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Pourquoi nous regardons les étoiles

samedi 27 décembre 2014 à 12:36
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ou L’inexorable réduction de la période de similarité au cours de l’histoire de la Vie

 

Dans mon billet précédent, dont je vous recommande la lecture préalable, vous avez pu découvrir une version réinventée de l’histoire humaine, dans une perspective sociétale et politique. Aujourd’hui, je vous propose d’élargir notre point de vue et de considérer l’histoire de la vie dans son entièreté.

Ma vision personnelle de l’histoire n’est pas toujours compatible avec la version historique traditionnelle, laquelle se découpe en périodes arbitraires : antiquité, moyen-âge, renaissance, etc.

Il faut bien garder à l’esprit qu’il ne s’agit là que de noms attribués a posteriori et de manière tout à fait arbitraire. Les humains ayant vécu dans une période particulière voire dans une période de transition n’en ont, généralement, jamais eu conscience. Tout comme un habitant d’une maison située à cheval sur une frontière n’en a aucune perception immédiate : la frontière est virtuelle et imaginaire. Mais elle est un outil scolaire qui permet une meilleure compréhension globale. L’histoire n’est pas faite de périodes, elle est essentiellement un glissement continu.

Néanmoins, il existe de véritables points d’inflexion, des changements notables qui vont bouleverser complètement la planète en quelques siècles à peine, autant dire instantanément à l’échelle géologique. Selon moi, les ères que j’ai décrites précédemment, la transmission, la diffusion et l’interconnexion, s’inscrivent dans une histoire beaucoup plus globale qui transcende l’humanité. L’histoire de la Vie, avec un grand V, dont nos courtes périodes humaines ne sont que des épiphénomènes.

 

Point d’inflexion 1 : la cellule

L’origine de la vie est un phénomène à la fois simple et extrêmement complexe. Au lecteur intéressé, je conseille la lecture de “À l’écoute du vivant”, par le professeur Christian de Duve.

Mais sans entrer dans les détails, nous retiendrons simplement que les premiers organismes vivants, monocellulaires, apparaissent il y a entre 3 et 4 milliards d’années.

La définition même de la vie prête encore beaucoup à discussion. Cependant, une propriété essentielle et indiscutable est la transmission de l’information. Cette information, stockée sous forme chimique dans l’ADN et l’ARN, se transmet grâce à la mitose.

Le fait qu’une information puisse se transmettre temporellement représente, en quelque sortes, la création même de la ligne du temps. Pendant 10 milliards d’années, l’univers n’avait été qu’un ensemble d’atomes obéissants aux lois physiques de base. La vie est la première manifestation des atomes pour prendre en main leur destin, pour s’émanciper de la physique pure.

Cette transmission de l’information implique l’apparition d’un nouveau mécanisme : l’évolution. Auparavant, un observateur peu instruit n’aurait pas pu faire la différence entre l’univers en un temps donné et le même univers deux ou trois milliards d’années plus tard.

Avec l’apparition de la vie, cette “période de similarité”, se raccourcit sensiblement. Elle est de quelques millions d’années, près de mille fois moins !

 

Point d’inflexion 2 : l’être multicellulaire

L’évolution étant en marche, il faut un peu moins de deux milliards d’années pour que deux cellules se décident à s’associer et à communiquer directement entre elles.

Cette association permet la spécialisation des cellules et entraine une accélération importante de l’évolution.

Les organismes multicellulaires eux-mêmes se regroupent, communiquent, se spécialisent. Cela leur permet de développer des connaissances et des technologies inaccessibles à l’être isolé. L’être vivant ne se suffit plus à lui-même et utilise des éléments inertes de son environnement pour étendre ses capacités : il construit. Pensons par exemple aux termitières, à la communication par phéromone des fourmis, aux nids d’oiseaux ou aux outils de l’Homo Abilis. Les premières sociétés humaines, commerçant entre elles, sont l’exemple parfait de la manière dont la vie optimise l’utilisation des ressources pour se perpétuer le plus efficacement possible : un village de pêcheurs échangera avec un village d’agriculteurs.

Sur terre, la période de similarité se réduit à quelques dizaines de milliers d’années. C’est extrêmement rapide mais toujours imperceptible pour l’individu dont l’espérance de vie reste beaucoup plus courte.

 

Point d’inflexion 3 : l’écriture

Selon moi, l’écriture est un événement majeur à l’échelle géologique. J’oserais même affirmer que l’homme préhistorique illettré est plus proche de l’amibe que de l’homme moderne !

Mais ne sanctifions pas l’écriture : elle n’est que l’outil qui a permis la communication parfaite, à la fois spatiale et temporelle, sans limites de la quantité d’information échangeable. À la place de l’écriture, une méthode d’enregistrement des sons ou tout autre outil aurait sans doute eu le même effet. On peut même affirmer que, sans le savoir, l’homme tente d’inventer cette communication parfaite depuis des milliers d’années. L’art rupestre, les bijoux, l’artisanat ne sont-ils pas de tentatives d’expression ?

L’écriture, avec son exactitude, invente le concept de vérité et, par conséquence, de réalité. L’être vivant, pour la première fois, peut s’inscrire dans la réalité et percevoir le monde comme une entité spatiale et temporelle. Il peut comprendre sa vie, lui donner un sens au lieu de la subir au jour le jour. La flèche du temps, apparue avec l’évolution et la vie, a désormais conscience d’elle-même.

