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Site original : Framablog
Expérience lancée en mode « on verra bien », les Contribateliers, émanations concrètes et participatives de Contributopia, fonctionnent et se répandent pour apporter leur pierre dans l’esprit du Libre.
Lors de ces moments conviviaux tout le monde peut se retrouver avec son savoir et ses questions, ses boissons et ses gâteaux, pour contribuer au logiciel et à la culture libres pendant une soirée. On repart avec un sentiment de satisfaction… et l’envie de recommencer !
Tout commence, comme souvent, par un constat un peu tristoune. Le libre n’est pas en train de gagner, et c’est plutôt l’inverse qui se produit : les GAFAM grignotent le web avec leurs plateformes, et d’autres rêvent d’atteindre leur puissance, de les égaler et de se régaler de nos données personnelles.
Mais pourquoi le libre ne fonctionne-t-il pas ? Si vous demandez à des gens dans la rue, iels vous diront que les logiciels libres sont moins beaux, moins travaillés, plus compliqués à maîtriser, voire à utiliser. D’où vient ce ressenti ? Historiquement, les personnes qui se retrouvent à la tête de projets de logiciels libres sont souvent des développeurs qui avaient un besoin particulier, et l’ont assouvi par un développement. L’emploi du masculin n’est pas un hasard : ce sont souvent des hommes, majoritairement blancs, relativement jeunes, qui disposent d’un environnement favorable leur permettant de dédier une portion de leurs temps (libre) à leur passion, le logiciel (libre aussi).
Cela ne fait pas nécessairement de leurs produits des bons produits. Beaucoup d’autres compétences sont nécessaires pour créer de tels produits : en design d’interface (faire des jolis programmes), en expérience utilisateur.ice / ergonomie (faire des programmes agréables à utiliser), en gestion de produit (évaluer l’importance et la priorité des fonctionnalités à rajouter), en communication (parler de son travail et attirer des intéressé.e.s), etc. Nous ne jetons pas la pierre aux développeur.se.s qui ont commencé ces projets. Beaucoup se sont retrouvé.e.s dans une telle situation par hasard, et non par le gré d’une motivation diabolique.
À l’exception, bien sûr, d’une frange élitiste du libre, qui s’auto-congratulait d’avoir les logiciels les plus performants, mais pas nécessairement les plus agréables à utiliser. Cette caste expliquait que la performance surpasserait la facilité d’utilisation aux yeux des utilisateur.ice.s ; l’histoire lui a donné tort. Mais il est resté un côté nerd dans le monde du libre, à vouloir rester entre « barbus », comprenez, des gens qui ne voient tout qu’à travers le prisme de la technique. Le design, l’expérience utilisateur.ice ? Bah, de la peinture décorative, qui détourne l’attention ! De la gestion de produit ou de projet ? Laissez ça au monde de l’entreprise ! Communication, marketing ? Merci de ne pas utiliser des mots vulgaires en nos saintes présences technophiles !
Le problème, c’est que les entreprises ont vite compris que pour capter les utilisateur.ice.s, tous ces aspects étaient fondamentalement importants. Autant dire qu’on ne joue pas dans la même cour. Les utilisateur.ice.s se retrouvent dans une démarche légitime de comparaison entre le libre et le propriétaire, mais commettent (malgré elleux !) l’erreur de penser qu’il s’agit d’un produit fini, destiné à la consommation, et donc présentable à une critique parfois dure et exigeante. En outre, il arrive même qu’iels ne soient pas au courant qu’il est possible d’aider ces logiciels libres en question !
(vous avez quatre heures !)
Les Contribateliers sont donc nés de ce constat, proposant des ateliers de découverte de la contribution au logiciel libre, selon ses compétences et ses envies. Au final, les logiciels libres existent pour les utilisateur.ice.s, il est donc nécessaire de les remettre au centre de l’équation. Soit en leur proposant ce dont iels ont besoin (une meilleure expérience utilisateurice, plus de simplicité, des fonctionnalités qui répondent à leurs besoins), soit en les impliquant directement dans le procédé de création. En plus d’une découverte du libre, c’est l’occasion d’apprendre à contribuer, et d’arrêter de consommer simplement le logiciel comme s’il était un produit fini.
