bonne conscience ( « J’aime être informé » ) tout en préparant votre cerveau pour la page de publicité.

Car c’est un business dont nous sommes les pigeons

Une conséquence intéressante des émotions, spécialement les plus vives, c’est qu’elles ouvrent toutes grandes les portes du cerveau et de la mémoire.

La raison est simple : pour un homme vivant dans la savane, se souvenir à la perfection des événements marquants (la rencontre d’un prédateur) permet d’obtenir un avantage évolutif non-négligeable (se rappeler comment on s’en est sorti).

Cette particularité de notre cerveau est exploitée à merveille par les publicitaires qui peuvent ainsi inscrire leurs messages dans notre cerveau comme dans un livre blanc.

Nous avons besoin de notre dose d’émotion et, en échange, nous fournissons notre personnalité à modeler.

À votre avis, quand vous allumez la télé ou que vous cliquez sur un lien Facebook inattendu, le deal est-il à votre avantage ? L’émotion reçue a-t-elle une valeur plus importante que la parcelle de votre personnalité que vous avez cédée à un annonceur quelconque ?

Car nous abandonnons trop facilement notre libre arbitre

Lors de certains événements, ce fonctionnement médiatique de marchandisation des émotions s’emballe. Les médias entrent dans la surenchère et il devient virtuellement impossible de ne pas être informé en temps réel du-dit événement. Tout le monde se rue, tient à “être informé”, regarde en boucle les mêmes images. Il est même socialement inacceptable de ne pas participer à l’émotion collective !

Une aubaine pour les publicitaires et les sites de “presse” vivant de la publicité qui, en véritables charognards des drames, voient leurs revenus exploser. Les algorithmes publicitaires se greffent d’ailleurs automatiquement sur les événements les plus juteux.

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Ce terrorisme émotionnel n’a pas que des retombées économiques, il est également extrêmement profitable pour tous ceux qui profitent de l’irrationnel et de la peur. Quoi de mieux pour faire passer des mesures politiques absurdes, sécuritaires et dangereusement rétrogrades qu’une population abrutie par la peur ?

Car nous devons apprendre à nous protéger

Pour lutter contre cet incessant flot d’émotions manipulatrices, je vous ai déjà expliqué que je fuyais les sites de presse et que je séparais la “cueillette d’informations” de la lecture proprement dîtes.

Lors d’un événement particulièrement médiatisé et marquant, j’applique dorénavant les préceptes suivants :

Avec une semaine de recul, je me rends compte que les dizaines d’articles dans Pocket sont déjà obsolètes, qu’ils disent tous la même chose et que j’aurais vraiment perdu mon temps. De temps en temps, un article écrit avec un peu plus de recul et d’analyse résume très bien tout l’événement. Je n’ai alors plus besoin d’en savoir plus.

Car vos émotions sont ce que vous avez de plus précieux

Notre cerveau est le bien le plus précieux. Et, malgré tout les comités d’éthique, personne ne le protégera à notre place. C’est pour cette raison que j’encourage fortement l’installation de logiciels bloqueurs de pub.

Mais la publicité n’est pas la seule forme de manipulation et de contrôle des émotions. Dans un monde hyper connecté, nous devons individuellement apprendre à nous responsabiliser et à mettre en place des stratégies pour garder notre individualité et notre libre arbitre.

Nos émotions sont si belles, si personnelles qu’il serait dommage de les brader au premier média ou publicitaire venu…

 

Photo par Alexis.

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Ce texte est publié par Lionel Dricot sous la licence CC-By BE.

Comment j’ai étendu les capacités de mon cerveau

mardi 5 janvier 2016 à 14:32
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Notre cerveau est formidable mais il a ses limites. Surtout le mien.

J’ai remarqué que l’utiliser comme une mémoire induisait un stress, celui d’oublier, et empiétait sur ma créativité et mon humeur. Sans compter que j’oubliais malgré tout certaines choses. J’ai donc graduellement confié tout ce qui concernait le fait de “se rappeler” à un outil externe. Mon cerveau est donc entièrement consacré à la créativité. Une véritable source de bonheur et d’apaisement !

Du coup, j’ai eu envie de partager la manière dont j’outsource une partie de mon cerveau vers des outils informatiques.