Grâce à ces nouveaux talents issus de l’écriture, l’homme va affirmer sa supériorité sur tous les autres êtres vivants, désormais à sa merci. L’effet est immédiat, fulgurant : il s’écoule moins de 1000 ans entre l’apparition de l’écriture chez un être vivant et la première pyramide égyptienne, symbole d’une société complexe et organisée.

La période de similarité commence à se réduire. En une poignée de centaines d’années, elle passe d’un ordre de grandeur d’une dizaine de milliers d’années à celui de quelques siècles. En effet, un homme préhistorique pouvait être déplacé de 10.000 ans dans le temps sans percevoir de changements fondamentaux. Après l’apparition de l’écriture, déplacez un homme de 1000 ans, il aura du mal à reconnaître la civilisation. Mais déplacez-le de 100 ans et il devrait s’adapter sans trop de problèmes.

La période de similarité est désormais assez courte pour être perceptible au cours de la vie d’un individu. Un jeune humain n’est plus élevé comme l’était son aïeul. Durant la préhistoire, le fait de vivre vieux vous rendait particulièrement respectable. Si vous aviez survécu plusieurs dizaines d’années, votre expérience était inestimable. Avec la civilisation et l’évolution qui découlent de l’écriture, la vieillesse devient plus facilement accessible et moins pertinente : le vieux a vécu dans un monde différent du jeune, sa vieillesse peut-être due à la chance et son expérience n’est donc pas particulièrement utile. De manière amusante, une tradition aussi vieille que l’écriture fait donc son apparition : le fait que les vieux se plaignent du manque de respect des jeunes et du fait que, de leur temps, tout était mieux. L’évolution trop rapide se heurte pour la première fois à la psychologie de l’être vivant.

 

Point d’inflexion 3B : l’imprimerie

Comme je l’ai expliqué dans mon billet précédent, l’imprimerie marque un tournant fondamental car la communication ne se fait plus entre deux cellules mais, désormais, entre une cellule et l’ensemble des autres cellules. Avec les sociétés, l’être humain s’était agrégé en organisme multicellulaire. Avec l’imprimerie apparait pour la première fois l’équivalent du système nerveux. L’humanité passe du stade pluricellulaire basique au stade animal.

On pourrait, à juste titre, arguer que l’imprimerie fait partie de l’amélioration de l’écriture et donc du même point d’inflexion. C’est une remarque pertinente que j’ai choisi de ne pas trancher tout à fait en l’appelant 3B et non 4.

Avec l’imprimerie, la période de similarité se raccourcit encore et se réduit à un siècle voire à quelques dizaines d’années. L’évolution n’est donc plus seulement perceptible, elle a désormais un effet direct sur les individus. Les connaissances deviennent obsolètes au cours d’une vie. Il devient nécessaire pour l’humain de développer un apprentissage permanent, de se mettre à jour en continu. Le principe d’une vérité figée, cheval de bataille des religions, perd tout son sens.

 

Point d’inflexion 3C: Internet

Ici encore, on pourrait arguer qu’Internet fait partie du même point d’inflexion que l’écriture. Que nous sommes dans la phase d’adaptation. Avec Internet, les sociétés humaines, organismes multicellulaires, se rassemblent elles-mêmes en sociétés. Internet est donc la méta-société, l’être vivant ultime à l’échelle d’une planète. Si l’imprimerie est un système nerveux, Internet est un encéphale qui va permettre l’émergence de la conscience planétaire.

L’évolution est devenue tellement rapide que la période de similarité s’est réduite à une poignée d’années à peine. Prenez un individu d’il y a 10 ans, amenez-le en 2015, il sera complètement ébahi par nos smartphones, tablettes, voitures intelligentes, objets connectés. De tout temps, les mœurs et les valeurs morales de la société ont suivi le progrès mais à un rythme beaucoup plus lent et plus subtil. Malheureusement, il n’est désormais plus possible d’ignorer ces évolutions et l’individu doit, toutes les quelques années, accepter de remettre en question ses convictions les plus profondes, ses habitudes les plus ancrées.

Cette évolution est tellement rapide qu’elle divise désormais l’humanité en deux classes distinctes : ceux qui ont fait du changement un mode de vie et ceux qui sont désormais irrémédiablement dépassés, par choix ou par dépit. Ces derniers sont donc entrés dans une guerre active avec pour objectif utopique de figer les valeurs morales. Ils n’ont donc d’autre choix que ralentir le progrès à tout prix. Lutter contre la vie elle-même, n’est-ce pas futile ? Ils vont, en conséquence, échouer et disparaître. Mais au prix de combien de drames ?

 

Le prochain point d’inflexion

À l’échelle de l’univers, nous avons donc trois points d’inflexion bien distincts : l’apparition des cellules, l’organisation pluricellulaire et l’invention de l’écriture/Internet. L’écriture et Internet n’étant séparés que de 5000 ans, on peut les considérer comme étant le même instant géologique. À titre de comparaison, les datations de certains vestiges d’hommes préhistoriques ont souvent une imprécision de l’ordre de 10.000 ou 15.000 ans. Alors qu’est-ce que 5000 ans ? Une poussière d’instant.