Mais contribuer c’est très dur, non ? Eh bien non, il existe de nombreuses choses à faire dans beaucoup de domaines qui ont été négligés. Certaines de ces tâches ne requièrent pas de connaissances préalables. D’autres demandent de s’y connaître en design, ou de savoir parler une langue donnée, ou d’avoir un goût prononcé pour l’écriture à la plume numérique. Encore mieux, certaines connaissances impromptues peuvent aussi satisfaire des besoins que l’on crée ensemble, que l’on découvre au fur et à mesure des ateliers. Le concept de base consiste à montrer qu’il existe des contributions accessibles à tou.te.s, de se retrouver physiquement, de passer un bon moment ensemble, et de profiter de moments de convivialité. Tout simplement poser une date permet de passer à l’action, de s’entraider, ensemble, face au monde parfois intimidant du libre.
L’une des libertés du logiciel libre c’est de permettre la contribution. Le code est ouvert, il n’y a qu’à s’y mettre. Modifier un logiciel, ben voyons ! Une petite merge request (NDLR, proposition de contribution) au petit dèj’ pour Camille Dupuis-Morizeau ? Comment, t’as pas vu qu’il manquait un point-virgule et que le nom de la variable était mal écrit ? Rhôôô ! (NDLR : notre sous-titreur est en PLS)
Mais enfin, disions-nous dans l’élan lyrique du lancement de la campagne, la contribution ne s’arrête pas à corriger des lignes de code, même pas à écrire de la documentation. Il y a mille manières de contribuer au Libre.
Seulement, il a bien fallu se l’avouer (et même récemment vous l’écrire) : accueillir la contribution, c’est plus facile à dire qu’à faire !
C’est même finalement plus compliqué, en tout cas moins rapide, que de lancer des services sur le Web. La fameuse formule « seul on va plus vite » a encore de beaux jours devant elle !
Les Contribateliers se veulent donc des assemblées physiques, locales et conviviales destinées à accueillir toutes les bonnes volontés, geeks et surtout pas geeks, histoire de mettre en commun les besoins et les solutions, les savoirs et les envies, les arts et les techniques, les pédagogues et les rêveurs pour faire avancer un sujet donné autour des services web et de la culture libre.
Rédaction, graphisme, traduction, code, tests, design, formation, organisation d’événements, création artistique, il y a tant de choses à faire qui demandent un tel éventail de compétences, que chacune et chacun peut y trouver sa place. Parfois il n’y a même pas besoin de compétence, seulement de son vécu et de son expérience de simple utilisateur·rice. Seul un rôle est indispensable dans tout ça : l’organisation. Si personne ne trouve un lieu, si personne n’annonce une date, si personne n’est là pour mettre les volontaires à l’aise, faciliter la parole, relancer la discussion, ça ne fonctionne pas.
Revenons un peu aux sources : un peu partout, près de chez vous, se trouvent des Groupes d’Utilisateurices de Logiciels Libres, les fameux GULL, qui ont permis et permettent encore à tant de gens de s’émanciper des solutions privatrices et centralisatrices. Ces structures associatives existent depuis longtemps, souvent bien plus longtemps que Framasoft.
Là, ça contribue ! Toutefois avec des objectifs parfois différents, les GULL étant souvent des espaces d’initiation au logiciel libre, expliquant comment faire tourner son ordi sous Linusque, fournissant du support actif pour celleux utilisant déjà les outils libres. Donc plus accessible pour un public déjà initié dans lesquels les non-techniciens peuvent avoir un peu de mal à s’insérer. C’est normal ! Et c’est vrai pour toutes les passions : essayez voir d’intégrer un club de belote, de jeu de rôle, de crochet ou de modélisme si vous n’y connaissez strictement rien.
La différence, c’est que vous pouvez très bien passer toute votre vie sans jamais coincher et sans jamais faire un jet de santé mentale (Iä ! Shub-Niggurath !), alors que de nos jours vous ne pouvez quasiment pas bouger une oreille sans qu’il soit question d’informatique, d’Internet, de logiciels et de données. Même pour la Sécu. Même pour payer une prune ou réserver une table au restau. Même pour gérer une AMAP.