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Inbox

Tout nouvel input arrive dans une de mes inbox. La première inbox historique étant mon mail, traité avec Google Inbox. Cependant, grâce à une stratégie Inbox 0 très efficace, le mail devient de moins en moins prépondérant. Je peux me permettre de le regarder une ou deux fois par jour.

En fait, mon inbox principale est un dossier Evernote appelé Inbox. Toute nouvelle note Evernote va dans ce dossier par défaut et je le vide une fois par semaine.

Pour arriver dans mon inbox, il y a :

– La saisie d’une note manuscrite avec mon stylet. La reconnaissance d’écriture d’Evernote est absolument stupéfiante et je ne pourrai plus vivre sans.
– La saisie d’une note depuis mon ordinateur via l’icône de notification Evernote sur mon desktop.
– La capture d’un document via le scan Evernote de mon smartphone (toute facture ou document papier que je reçois et qui part ensuite directement à la poubelle).
– Quand je reçois un mail contenant des actions à faire ou des documents à archiver, je le forwarde à Evernote.
– Quand je marque un article comme favorite dans Pocket, il est automatiquement ajouté à Evernote via une règle IFTTT.
– Quand je tombe sur un contenu web que je souhaite utiliser d’une manière ou d’une autre, je l’ajoute via le web clipper Evernote.

Ce qui est primordial, c’est de séparer complètement l’acte de saisie et celui de trier/traiter. Par définition, je ne réfléchis pas et toutes mes idées, mes notes, mes actions à faire plus tard va dans mon inbox Evernote sans que j’ai besoin de réfléchir.

Todo

J’utilise depuis peu Todoist pour gérer mes todos. Je rajoute mes tâches directement dans Todoist ou en marquant une note evernote du tag “todo”, auquel cas une règle IFTTT crée la tâche pour moi.

Dans Todoist, j’utilise le concept de date limite comme la date à laquelle je vais travailler à la tâche. Chaque matin, je reporte donc au lendemain un maximum de tâches afin de n’avoir que 3 ou 4 tâches qui sont celles sur lesquelles je vais me concentrer aujourd’hui.

Notons que, du coup, lorsque j’ai terminé une tâche qui est aussi dans Evernote, je dois penser à aller retirer le tag “todo”. Ce qui est un peu embêtant.

Auparavant, j’utilisais Swipes, qui possède nativement l’intégration Evernote et une meilleur gestion du “report de tâches à demain” mais la synchronisation entre les appareils est plus que capricieuse, l’application est encore fort buguée et n’est plus activement développée, l’équipe se concentrant sur Swipes for Slack.

Agenda

J’utilise Sunrise et j’en suis extrêmement satisfait. Je n’utilise pas les fonctionnalités de rappel d’Evernote ou très rarement car les rappels restent affichés, même après qu’ils aient eu lieu.

Je trouverais génial d’avoir un agenda où chaque événement est une note Evernote car j’ai une confiance totale envers mon agenda. Pour moi, ce qui n’est pas dans mon agenda n’existe tout simplement pas.

Malheureusement, Sunrise n’est plus maintenu et Google Agenda est encore loin derrière en termes d’ergonomie sur mobile et de jonglage entre les différents calendriers, sans parler de client inexistant pour le desktop.

Veille

Histoire d’alimenter mon cerveau, j’utilise Feedly avec un nombre restreint de flux afin de les vider rapidement. Si je long-click sur un item, il est automatiquement ajouté dans Pocket. Mon feedly est donc vidé en quelques minutes.

En sérendipité sur les réseaux sociaux ou sur le web, je ne lis jamais rien directement. Si ça a l’air intéressant, je rajoute à Pocket (via le bookmarklet). Twitter est mon principal fournisseur de liens pertinents, suivi de près par G+. Facebook l’est moins mais est beaucoup plus addictif à cause de son fourmillement d’interactions.

Depuis peu, Pocket permet également de suggérer des articles et je suis un adepte de cette fonctionnalité. Je vous invite d’ailleurs à vous abonner à mes suggestions.