La direction générale prise par la vie au cours de ces 3 étapes est assez évidente : connexion, collaboration et spécialisation. Le futur est donc la connexion des êtres vivants de toute la planète en un seul et unique organisme. Les êtres vivants non connectés disparaîtront ou seront conservés artificiellement. C’est déjà le cas d’une grande partie des animaux sauvages qui auraient disparu sans une protection aussi active qu’artificielle de l’homme. De nouveaux êtres vivants naturellement connectés feront leur apparition : les robots et autres intelligences artificielles. La planète deviendra une entité vivante et connectée.

Le prochain tournant fondamental pour que la vie puisse conquérir l’univers, son objectif ultime, est donc évident : la communication interplanétaire. Que ce soit avec des êtres vivants que nous aurons placés sur d’autres mondes (la colonisation, humaine ou robotique) ou qui auraient évolué indépendamment (les extra-terrestres). Cet univers de mondes connectés nous est aussi étranger que le “village global” pouvait l’être à l’artiste qui décora les grottes de Lascaux. Pour arriver à cet univers connecté, le futur sera probablement tapissé de drames, de massacres, de guerres et d’héroïsme insensé.

Mais cet objectif, cette explication ultime a le mérite d’expliquer ce besoin irrationnel qu’à l’être humain de regarder les étoiles avec envie, de saigner l’économie d’un pays pour envoyer des hommes dans l’espace.

Ce n’est pas l’homme qui veut aller dans l’espace. Après tout, l’homme, comme l’écriture ou l’imprimerie, n’est que l’outil qui a été au bon endroit au bon moment. Un autre aurait fait parfaitement l’affaire.

La prochaine fois que vous lèverez les yeux vers le ciel étoilé, que vous sentirez en vous l’appel du vide, rappelez-vous que l’homme n’est qu’une cellule, la terre un organe. Que ce que vous ressentez transcende toutes les races, toutes les espèces, tous les êtres vivants de toutes les planètes. Il s’agit de l’impulsion, du désir de naître d’un être global, total, universel. La Vie !

 

 

Photo par Ovi Gherman. Relecture par MLPO.

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Ce texte est publié par Lionel Dricot sous la licence CC-By BE.

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Il faudra la construire sans eux…

mercredi 24 décembre 2014 à 02:02
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Petite histoire de l’humanité à travers le pouvoir et l’écriture.

Depuis ma brève expérience en politique, on me demande souvent si je compte persévérer, quel politicien je soutiens ou quel serait le type de parti susceptible de faire avancer les choses.

Mais je pense que le concept même de politicien est usé, dépassé, qu’on ne peut plus compter sur eux.

Les politiciens sont désormais des machines à gagner des élections, à faire des voix. Ils sont déconnectés de la réalité, ne savent pas ce que c’est d’envoyer un CV, de travailler, d’être indépendant, chômeur, employé, bénévole dans l’ombre.

Alors que notre société est de plus en plus technologique, on ne trouve presque pas de scientifiques ou d’ingénieurs parmi les politiques. Aucun visionnaire, aucun imaginatif, aucun artiste. À la place, des juristes, des anciens journalistes voire, pire, des politiciens de formation.

Ils ne comprennent pas le web, les médias sociaux. Ils sont nés pour faire le show dans les journaux et, s’ils sont là, c’est parce qu’ils ne peuvent pas penser autrement, parce qu’ils sont les meilleurs dans leur domaine qui est de serrer des mains, de passer dans les médias traditionnels et négocier leur politique politicienne. Je l’ai vécu personnellement : la simple illusion du pouvoir corrompt et rend inapte à la moindre pensée, à la moindre réflexion. Tout est justifiable et rien n’a plus de sens si ce n’est être élu.

La politique, comme l’industrie du disque ou les chauffeurs de taxis, est une vocation morte qui va disparaitre, qui doit disparaitre. Mais, comme tout business model, leur agonie va être violente, douloureuse, pleine de dommages collatéraux.

Oui, je crois en une société de demain ouverte, riante, libre. Mais il faudra la construire sans eux…

Pourquoi ? Tout simplement car compter sur les politiciens pour faire évoluer le monde, aussi bien intentionnés soient-ils, revient à demander aux aristocrates de 1789 de bien vouloir, s’il vous plait, destituer le roi, lui couper la tête et renoncer à leurs privilèges.

Pour comprendre cette analogie, peut-être est-il utile que je fasse un bref retour sur l’histoire de l’humanité, rien que ça, à travers les trois grandes ères traversées par notre espèce.

 

L’ère de la force

Depuis l’apparition du premier animal, la force brute était synonyme de pouvoir.

Le chef d’un groupe d’humains était, sans contestation possible, le plus fort d’entre eux. Pour devenir chef à la place du chef, il suffisait de vaincre ce dernier. L’autorité d’un chef se volatilisait dès qu’on n’était plus à portée de sa force.

Bien sûr, la force pouvait parfois être complétée par de l’astuce ou de l’intelligence mais ces qualités étaient au service de la force brute, de la capacité de tuer.

 

L’ère de la transmission

L’humanité prend un tournant historique en inventant l’écriture. Au départ simple outil comptable, il va très vite se révéler incroyablement disruptif. Grâce à l’écriture, un homme peut transmettre une information à un autre.