Nous, vous nous connaissez, on adore faire dans l’expérimentation, tracer notre chemin dans ce monde numérique. Mais au bout d’un moment il faut que nos petites idées s’émancipent. Le monde du Libre est bien plus vaste que notre petite constellation, et tant mieux. C’est l’un des fils conducteurs de notre campagne Contributopia : après Dégooglisons Internet qui visait à combattre les hégémonies sur le Web, vient le temps de la construction commune d’un autre modèle. Ou, pour être plus juste, de retrouver les valeurs initiales du logiciel libre et de l’informatique en général : des outils efficaces et respectueux, construits avec les personnes qui les utiliseront, en écoutant ce qu’elles ont à dire.
Nous vous invitons aujourd’hui, grâce à un subtil sous-titre au jeu de mots pourri, à découvrir le Retour d’EXpérience de quelques Contribateliers organisés par Framasoft.
Dans quelles villes avez-vous organisé des Contribateliers ?
Gavy/Benjamin pour Lyon : Le premier Contribatelier va avoir deux ans et s’était organisé à Lyon. Au début on était clairement sponsorisés par Framasoft puisque l’association prenait sur elle le coût du lieu (qui était d’ailleurs Locaux Motiv, où Framasoft a son siège social) et celui des pizzas ! Pour vous dire, on appelait ça des Framateliers, avant de se rendre compte qu’il fallait déframasoftiser ! Depuis on a pris notre indépendance en étant hébergé·es gracieusement (dans des universités et des tiers-lieux associatifs), et en invitant les participant·es à contribuer également sur l’apport de victuailles et boissons. Parce qu’une tarte à la patate douce est une excellente contribution !
Paris a vite suivi, en mettant en place des Contribateliers en partenariat avec Parinux, qui avait l’originalité d’être périodiques : tous les troisièmes jeudis de chaque mois.
Les Contribateliers ont vécu plus d’un an sur ce rythme : tous les mois à Paris, réglés comme un mouvement d’horlogerie, plus sporadiquement à Lyon, en fonction des disponibilités des co-organisateur·rices, et de temps en temps à Toulouse.
Et depuis très peu de temps ça bouge pas mal avec les Contribateliers lyonnais et toulousains qui sont en train de s’inspirer du chapitre parisien en passant « à date fixe », c’est à dire par exemple tous les deuxièmes mercredis du mois pour Lyon. On est également en train de voir apparaître des Contribateliers à Grenoble et peut-être Nantes et Tours, pas forcément portés par des membres de Framasoft, ce qui nous fait très plaisir.
Maiwann pour Toulouse : À Toulouse, des contribateliers s’étaient lancés mais assez rapidement essoufflés. Alors pour redémarrer, on a demandé aux Lyonnais comment ils faisaient, et on a réalisé que le plus gros travail, c’est de trouver des organisateur·ices, s’accorder sur une date et de trouver un lieu ! Après un appel aux motivé·es, on a pris le problème à l’envers, cherché un lieu et mis en place une date régulière… et maintenant les contribateliers sont accueillis par la grande médiathèque de Toulouse, et se déroulent tous les premiers samedis du mois ! C’est facile à retenir \o/
Sur quels thèmes avez-vous travaillé ?
Maiwann pour Toulouse : Cartographie Libre avec l’aide d’animateurs du groupe local OpenStreetMap, écriture de nouvelles ou dessin autour de l’univers de Khaganat, traduction de logiciels comme Funkwhale, sans la présence du développeur principal mais grâce à la superbe page « comment contribuer » (NdlR : on en reparle plus bas), proposition d’aide pour débuter en contribution quand tu es développeur avec deux membres de Toulibre, et discussion autour de la vie privée en général et du téléphone portable en particulier entre autres…il y en a pour tous les goûts !
Benjamin/Gavy pour Lyon : Comme Toulouse, un peu de tout ! En fait en amont des Contribateliers les co-organisteur·rices réfléchissent à des propositions de pôles d’activités et chaque participant·e est invité à soumettre et/ou animer un pôle si elle le souhaite. On a aussi le plaisir de recevoir des animateurs extérieurs, notamment de Wikipédia et OpenStreetMap : les Contribateliers c’est aussi faire converger les communautés !