Lecture

Je suis complètement accro à Pocket, que je consulte depuis mon téléphone, ma tablette ou mon Kobo. Quand un article mérite selon moi d’être réutilisé ou d’être partagé ou quoi que ce soit, je le marque comme favori et il est envoyé dans Evernote via une règle IFTTT.

Lorsque je lis sur le Kobo, j’utilise énormément la fonctionnalité “surlignage” pour repérer les citations, les mots ou les phrases que j’aime bien. Malheureusement, ce surlignage ne fonctionne pas dans les articles Pocket et, surtout, je n’ai pas trouvé de manière simple d’accéder à tous les passages surlignés (j’ai réussi une fois la manip via Calibre mais c’était compliqué). Dans mon monde idéal, les passages surlignés devraient automatiquement être ajouté à mon Inbox Evernote.

À noter que j’ai étendu le principe de liste de lecture à toute ma consommation culturelle. Dès qu’on me parle d’un film, d’un livre ou d’une BD, je le note dans mon Inbox Evernote puis, lorsque je traite cette note, je rajoute le titre dans ma liste d’envie SensCritique.

Gestion de la connaissance

J’ai un dossier Evernote « Notes » qui contient à peu près tout ce dont je veux me souvenir ou que je pourrai potentiellement utiliser. Ce dossier est véritablement une annexe à mon cerveau. Régulièrement, il m’arrive de fusionner des notes afin de les grouper sur un thème similaire et de préparer un billet de blog ou d’ébaucher une idée. La fonctionnalité de merge d’Evernote est malheureusement à la limite de l’utilisable et a parfois des effets inattendus.

J’ai également un dossier « Administratif » qui contient ce dont je ne veux pas me souvenir mais qui pourrait m’être demandé (factures, déclaration d’impôts, etc).

J’utilise également beaucoup les tags et les smart searches mais Evernote n’est pas top : les nested tags n’ont aucun effet, il n’est pas possible de trouver les documents sans aucun tag, il est impossible de rechercher dans la Trash mais il est également impossible de marquer un dossier comme étant archivé et n’apparaissant pas dans la recherche.

Il m’arrive également de rechercher un article dans Pocket mais c’est relativement rare.

Une fonctionnalité que j’adore est la géolocalisation des notes : je peux voir une carte de toutes les notes en fonction de l’endroit où je les ai créée. Ce n’est pas vraiment utile, juste agréable à regarder.

Partage professionnel

Lorsqu’une information ou une idée doit être partagée au niveau professionnel, j’utilise Knowledge Plaza, l’outil de Knowledge Management que nous développons et utilisons en interne.

S’il s’agit d’un lien que je veux partager, je le fais directement depuis mon navigateur via un bookmarklet. Mais la plupart du temps, il s’agit d’une idée, d’un lien ou d’une information qui est arrivée d’une manière ou d’une autre dans mon Inbox Evernote. Ce que je poste va de l’ébauche d’idée, de la question à mes collègues, de la vidéo de chats rigolote à une analyse fouillée ou une information cruciale.

Comme pour le reste, il est primordial d’avoir confiance en l’outil. Je sais que si j’ai posté sur Knowledge Plaza, je pourrai retrouver ce contenu avec une simple recherche. À la différence d’Evernote, il s’agit ici d’une véritable mémoire partagée entre collègues, enrichies des interactions sociales.

Écriture

La frontière entre le moment où j’ai rassemblé des idées et où je me mets à rédiger sur le sujet est assez floue. C’est encore un point d’accroche. J’écris dans Ulysses mais parfois directement dans Evernote (j’ai également tenté le client alternatif Alternote mais sa synchronisation avec Evernote est encore trop bugguée).

Il m’arrive donc parfois d’écrire dans Ulysses des choses qui sont déjà dans une note Evernote. Parfois, je ne me rappelle même plus dans quel éditeur j’ai commencé la rédaction d’un texte particulier.

Quand j’écris dans Evernote, la fonctionnalité pro me suggère des notes corrélées et, souvent, c’est justement très utile pour voir que j’ai déjà un brouillon en préparation sur un sujet.

Pour publier, je copie-coller le texte dans mon blog et parfois dans Wattpad ou Medium. Ce qui entraine que le texte existe à la fois dans Evernote, dans Ulysses sous forme d’un fichier txt, sur WordPress et sur Wattpad. Situation assez insupportable quand il faut faire des corrections post-publication.