Géographiquement, cela signifie qu’un chef peut étendre son autorité. Il peut donner des ordres et être informé des résultats. L’écriture permet également d’inventer l’acte de propriété. Un chef peut déclarer “propriétaires de terrains” les membres de son clan grâce à une preuve écrite et donc transmissible ou échangeable. L’intérêt du chef est que le propriétaire du terrain paie un impôt. En échange de cet impôt, le chef s’engage à faire respecter le droit de propriété. Les armées professionnelles font donc leur apparition : elles sont l’outil du chef pour protéger les propriétaires qui lui versent l’impôt.

Mais la transmission de l’information n’est pas uniquement spatiale : elle est aussi temporelle. Le chef peut désormais transmettre son autorité à sa descendance.

Cette tendance est fondamentalement logique : la force pure n’est plus une qualité intéressante chez un chef, désormais un souverain. À la place, un bon souverain doit être gestionnaire. Contrairement à la force brute, la bonne gestion est une qualité très complexe qui nécessite de l’éducation. Le souverain donne donc une éducation à ses descendants afin qu’ils soient intellectuellement aptes à utiliser l’autorité qu’ils recevront.

Ce principe est tellement efficace que des empires immenses se créent. L’Égypte antique doit son succès millénaire à l’utilisation de l’écriture et à la création de dynasties. Mais administrer des territoires si gigantesques nécessite une organisation complexe de la société. Il s’en suit l’apparition de castes très précises. Encore une fois, l’écriture est au centre du processus et permet d’appartenir à une caste élevée : les fameuses “lettres de noblesse”. La même écriture permet l’invention du système économique grâce à la “reconnaissance de dette”.

Si elle était isolée, la minorité noble serait à la merci de la moindre rébellion des classes inférieures. C’est pourquoi une caste transversale fait très tôt son apparition : les prêtres.

La religion est, elle aussi, un pur produit de l’écriture. En fixant sur le papier des règles, des rites, des superstitions et des légendes qui évoluaient joyeusement avec le temps, la religion devient une entité figée extrêmement liée au pouvoir. Elle assène des vérités sacrées car écrites. Ce qui est écrit est indiscutable. La première de ces vérités indiscutables est généralement que le pouvoir du souverain provient de dieu.

La religion est donc un outil extraordinaire qui permet de contrôler ce qu’est la vérité absolue et de l’enseigner jusque dans les plus basses classes. Dans un monde où l’on ne communique que de “un à un” ou “un à très peu”, la religion est le réseau de communication, de distribution de l’information. Toute la subtilité de la religion tient au fait que, tout en étant un adjuvant essentiel du pouvoir, elle cultive en son sein une certaine frange rebelle et rassemble autour d’elle toute velléité de contestation. Le problème étant, bien entendu, lorsque ces franges rebelles prennent trop d’importance. Mais c’est une autre histoire.

Si la religion et le pouvoir temporel ne pouvaient se passer l’un de l’autre, il résultait souvent du partage du pouvoir des tensions, des intrigues, des transfuges.

 

L’ère de la diffusion

Au fil des siècles, les empires se succèdent, appliquant la recette avec plus ou moins de succès. À chaque fois, un déséquilibre trop important entre le clergé et les aristocrates entraine le déclin d’un empire et son remplacement.

Mais au XVème siècle apparaît un outil qui, à première vue, ne sert qu’à faciliter l’écriture. Il devrait donc renforcer le pouvoir en place. Cet outil, c’est l’imprimerie.

Preuve de l’ingénuité de ses concepteurs, l’imprimerie servira tout d’abord à imprimer des bibles, le livre religieux contenant les vérités absolues de cette époque-là.

Cependant, l’impact de l’imprimerie se révélera beaucoup plus profond. Il est en effet possible, pour une personne seule, de communiquer vers une multitude, géographiquement et temporellement. La société humaine passe d’une communication de “un à un” vers “un à plusieurs”.

Les conséquences immédiates sont l’explosion des connaissances, de la réflexion et de la science. Ce que nous appelons “Renaissance” n’est, selon moi, pas dû à la chute de l’Empire romain d’Orient, comme on me l’a enseigné à l’école, mais bien à la démocratisation du savoir grâce à l’imprimerie. Malheureusement, la méthode scientifique et la réflexion intellectuelle vont à l’encontre de la religion.

Mais l’impact le plus évident de l’imprimerie est la gestion de la richesse. Avant l’imprimerie, il était nécessaire d’entreposer sa richesse et de la protéger. Richesse rimait donc avec aristocratie. Cependant, certaines personnes comprennent bien vite qu’il est tout simplement possible d’imprimer de l’argent. Il suffit de proposer aux gens de garder leur fortune et, en échange, de leur donner un reçu imprimé, un “billet de banque”.

Cette invention va complètement saper l’aristocratie tout comme la science sape la religion.

Grâce aux billets de banque, les aristocrates s’endettent afin de maintenir un “train de vie”. Pour eux, la noblesse est plus importante que la fortune. Ceux qui sauront particulièrement exploiter ce filon sont à la base des plus grandes fortunes d’aujourd’hui. Citons par exemple la famille Rotschild.

Les aristocrates sont affaiblis, la religion est affaiblie : il ne manque qu’une étincelle pour mettre le feu aux poudres. Cette étincelle sera, de nouveau, provoquée par l’imprimerie : les écrits séditieux et les poèmes révolutionnaires seront les déclencheurs de la Révolution française.