Au final on a ainsi des pôles assez variés en thématiques et compétences nécessaires. Dans les pôles « Tout le monde peut contribuer ! » on a souvent un pôle pour Framalibre et Common Voice (NDLR : une base de données libres « crowdsourcée » pour permettre d’avoir des logiciels de reconnaissance vocale libre, par Mozilla), de temps en temps aussi des pôles sur Wikipédia, OpenStreetMap. On organise quasi systématiquement un pôle « Tests » qui consiste à essayer un logiciel ou service libre et écrire ses retours : zéro compétence demandée !
On a bien sûr aussi des pôles qui nécessitent plus d’expertise, par exemple pour contribuer au code de PeerTube, Mobilizon, et autres logiciels libres, pour découvrir l’auto-hébergement avec YunoHost, etc. Comme le dit Maiwann, il y en a pour tous les goûts ! On est vigilant·es à ce que chacun·e puisse venir participer et que personne ne se retrouve dans la situation où iel ne peut pas contribuer par manque d’un pôle adéquat.
En exclusivité pour le Framablog : on est en train d’installer et remplir un petit outil web qui nous permettra de regrouper toutes les contributions possibles (dérivé de l’outil similaire de Funkwhale, merci Funkwhale !), afin que les participant·es des Contribateliers puissent s’en servir comme support, mais aussi pour que n’importe qui puisse trouver des tâches auxquelles donner du temps, hors Contribateliers. Bientôt sur vos écrans !
Est-ce que ces travaux sont dûment consignés ? Est-ce que ça débouche sur des avancées concrètes et quantifiables ?
Maiwann pour Toulouse : Pour certaines contributions oui, pour d’autres on est sur du long cours donc il faut attendre un peu pour voir si les personnes qu’on a initiées à la contribution reviennent ! Pas de quantifiable de notre côté pour l’instant, mais on ne fait que (re)démarrer. ;)
Gavy/Benjamin pour Lyon : C’est assez peu quantifiable mais en fait c’est un peu volontaire, on ne demande pas à chaque personne en fin de Contribatelier ce qu’elle a fait, combien de temps elle a contribué… ça nous paraît un peu trop anxiogène et oppressant ! On préfère demander si les personnes ont passé un bon moment, si elles ont réussi à contribuer comme elles le voulaient et si elles pensent éventuellement revenir à un prochain Contribatelier. En fait on est davantage sur l’idée d’amener à contribuer, d’apprendre à contribuer, à faire ensemble que sur du quantitatif (« alors on a fait 12 commits, 2 articles Wikipédia et… »). Les Contribateliers, ce sont avant tout des portes d’entrée vers le libre et la contribution.
Cependant, pour Lyon, on essaie quand même de laisser une trace de chaque Contribatelier dans la partie blog du site contribateliers.org. Le site est tout frais, sent encore la peinture donc pour l’instant il y a encore peu de comptes rendus, ça va venir ! En pratique, nous avons eu des contributions en code, documentation, communication, design, expérience utilisateur.ice, à des logiciels libres variés : Framadate (l’alternative libre et gratuite à Doodle), PeerTube, Mobilizon, Wikipédia, Kresus,…
Qui sont les personnes qui viennent ?
Maiwann pour Toulouse : Pour l’instant, les profils de compétence sont assez variés (on est loin d’être sur seulement des profils techniques, ouf !), mais tout le monde a déjà entendu parler du libre ou alors est ramené par quelqu’un qui connaît les enjeux du libre ! Cela dit, comme nous sommes au sein de la médiathèque et que nous restons ouverts aux passant·es, ponctuellement il nous arrive de répondre à des curieux·ses, qui découvrent le concept et se disent intéressé·es… On espère qu’on les reverra dans les prochains mois !