Un autre problème d’Ulysses est qu’il est centré sur l’univers Mac. Si je veux pouvoir éditer mes textes depuis un ordinateur ou un smartphone non-apple, je dois le configurer pour sauver les documents dans Dropbox, au prix de la perte de certaines fonctionnalités. Sur Android, j’utilise Jotterpad pour éditer ces textes.

Idéalement, j’aimerais que Ulysses me permette d’éditer mes notes Evernote afin d’avoir une seule copie de travail. Mes notes Evernote pourraient être directement publiées sur mon blog. C’est exactement ce que propose Postach.io. Malheureusement, je n’ai aucune confiance envers la pérennité de postach.io qui n’a guère évolué dernièrement.

À noter qu’il est possible de publier sur WordPress et Medium depuis Ulysses mais ces automatismes ne règlent pas mon problème de base : avoir plusieurs versions du texte à différents endroits.

Il est intéressant de remarquer que j’ai beaucoup écrit ces derniers mois mais très peu publié à cause de ces deux barrières : je dois faire l’effort de me dire qu’une note peut à présent passer de Evernote à Ulysses puis de Ulysses à WordPress. Je procrastine à chaque fois ces deux étapes. Si elles étaient automatiques, je pense que vous auriez plus de lecture !

Pour finir

Comme vous avez pu le lire, ce workflow a encore de nombreux points de frictions mais force est de constater qu’il m’a permis d’étendre les capacités de mon cerveau. Une autre app essentielle à mon cerveau est Headspace, app de méditation guidée qui m’a rendu accro à cette pratique.

Et si je perds mon smartphone, me demanderiez-vous ? Et bien oui, je serais fortement handicapé. Tout comme vous l’êtes probablement dans vos déplacements quand votre voiture tombe en panne.

Le transhumanisme n’est donc pour moi pas de l’anticipation mais bel et bien une réalité que nous vivons tous au quotidien, à des niveaux différents.

 

Photo par Enki22.

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Ce texte est publié par Lionel Dricot sous la licence CC-By BE.

Le magasin de mots

vendredi 1 janvier 2016 à 11:41
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Au détours des pavés glissants d’une rue obscure dans laquelle je m’étais engouffré, une enseigne m’est apparue. En lettres dorées mais épuisées, un mot résonnait en se cognant sur la brique trempée : « Dictionnaire ».

Le grincement de la porte fit tousser une clochette asthmatique. Derrière un nuage de poussières apparu une barbe souriante et une paire de verres fêlés.

— Bonjour, en quoi puis-je vous aider ?

— Bonjour, fis-je. Je… je cherche un mot !

— Un mot ! Alors vous êtes à la bonne adresse ! Quel genre de mot ?

— Et bien… un mot d’amour. Un mot de passion. Un mot empli d’émotions.

— Aha ! Je vois que monsieur est un connaisseur ! Voyons ce que je peux vous proposer…

Fouillant parmi son stock, virevoltant entre les armoires, mon curieux vendeur sautillait et me faisait milles propositions. Mais, à chaque fois, ma réponse était invariable.

— Non, mon amour est bien plus fort !

— Oh non, je le souhaite bien plus doux.

— Celui-ci est trop plat, trop banal. Ma passion est tellement hors du commun.

— Il est trop petit. Mon cœur explose d’amour ! Ce mot là ne le fait pas comprendre.

— …

Un silence s’installa soudainement entre nous. Plissant les yeux, le boutiquier me tourna le dos et appela :

— Germaine ! Peux-tu descendre un moment ? Nous avons un client difficile !

Sous un vieux châle de laine, une vieille dame apparu et m’offrit un sourire de lèvres ridées.

— Que cherchez-vous, jeune homme ?

— Et bien un mot qui exprime l’amour que j’ai dans le cœur, l’amour de toute une vie, l’amour de toute la vie. Un mot emplit de palpitations, un mot qui jouit du présent, un mot qui fourmille de milles futurs, un mots qui transpire de bonheur…

— Et pourquoi souhaitez-vous ce mot en particulier ?