Celle-ci aboutira, malgré une tentative de restauration, à l’instauration d’un nouveau régime mondial.

Si la religion était le canal permettant d’asseoir l’autorité de l’aristocratie, le nouveau régime, lui, utilise intensivement les moyens de diffusion : journaux imprimés puis radio et télévision. Ceux-là mêmes qui ont causé la perte du régime précédent !

Grâce à l’usage d’élections, dont les résultats sont en grande partie contrôlés par ce que racontent les médias, le peuple accepte dorénavant religieusement ses nouveaux maîtres. La messe est remplacée par le journal parlé et “se tenir informé” devient , en lieu et place de la piété, l’indispensable qualité d’un citoyen honnête et responsable. Le tout nonobstant le fait que l’information est hyper centralisée et contrôlée.

Le pouvoir échoit donc à ceux qui contrôlent le mieux l’information, qui savent utiliser le média qui convient le mieux. La radio permettra l’ascension d’un Hitler ou d’un Charles de Gaulle mais la télévision propulsera un Kennedy.

Tout comme les puissants de l’ancien régime oscillaient entre le clergé et la noblesse, les puissants actuels sont un habile équilibre entre les communicants, les politiciens et les banquiers. Les banquiers financent les politiciens qui, en échange, leur donnent le pouvoir d’imprimer de l’argent garanti par l’état. Les communicants (dont la partie la plus visible tire justement son nom de l’imprimerie : “la presse”) sont, comme la religion avant eux, un soutien perpendiculaire au pouvoir, un exutoire à la rébellion, un outil de contrôle des foules et une antichambre pour permettre aux éléments les plus brillants de devenir politiciens. En échange, ils ont le pouvoir absolu de déterminer arbitrairement qui sera célèbre.

Remarquons que, par rapport à l’ancien régime, il y a désormais trois classes qui consolident le pouvoir. Afin de garantir l’illusion du choix, il est indispensable d’entretenir plusieurs factions politiques. Cette alternance est certainement un progrès par rapport à l’aristocratie et a permis d’appeler ce mode de gouvernement “démocratie”. Démocratie qui s’est faite un devoir de devenir mondiale, à la fois par la force et la propagande. Étymologiquement, le mot “démocratie” est bien entendu abusif mais c’est le terme désormais consacré.

D’ailleurs, le mot “démocratie” entretient l’illusion que tout le monde peut accéder au pouvoir. Tout le monde peut gagner de l’argent, s’il travaille dur, et devenir riche. Ces crédos, amplement répétés, se sont révélés complètement faux voire mensongers. L’argent se transmet principalement par héritage et se concentre de plus en plus chez les riches, tout comme les titres de noblesse. Le pouvoir “démocratique” ne fait pas exception. À titre d’illustration, la prochaine élection d’un président des États-Unis verra probablement s’affronter un fils et frère de présidents à la femme d’un autre président.

Mais, tout comme les braves curés proches des pauvres, l’univers des médias est peuplé de journalistes idéalistes persuadés d’œuvrer pour le bien du peuple, de se rebeller contre l’autorité alors que, par leur petite contestation, ils ne font qu’asseoir la légitimité d’un organe tout entier consacré à la sauvegarde du pouvoir en place. Nos nouvelles sont remplies du moindre fait concernant les politiciens, afin de leur donner de l’importance. Nous sommes noyés sous les histoires pour nous faire rêver : ces entrepreneurs milliardaires partis de rien, ces starlettes de la télé qu’on asperge d’argent afin de prouver que, oui, n’importe qui peut devenir riche. Par contre, les pauvres meurent de faim ou de la guerre dans les pays où la “démocratie” n’est pas encore installée aussi bien que chez nous. Alors que, en démocratie, les pauvres sont si rares qu’on en parle à peine.

En grande majorité, le divertissement renforce cette narration. Les héros de la “démocratie” sont tous des individus normaux, auxquels nous pouvons en apparence nous identifier, qui vont changer le monde à eux seuls, le reste du monde restant passif et applaudissant. La subtilité vient à chaque fois d’un super-pouvoir, d’une particularité, d’une destinée tracée qui rend ce héros unique. Si nous n’avons pas cette particularité, nous pouvons rêver, espérer. Mais nous avons le devoir de rester dans la foule passive et d’attendre “l’élu”. Les super-héros et la télé-réalité nous apprennent donc que “tout est possible” mais qu’il faut attendre, passivement, la chance, l’élément déclencheur miraculeux, le sauveur.

Le succès des loteries prouve amplement la réussite de ce mode de fonctionnement.

 

L’ère de l’interconnexion

L’invention qui va égaler voire dépasser l’imprimerie en termes d’impact est Internet. Après la communication écrite “un à un”, la communication imprimée “un à plusieurs”, Internet permet pour la première fois la communication “plusieurs à plusieurs”.

Tout le monde peut communiquer avec tout le monde. Tous les équilibres et les structures seront irrémédiablement chamboulés.