Benjamin/Gavy pour Lyon : Ici aussi des profils très variés, de l’administratrice système à l’enseignant en passant par l’étudiant, la documentaliste, etc. ! Et effectivement on a encore du mal à faire venir des personnes qui n’ont pas déjà un pied dans la bulle du libre. Les Contribateliers veulent s’ancrer dans la démarche initiée par Framasoft avec Contributopia : ne pas faire du libre pour juste faire du libre, mais pour le mettre au service de celleux qui en ont besoin. À Lyon notre dernier Contribatelier portait exclusivement sur Mobilizon, pour fêter la sortie de la bêta. Dans de tels évènements, nous adorerions accueillir un large public issu du milieu de l’activisme social, du militantisme, de l’écologie. Ce seront les utilisatrices et utilisateurs finaux de ce logiciel, celleux avec lesquel·les il est important de collaborer maintenant pour que Mobilizon soit adapté à leurs besoins et usages. Mais on travaille sur ce point… Pour la communication et d’autres sujets, même les Contribateliers ont besoin de contributions 🤯 !
Quel est le « facteur clé de succès » d’un Contribatelier ?
Maiwann pour Toulouse : La variété des ateliers proposés ? ! Je n’ai qu’une crainte, c’est que tous les ateliers proposés aient un « coût d’entrée » trop important pour qu’une nouvelle venue ou un passant de la médiathèque sans compétence technique particulière, mais qui aurait envie de contribuer reparte déçue. Mais pour l’instant, ce n’est pas arrivé !
Gavy pour Lyon : En général, je dirais de la bienveillance et de l’empathie : pour les organisateur·rices ça consiste à prévoir des pôles pour tous, mettre tou·tes les contributeur.ice.s sur un pied d’égalité, accueillir, guider et remercier. Pour les participant·es, on demande juste de venir sans chichis, sans pression, avec juste l’envie de « faire collectivement ». L’objectif reste que chacun·e ait pu passer un bon moment, ait le sentiment d’avoir pu contribuer et aider à faire avancer le libre, voire à changer le monde, qui sait. ;-)
Avez-vous des anecdotes particulières à nous raconter ?
Squeeek pour Toulouse : J’ai des petites étoiles dans les yeux en repensant à une nouvelle (une petite légende du Khanat) co-écrite en Contribatelier avec une personne qui suit le mouvement libriste depuis un bail sans être technique… et surtout le fait que cette légende ait été écrite d’après des dessins réalisés par un enfant au précédent Contribatelier, l’essence même du libre dans un texte illustré comme on n’en avait pas encore chez Khaganat !
Gavy pour Lyon : Un co-organisateur lyonnais qui commande les pizzas à qui on dit de bien prendre au moins une végétarienne et qui nous commande donc une pizza… au Pepperoni… Presque !
En anecdote de contribution réussie, il y a ce contributeur à qui on présente Framalibre, on crée son compte avec lui et quelques notices pendant la soirée. Plutôt satisfaisant en soi, et encore plus quand on s’est aperçus que par la suite il est devenu l’un des contributeurs les plus actifs de l’annuaire !
Benjamin (pas du tout le co-orga dont on parle plus haut) pour Lyon : au tout premier Contribatelier, on s’est penchés sur Framadate. La version mobile de l’application exhibait un souci de défilement horizontal qui ne s’effectuait pas, et dont beaucoup de personnes se plaignaient régulièrement. Fort heureusement, une contributrice talentueuse, développeuse Web, a su nous régler ça au cours de la soirée ! Rien que cette réussite m’a empli le cœur de joie libriste et d’espoir pour les temps à venir… #violon
Comment faire pour que les Contribateliers se développent (à part en parler ici) ?
Maiwann pour Toulouse : Il ne faut pas se mettre la pression. Commencer à lancer un appel à personnes motivées pour se retrouver, et ensuite trouver un lieu (contactez vos bibliothèques ça peut être de supers endroits pour !) puis se lancer sur des dates prévues à l’avance pour que tout le monde ait le temps de voir venir… Et même si vous vous retrouvez à deux ou trois ça vaudra le coup, l’important c’est de créer un espace physique où d’autres pourront vous rejoindre plus tard. :)
Gavy pour Lyon : Si vous n’aviez pas entendu parler des Contribateliers ou pas encore osé franchir la porte : venez ! Vous pouvez retrouver tous les Contribateliers existants sur https://contribateliers.org.