— Parce que j’aimerais communiquer mon amour à la femme de ma vie. Parce que je souhaite lui dire, lui faire comprendre ce que je ressens. Parce qu’elle illumine mon présent, parce qu’elle trace mon avenir, parce qu’elle est ma solitude.

La dame se tourna vers son compagnon.

— Barnabé, lui avez-vous vraiment montré tout le stock ?

— Oui ma mie, jamais je n’ai vu un client aussi difficile.

— Je m’en doutais…

Puis, se tournant vers moi, elle ajouta en souriant :

— Il n’y a aucun mot pour cela, jeune homme. Mais avez-vous essayez d’offrir un sourire ?

— Non, avouais-je !

— Alors allez-y de ce pas, ne perdez pas une minute !

À l’idée de revoir mon amour, un large sourire illumina mon visage.

— Merci, répondis-je ! Combien vous dois-je ?

— Vous venez de me payer, voici votre monnaie, me fit-elle en riant.

— Merci, merci, j’y cours, j’y vole !

Je sortis du magasin en dansant, un sourire dans le cœur, du bonheur jusqu’aux oreilles…

 

Photo par RebeccaVC1.

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Ce texte est publié par Lionel Dricot sous la licence CC-By BE.

Aux Tortues

mercredi 30 décembre 2015 à 15:37
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Également disponible sur Wattpad.

Le soleil caresse ma peau de ses rayons ardents.  Les tortues sont là, à se prélasser sur la plage.  Lentement mon regard embrasse l’île.  Mon île !  Mon domaine !  Aujourd’hui encore, je scrute le ciel infiniment bleu et lumineux.  Les tortues rampent doucement sur la plage.  Je suis délicieusement allongé sur le sable, à contempler les reflets que l’eau fait ondoyer sous mes yeux.  Le ciel est toujours obstinément vide, pas la moindre trace.  Serait ce fini ?  Cela fait tellement longtemps que cela a commencé.  C’était avant que je me retire sur l’îlot.  Avant, lorsque personne ne songeait à se protéger.  Je n’ai pas compté les années, car mon âme solitaire n’est plus rythmée que par l’alternance des nuits et des jours.  Mais le ciel est silencieux depuis trop longtemps.  Ce n’est pas normal.  Je contemple mon cabanon et l’île qui l’entoure.  Les tortues se prélassent.  S’il y en a d’autres comme moi, ils seront les bienvenus dans ma hutte.  « Aux Tortues ».  Bienvenue « Aux Tortues ».  Toi, le solitaire miraculé ou encore toi, le survivant affolé, viens chercher le réconfort « Aux Tortues » !  Je suis seul.  Seul depuis si longtemps.  Je souffle sur les braises de mon feu et jette un dernier regard à la tortue qui reste.  L’autre s’en est allée, mais je sais pertinemment qu’elle reviendra.  Elle est toujours revenue.  Je me retire à l’ombre des branchages, dans un demi-sommeil.  Excepté le déferlement des lames sur la plage, rien ne vient troubler le silence.  Ce silence qui dure maintenant depuis des dizaines de jours.  Depuis des centaines de nuits.  Non, ce n’est pas normal.  Serait-ce fini ?  Est-il possible qu’ils aient arrêté ?  Ou bien ont-ils été forcés de s’interrompre ?

*

Il fait nuit. Sous ces latitudes, la voûte nocturne est vraiment superbe.  J’observe les astres.  Avant, je n’avais jamais appris le nom des étoiles.  Au fond, quelle importance ?  J’ai rebaptisé chaque constellation.  Le palmier tourne durant la nuit autour de la constellation du dauphin.  Et là, les deux tortues illuminent l’horizon comme tous les ans.  C’est d’ailleurs comme cela que je définis le mot an.  Cela fait donc bel et bien un an que le silence s’est fait.  La nuit, la différence est encore plus remarquable car les longues bandes de feu ne strient plus le ciel.  Est-ce donc fini ?  Suis-je le seul ?  Mais si d’autres existent encore, où sont-ils ?  Ils seront dans tous les cas bienvenus « Aux Tortues », le petit paradis rescapé.

Que les nuits sont belles depuis que je suis ici. Ou bien est-ce moi qui n’avait jamais pris le temps de les admirer ?