Les premiers affectés sont les médias. Toute la lourde infrastructure qu’ils ont mise en place pour obtenir des informations, les traiter et les fournir aux citoyens est devenue obsolète. Comme les églises, la presse papier et le journal télévisé n’attireront bientôt plus, outre les courants d’air, que quelques vieux réactionnaires passéistes et nostalgiques. Heureusement pour la presse, elle est historiquement un des piliers du pouvoir démocratique. Les politiciens ne la laissent donc pas tomber et tentent à tout prix de la soutenir sans se rendre compte de sa perte progressive d’influence.

Mais si la presse n’apporte plus pleinement son soutien, la classe politique, taillée pour un monde “un à beaucoup”, s’affaiblit. Sur Internet, le débat d’idées est permanent. Les faiblesses logiques des discours politiciens sont très vite montrés du doigt et les conflits d’intérêts identifiés.

Tout le monde peut dire n’importe quoi sur Internet. Après avoir appris à lire grâce à l’imprimerie, le peuple découvrira la nécessité d’apprendre le sens critique. Mais tout comme la propagation d’idées séditieuses était un tort à un souverain despotique, l’esprit critique individuel marque, à terme, l’arrêt de mort de la particratie partisane.

Le déclin du système est inéluctable. Les banquiers cherchent donc à tirer leur épingle du jeu en tentant d’exploiter le filon jusqu’au trognon, convaincant les politiciens de soutirer le plus de richesses possible avant l’écroulement : les fameuses mesures d’austérité. Lesquelles sont également une tentative désespérée de rappeler les valeurs morales de la “démocratie” : il faut travailler dur pour pouvoir espérer devenir riche. Ou moins pauvre.

Tout comme l’imprimerie a permis l’avènement de la banque à travers le billet et la monnaie papier, Internet entraîne l’apparition d’une toute nouvelle économie, rigoureusement incompatible avec la précédente : la fameuse “économie du partage”.

Que l’on ne s’y trompe pas : payer un trajet Uber avec une carte de crédit n’est pas l’économie du partage, malgré ce que les médias vous diront. Car, encore une fois, rappelons que les médias font partie d’un ancien monde et luttent résolument contre l’apparition de cette révolution.

La véritable économie du partage se profile néanmoins : je paierai automatiquement, avec une monnaie totalement décentralisée, comme le Bitcoin, l’utilisation de la voiture de mon voisin. Ou plutôt d’une des trois voitures que mon quartier aura imprimées, pièce par pièce, de manière communautaire.

Autant dire que, dans cet univers, les notions de politicien, de presse, de banque voire de travail ou d’impôt n’auront plus du tout le même sens.

 

La transition

Que l’on ne s’y trompe pas : raconter l’histoire de manière déterministe est, a posteriori, facile. Mais les humains sont, y compris chez les plus puissants, inconscients des enjeux qui se trament. Ils sont, pour la plupart, de bonne foi et sont même persuadés d’agir dans l’intérêt du bien commun.

Le plus vil et le plus escroc des banquiers est persuadé d’être utile et nécessaire, que son bonus annuel est mérité, que l’économie a besoin de lui.

Il n’y a donc pas de grands méchants riches qui tirent les ficelles et à qui il faut couper la tête. Au contraire, nous participons tous à la construction de notre société. Faire de la politique pour changer le monde ? Pour améliorer la société ? Ce serait comme demander à Louis XVI un titre de noblesse afin d’avoir le droit de faire la révolution. Le droit de changer le monde, il se prend sans l’accord du pouvoir en place. Il s’utilise contre le pouvoir en place. Car, par définition, ils sont opposés à tout changement, même si les plus idéalistes n’en sont pas conscients.

Nous avons la chance d’être conscients de vivre une transition, de pouvoir appliquer un regard d’historien sur la période actuelle. Il s’est écoulé près de 500 ans entre l’invention de l’écriture et l’avénement de la première dynastie égyptienne. Il a fallu 300 ans pour que l’imprimerie engendre la révolution française. Cela fait 20 ans qu’Internet existe. Seulement.

Alors, laissez-moi vous dire : nous ne sommes qu’au début ! Aux prémices ! Aux balbutiements ! À l’aube d’une nouvelle ère que j’espère voir grandir de mon vivant. Une nouvelle époque que je pressens plus humaine, plus passionnante, plus juste. Un futur aussi inimaginable que Thèbes l’était pour l’homme de Cro-Magnon ou que l’homme sur la Lune pour Gutenberg. Une nouvelle société dont nous avons le devoir de préparer les fondations ici et maintenant.

Une nouvelle humanité qu’il faudra construire sans eux…

 

Si ce billet vous a plu, je vous invite à élargir la réflexion avec Pourquoi nous regardons les étoiles.

Photo par Carlos Gracia. Relecture par Pierre-Louis Peeters et mlpo.

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Ce texte est publié par Lionel Dricot sous la licence CC-By BE.

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Le fatal amalgame de l’économie et du social

mercredi 17 décembre 2014 à 14:59
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Depuis plusieurs semaines, la Belgique est secouée par des mouvements de grève. Sur les réseaux sociaux comme dans la rue, les positions se polarisent : il y a les pro-grève, généralement favorables aux syndicats et aux divers mouvements politiques de gauche et les anti-grève, défenseurs des petits commerçants et indépendants injustement affectés.