Et pour celleux qui veulent organiser des Contribateliers, il y a un « kit » : https://contribateliers.org/kit-contribatelier/ et vous pouvez nous demander de l’aide, on vous apportera astuces, conseils et outils. ;-) Participant·es et coorganisateur·rices peuvent se retrouver sur notre équipe Framateam (nécessite d’avoir déjà un compte Framateam mais sinon la porte est ouverte) : http://frama.link/Team
Et évidemment, parlez-en autour de vous, y compris et surtout aux personnes qui ne connaissent pas le libre : votre sœur / frère fait partie d’une association qui lutte contre le gâchis alimentaire ? Qu’il vienne découvrir Mobilizon et peut-être même qu’en le testant elle proposera une fonctionnalité qui renverra les groupes Facebook dans les orties, qui sait ?
Un dernier mot ?
Miaw ! Et longue vie aux Contribateliers \o/
Pas de dernier mot car j’espère bien voir les lecteur·rices de cet article lors d’un prochain Contribatelier ! Sinon, pour le plaisir : « esperluette » !
Comment appelle-t-on un conducteur de bateau qui regrette une mauvaise conduite ? Un contrit bâtelier, bien sûr !
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Illustration d’entête : CC-By David Revoy
Voilà deux ans que nous travaillons à l’internationalisation des actions de Framasoft, afin que notre expérience puisse dépasser la francophonie. Si on part de (vraiment) loin, on sait où l’on va !
Framasoft est une association inscrite dans sa culture francophone, voire franco-française. Nos projets sont en français, nous n’avons pas de membres d’origines anglo-saxonnes et peu d’entre nous sont bilingues, l’imagerie de Dégooglisons Internet parodiait allègrement celle d’Astérix le Gaulois.. même le « Fra » de « Frama » vient de « Français », la matière qu’enseignait une des professeures à l’origine de Framasoft !
Autant vous dire qu’en 2017, lorsque nous avons inscrit des actions d’internationalisation dans la feuille de route de Contributopia, nous partions de loin ! D’une part parce que nous n’avions jamais eu ni pris le temps de nous présenter autrement qu’en Français… et d’autre part parce que, il y a deux ans, nous avions déjà plus de 30 services et de 50 projets aux traductions incomplètes ou inexistantes.
Chacun de nos sites avait son histoire, ses spécificités techniques, ses bidouillages qui rendaient encore plus complexe une traduction unifiée. Or avouons-le : la barrière de la langue nous arrangeait pas mal… Les services libres de Dégooglisons Internet attiraient déjà beaucoup, beaucoup de francophones. Si on se mettait à les traduire en anglais, espagnol ou italien, ne risquait-on pas d’imploser ?
Dans une culture du « toujours plus » qui nous entoure, la démarche que nous avons entreprise ces deux dernières années peut sembler paradoxale. Nous avons promu nos actions et nos outils à l’international en voulant ne surtout pas gagner d’importance ni d’usager·es pour nos services.
Le fait est que l’expérimentation proposée par Framasoft semble être unique au monde. On ne dit pas cela pour se la péter, hein ! Mais connaissez-vous d’autres structures libristes qui aient proposé un programme aussi complet (informer des dangers – proposer des alternatives – encourager la reproduction du modèle – créer de nouveaux outils), à une aussi large échelle (9 salarié·es, plus de 500 000 bénéficiaires par mois) tout en restant indépendante de la sphère marchande ?
Nous n’en voyons que peu, voir pas, et c’est justement cela qui nous chiffonne ! L’expérience que nous avons acquise pourrait aider d’autres structures à s’inspirer pour créer leurs propres expérimentations. Mais si l’on veut voir nos actions recopiées, et adaptées à d’autres cultures, il faut franchir la barrière de la langue, se présenter à plus large public possible et montrer comment ça a marché pour nous.