*

Le jour est revenu, et avec lui les deux tortues.  Étrangement, je n’ai jamais pensé à les baptiser.  N’est-il pas absurde que l’homme veuille à tout prix mettre un nom sur les choses et les êtres.  Comme si un nom garantissait la soumission et l’appartenance, la compréhension et la maîtrise.

Je regarde mon radeau.  Depuis le temps que je le prépare, il est désormais prêt à affronter le large.  Curieusement, l’idée de l’utiliser ne m’avait jusqu’ici pas effleurée. Il me maintenait occupé, il me donnait un objectif lointain.  Mais à force de voir le vide dans le ciel et d’entendre le silence, mon esprit ne peut plus qu’imaginer un ailleurs peuplé de souvenirs.  Toutes ces années que j’ai passées sur l’île ont toujours été rythmées par les langues de feu de missiles et les nuages de vapeur des fusées stratosphériques.  Il ne passait pas un jour sans que le bruit assourdi d’une explosion nucléaire à fractales ne parvienne à mes oreilles.  Les gigantesques champignons faisaient partie intégrante de mon quotidien.  Mais depuis ce que j’appelle une année, plus rien.  Les tortues sont même arrivées.  Est-ce donc fini ?  Ou est-ce un leurre ?  Je ne veux pas repartir vers ce que j’ai fui mais s’ils avaient été forcés de s’arrêter, s’il n’y avait plus de guerre faute de combattants ?  Le doute est la pire des tortures.  Je ne voudrais pas abandonner mon éden pour un silence.  Mes sens ne m’abusent-ils pas ?

Et si la guerre était au comble de sa férocité mais que les armes étaient devenues invisibles ?

Et si personne ne pouvait jamais venir « Aux Tortues » ?

Et si j’étais le dernier des hommes, jouissant encore du bonheur de l’ignorance ?

Si le monde n’était plus que l’étendue de sable qui m’entoure ?

*

La nuit est chaude, enveloppante. La lumière des astres me caresse, entraînant mon esprit dans de doux vagabondages.  Je devine dans l’obscurité la silhouette de mon radeau.  Une des tortues est toujours là.  Je crois qu’elle est morte.  Je contemple les étoiles.  Ne suis-je pas condamné ? Tout homme n’est-il pas condamné d’avance.  Suis-je heureux ?  Je n’en sais rien.  Pas plus que malheureux, sans doute.  Je manque de points de repères, de comparaisons.  J’essaye de percer l’horizon de mon regard.  Y a-t-il encore une terre, là bas, tout droit ?  Suis-je le seul rescapé «Aux Tortues » ?

Je regarde mes mains.  Elles sont vieilles et froissées.  Cela fait trop longtemps qu’elles frottent le sable et le sel.  D’ailleurs la mort de la tortue est un signe.  Bien trop longtemps !  L’Homme n’est pas immortel.  Les hommes encore moins.  Il faut que je sache.  Ai-je le droit de laisser la race humaine s’éteindre sur ce petit morceau de sable ?  Mon radeau est prêt.

Dans le ciel, les étoiles brillent doucement.  Pour la première fois depuis tant de temps, mon corps frisonne.  Il fait plus froid.  C’est un signe, cela ne fait aucun doute.

Je suis prêt.

Il y a toujours un dernier.  Toujours.  Serais-je celui qui partira, doucement, comme pour ne pas déranger davantage l’univers, emportant avec lui toute une création, tout un cheminement ?

Je vais prendre un peu de repos maintenant. Il fait de plus en plus froid, une nouvelle ère commence.  Demain le jour se lèvera, le soleil pointera comme tous les jours.  Mais rien ne sera plus comme avant. Demain la vie s’éteindra peut-être.  Ou peut-être pas. Malgré l’absence de vie, les planètes continueront à tourner, les étoiles à brûler, les univers à exister.  Mais plus personne ne sera là pour les nommer.

La nature aura-t-elle le courage d’un jour recommencer ?

La tortue est morte, la mer est empoisonnée. Suis-je le dernier ?

Demain je prendrai mon radeau et je verrai.

Demain…

 

Waterloo, le 20 mars 1999. Photo par Al Case.

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Ce texte est publié par Lionel Dricot sous la licence CC-By BE.