Les deux clans s’invectivent, notamment sur des mesures absurdes. Les débordements agressifs ou menaçants des grévistes font le buzz sur le net, relayés avec délectation par une presse avide d’anecdotes sensationnalistes. Les pro-grève, de leurs côtés, tentent faiblement de justifier, d’excuser ou de minimiser avant de rebondir sur les débordements des non-grévistes, généralement des conducteurs excédés fonçant avec leurs bolides sur les piquets de grève.

L’ambiance est délétère, toute intelligence a laissé place à un corporatisme haineux et animal ne laissant guère de place aux indécis ou aux partisans d’une forme de conciliation. On est pour ou on est contre. On est le bien ou le mal, la droite ou la gauche.

Mais comment en est-on arrivé là ?

Le problème fondamental est que, dans notre pays, beaucoup de personnes ont du mal à joindre les deux bouts voire ne les joignent pas du tout. C’est un fait. Résoudre ce problème est ou devrait être une priorité de notre société.

Historiquement, les pro-grévistes brandissent alors les références historiques, de Germinal aux années 60, expliquant en quoi la grève a été un instrument de progrès social et de pression sur les capitalistes qui a permis la réduction de ce problème. Objectivement, il est vrai qu’on meurt beaucoup moins de faim qu’il y a 150 ans.

Le message véhiculé par la grève est “Sans travailleurs, vous capitalistes n’êtes rien. Nous voulons donc une plus grande part du gâteau que les miettes que vous nous donnez.” L’intérêt social doit primer sur l’intérêt économique.

De l’autre côté, les anti-grévistes répondent que sans activité économique, il n’y aura plus de social du tout. “Si le gâteau est plus grand, les miettes seront plus grosses. Si personne ne paie la farine et les œufs, il n’y aura pas de gâteau du tout !”

Entériné dès les débuts de l’ère industrielle, ce combat social contre économie, gauche contre droite, est, comme tout clivage historique qui se respecte, en perpétuel déséquilibre.

Mais qui a décidé que l’économie et le social devait être lié ? Pourquoi l’un est-il l’opposé de l’autre ? Pour une raison toute simple et aujourd’hui complètement obsolète : le social s’est fondu dans le travail.

Une mesure sociale de nos jours doit “créer de l’emploi”. Les syndicats protègent non pas les pauvres et les démunis mais “les travailleurs”. À l’époque de Germinal, ne pas avoir de travail revenait en effet à crever de faim. L’amalgame a donc été vite fait et s’est perpétué jusque nos jours. Les citoyens réclament du travail alors que ce qu’ils exigent est le salaire du travail, pas le travail lui-même.

Mais ce postulat fondamental est en train de se fissurer de toutes parts. Grâce à la robotisation et à la mondialisation, le capital a de moins en moins besoin de bras. Le plein emploi est une lubie désormais lointaine. L’absurdité de la “création d’emplois” commence à apparaitre au grand jour.

La grève et les syndicats sont devenus obsolètes. Mais l’économie de droite, l’austérité, les incitants, primes et autres cadeaux fiscaux le sont tout autant.

Oui, il est nécessaire de laisser la liberté à ceux qui veulent entreprendre, de ne pas leur mettre des bâtons dans les roues. Mais il est également temps d’arrêter de (faire semblant de) les aider sous de fallacieux prétextes sociaux, ces aides se résumant généralement à apprendre comment éviter les embûches semées par la même administration !

Socialement, il est également nécessaire de s’assurer que chacun puisse, indépendamment de son salaire, de son travail ou de sa pension, vivre humainement. La décorrélation de ce revenu de base avec le salaire est fondamentale. Tout le reste ne fait que renforcer des inégalités, des injustices et pousser à la consommation.

Car comment mieux faire tourner les grosses entreprises que tout le monde critique ? En consommant plus ! Comment aider les employés à consommer plus ? En indexant les salaires, l’indexation automatique n’étant qu’une gigantesque et inique prime globale à la surconsommation, favorisant particulièrement les salaires les plus élevés. On encourage donc les plus pauvres à se mettre en situation précaire avec des dépenses le plus souvent inutiles.

Malheureusement, le seul point sur lequel toutes les parties s’entendent est justement cette erreur fondamentale, la cause de tous les maux : il faut créer, favoriser et protéger l’emploi. Le premier ministre belge vient d’ailleurs de le rappeler dans un soucis d’apaisement. Rassurez-vous, la priorité est de creuser des trous et de maximaliser l’inefficacité !

Mais les deux parties peuvent elles seulement penser autrement ? Elles ne vivent que pour combattre l’autre. Elles se nourrissent de cette guerre, elles ne maintiennent leur obsolète existence que grâce à ce conflit.

Comme deux armées antagonistes, se finançant et recrutant grâce à la peur de l’autre, elles sont d’accord sur un point : la paix serait une catastrophe. Changer d’avis n’est pas une option.

Heureusement pour elles, tant qu’on assimilera emploi et survie, économique et social, il n’y aura pas de paix possible. Et la polarisation évitera à toute voie alternative de se développer.

 

Photo par Hao Nguyen.

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Ce texte est publié par Lionel Dricot sous la licence CC-By BE.

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Pour Noël, offrez un peu de liberté !

dimanche 14 décembre 2014 à 15:02
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En cette période de fêtes, trouver des idées de cadeaux peut parfois relever du casse-tête. Le ForeverGift ne sera sur le marché qu’en 2015, l’ambiance des centres commerciaux bondés et surchauffés vous rebute et vous n’avez pas envie d’offrir une babiole inutile ou de tomber dans la frénésie consumériste.