Un des plus gros chantiers a été d’internationaliser nos services. Il a fallu revoir entièrement la structure technique derrière les pages qui vous accueillent sur framapad.org ou framadate.org, le tout sans que la différence ne vous saute aux yeux ! Ces modifications techniques nous permettent de gérer les locales (les langues affichées) via notre forge logicielle, et de pouvoir utiliser un outil de Traduction Assistée par Ordinateur pour des traductions collaboratives.
C’est ainsi que des traductions sont déjà disponibles, car nous avons des allié⋅es pour internationaliser : c’est l’occasion de dire un grand MERCI aux contributeurs et contributrices qui ont aidé à publier en d’autres langues les logiciels, la documentation ou les pages web, on ne peut pas tous vous citer mais on vous aime ! Remerciements particuliers tout de même à la très active équipe italienne qui traduit fidèlement depuis pas mal de temps et diffuse de l’autre côté des Alpes nos expériences et les outils que nous mettons à disposition.
Un ringraziamento particolare al team italiano molto attivo che da tempo traduce fedelmente e diffonde le nostre esperienze e gli strumenti che mettiamo a disposizione
Eh oui, on sait bien que c’est la lingua franca aujourd’hui… Quand on propose Framapad en anglais, il faut pouvoir afficher les Conditions Générales d’Utilisation dans la langue d’Ada Lovelace ! Du coup l’ensemble de nos pages d’accueil de services ont subi le même traitement, ainsi que nos sites de présentation (Framasoft.org, Soutenir Framasoft, Dégooglisons-Internet, Contributopia). Désormais, tout nouveau site créé par l’association (joinpeertube, joinmobilizon) est pensé en mode « multilingue » !
D’ailleurs, lorsque vous choisissez la langue d’un de nos sites, la liste proposée utilise les endonymes (disons « deutsche ») plutôt que le nom anglais (« German ») ou français (l’allemand). Ce genre de détail est important à nos yeux, car il témoigne du soin apporté à défendre certaines valeurs.
Une fois que l’on propose des outils traduits, il faut aussi en parler. D’une part parce que les messages de contact ou les demandes d’aide commencent à se faire en anglais (hé oui !). D’autre part parce que c’est l’objectif : montrer ce que l’on fait, montrer comment ça marche pour nous.
Nous continuons de rencontrer nos homologues hors francophonie pour échanger ensemble. Cela a donné quelques « talks » au sujet de Dégooglisons Internet ou de Contributopia. Aujourd’hui encore, nous échangeons avec le Free Software Fondation pour intervenir, à distance, lors de la prochaine édition du Libre Planet.
Ne nous cachons rien : les développements de PeerTube et de Mobilizon nous ont permis de faire connaître nos actions hors de la francophonie. Ce n’est pas pour rien que la vidéo « What is PeerTube ? » a été enregistrée en anglais (avec l’accent toulousaing de Pouhiou). Ces outils, qui peuvent servir mondialement, ont été financés par des collectes. Il nous semblait essentiel que l’effort financier ne repose pas uniquement sur la francophonie.
Nous avons donc fait l’effort de présenter au monde des financements participatifs bilingues, en anglais comme en français… Quitte à faire un « AskMeAnything » sur reddit, et à publier des articles en anglais sur le Framablog… Aujourd’hui, leur langue de développement et de documentation est, comme pour de nombreux logiciels libres, l’anglais (même si nous les traduisons bien vite en Français !)
Nous sommes loin, bien loin d’avoir fini nos efforts d’internationalisation. En fait, nous commençons seulement à avoir une base, solide, pour expérimenter une stratégie dans nos rapports hors-francophonie.
Microsoft est connu pour sa stratégie « embrace extend extinguish », à savoir embrasser l’autre pour conquérir son territoire et l’étouffer. Nous, nous situons à l’autre extrémité du spectre : exposer – expliquer – essaimer. Nous exposons nos actions, expliquons les conditions qui les ont permises pour que d’autres les copient, les adaptent, et qu’elles s’essaiment.