Je vous propose non pas une, non pas deux, mais bien trois idées de cadeau ! Des cadeaux personnalisables à l’envi et à agrémenter de la lettre suivante, lettre que vous pouvez bien entendu adapter et modifier à votre sauce.

 

À toi qui m’est cher,

Cette année, plutôt qu’un bien matériel, j’ai décidé de t’offrir à la fois de la liberté et de l’enrichissement personnel.

Tu trouveras ci-joint une clé USB contenant une sélection d’articles, de reportages, de nouvelles littéraires, de romans au format Epub, de films et de vidéos que j’ai glanés au cours de mes pérégrinations sur le web. Parfois, il ne s’agit que d’un simple lien vers lequel je te renvoie mais j’ai établi cette sélection spécialement pour toi.

Ces contenus sont librement consultables sur Internet mais j’ai tenu, en ton nom, à faire un petit don aux auteurs. C’est mon premier cadeau.

À propos de paiement, j’ai décidé de t’offrir une petite somme sur un compte Flattr et/ou ChangeTip afin de te faire découvrir le principe du prix libre. Je t’expliquerai comment les dépenser. C’est mon second cadeau.

Enfin, tout cela ne serait pas possible sans la liberté que nous offre le web. Sais-tu que cette liberté est régulièrement menacée ? Aussi, en guise de troisième cadeau j’ai envoyé un petit soutien en ton nom à des associations qui défendent cette liberté : Framasoft et/ou La Quadrature du Net et/ou l’Electronic Frontier Foundation.

Au cours de l’année prochaine, je t’invite donc à prendre parfois le temps de souffler quelques minutes hors du tourbillon quotidien pour t’arrêter, te faire une tasse de thé et découvrir un de ces contenus que j’ai sélectionné. Tu verras, ces pauses seront un cadeau que tu t’offriras à toi-même !

Joyeuses fêtes et bonne année !

 

Petite sélection de contenus pour vous donner des idées :

N’hésitez pas à me signaler du contenu à prix libre susceptible d’être offert pendant les fêtes.

 

Photo issue de Pexels.

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Appel à la grève des télé-travailleurs !

dimanche 7 décembre 2014 à 13:47
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Camarades télé-travailleurs,

Le syndicat des Télé-Travailleurs en Association Générale Libre (TTAGL) s’associe à la lutte initiée par nos camarades des syndicats classiques et à leurs revendications.

Il a en effet été observé que, nonobstant les piquets de grève organisés partout dans le pays, de nombreux travailleurs renégats rentrent chez eux et, au lieu de ne rien faire, travaillent à distance depuis leur ordinateur personnel.

Rappelons que la grève est l’affaire de tous. Il est nécessaire que nous soyons unis face aux nantis et à leurs sbires du gouvernement.

Dans un soucis de ramener nos camarades égarés dans le droit chemin et de leur faire prendre conscience de l’esclavage à domicile qui leur est imposé, le TTAGL a décidé de prendre une série de mesures.

  1. Via des attaques de type “DDOS”, l’accès à tous les sites webs pouvant être utilisés à des fins professionnelles sera rendu inaccessible. En temps normal, ces mesures sont bien entendus illégales mais, un préavis de grève ayant été déposé par le TTAGL, la police tolérera ces agissements et ne prendra aucune plainte. Ces “DDOS” seront filtrants afin de laisser passer les communications urgentes.
  2. L’utilisation d’Internet sera scrupuleusement scrutée durant la journée de grève. Le personnel syndiqué des fournisseurs d’accès nous fournira les IPs des personnes ayant eu une activité internet poussée durant la journée de grève. Rappelons que s’informer, lire ou regarder des conférences en vidéo vous rendent plus productif et sont donc des activités apportant un bénéfice direct à votre patron. Ces activités sont donc strictement interdites durant les jours de grève.
  3. L’utilisation de Facebook n’est tolérée qu’avec les personnes qui n’ont aucun lien professionnel avec vous. Les contacts sociaux entre collègues ou avec des clients sont bénéfiques à votre patron et sont donc à proscrire durant les grèves. Une cellule spéciale du TTAGL a été mise en place afin de surveiller l’activité Facebook.
  4. Afin de s’assurer de la coopération de tous, des brouilleurs de wifi circuleront dans les grandes villes dans des véhicules aux couleurs du TTAGL. La police a ordre de ne pas entraver notre liberté constitutionnelle de circuler.

Il est important de souligner que ces mesures sont prises dans l’intérêt général. Par solidarité, interdisez-vous tout ce qui pourrait être bénéfique à votre productivité et, par conséquence, à votre patron durant les journées de grève. Évitez les lectures intelligentes, le repos, la méditation, le sport !

Nous sommes conscient que des complices du grand patronat chercheront à outrepasser ces mesures afin d’égoïstement protéger leurs intérêts au mépris du bien commun. Le TTAGL agira en fonction de la gravité des actes allant griffer voire défoncer le véhicule des coupables.

Camarade, la lutte ne fait que commencer ! Soyons solidaires ! N’oubliez pas que nous combattons pour le bien de tous et pour la défense de vos droits !

 

Photo par Marcovdz.

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