Plutôt que de traduire nos services en 15 langues, c’est donc tout un travail d’explications et d’essaimage qui reste à accomplir, dans l’espoir que les fruits produits par Framasoft puissent servir de terreau pour les expérimentations futures…
Rendez-vous sur la page des Carnets de Contributopia pour y découvrir d’autres articles, d’autres actions que nous avons menées grâce à vos dons. Si ce que vous venez de lire vous plaît, pensez à soutenir notre association, qui ne vit que par vos dons. Framasoft étant reconnue d’intérêt général, un don de 100 € d’un contribuable français reviendra, après déduction, à 34 €.
Illustration d’entête : CC-By David Revoy
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Les réformes des retraites instaurées voilà plus de 15 ans ont grevé le système par répartition, faisant fondre le montant des pensions.[…] L’extension de la pauvreté chez les seniors et la perspective généralisée de retraites peau de chagrin provoquent un tel traumatisme dans la société allemande que ces thèmes figurent parmi les sujets les plus sensibles, régulièrement en première ligne du débat public. Les réformes lancées en 2002 et 2005 par l’ex-chancelier Gerhard Schröder furent présentées comme « le seul moyen de sauvegarder » le système et singulièrement la retraite de base par répartition dont l’écrasante majorité des Allemands demeure tributaire aujourd’hui. Encouragement fiscal aux plus riches à souscrire des assurances privées, amélioration de la compétitivité d’entreprises qui crouleraient sous les « charges sociales », instauration d’un indice dit de « durabilité » (Nachhaltigkeit) permettant de faire évoluer la valeur du point sur lequel est calculé le montant des retraites versées par les caisses légales (Gesetzliche Kassen) par répartition, allongement de la durée du travail et report à 67 ans de l’âge de départ à taux plein : la panoplie des mesures adoptées par le gouvernement SPD-Verts de l’époque ressemble à s’y méprendre à celle déployée aujourd’hui par Emmanuel Macron pour justifier sa réforme. Jusqu’aux éléments de langage sur « la nécessité absolue de moderniser le système ».
Les causes multiples de cette régression ne sont pas exactement les mêmes entre ces deux pays, mais les inégalités et l’accès au système de santé restent des facteurs communs qui soulignent les limites des politiques pratiquées outre-Manche et outre Atlantique
Nous sommes à un tournant dans la surveillance en voiture : en 2020, la plupart des nouvelles voitures vendues aux États-Unis seront équipées de connexions Internet intégrées. Les voitures deviennent des smartphones sur roues, qui envoient et reçoivent des données d’applications, de compagnies d’assurance et ce à peu près partout où leurs fabricants le souhaitent. Certaines marques se réservent même le droit d’utiliser les données pour vous retrouver si vous ne payez pas vos factures.
La lutte de Julian Assange contre son extradition vers les États-Unis pourrait durer des années, et son argumentaire pourrait s’appuyer sur des rapports selon lesquels il aurait été espionné illégalement et ses informations sensibles auraient été communiquées à la CIA.
Entre-temps, plus de 100 médecins du monde entier ont écrit au gouvernement australien, l’exhortant à agir et à « protéger la vie de son citoyen », dans une lettre qui sera remise au ministre des Affaires étrangères mardi, avec les avertissements que la santé de Julian Assange continue de se détériorer.
La CJUE a estimé que la vente d’occasion d’e-books devait être interdite. Elle a justifié sa position par le fait que les copies de ces livres, parce que numériques, ne se détériorent pas. De fait, une personne pourrait revendre à l’infini les ouvrages qu’elle a achetés dématérialisés.
Dans les entrepôts d’Amazon au Royaume-Uni, des salarié·es privé·es de pause pipi ou pressé·es par les cadences infernales doivent uriner dans des bouteilles en plastique.
D’autres entreprises britanniques font même signer des contrats engageant le personnel à ne pas passer plus de 1 % de son temps de travail effectif aux toilettes –soit deux minutes par jour. Aux États-Unis, certain·es des employé·es du secteur de la volaille seraient obligé·es de porter des couches pour se soulager, selon un rapport d’Oxfam. La question se pose également en France, où les exemples de gestion inhumaine des temps de pause se multiplient.
Si un accord a bien été trouvé, à la fin de cette interminable COP25, il est extrêmement minime. Le texte, qui a été adopté à l’unanimité, appelle à des « actions urgentes » mais n’en adopte pour ainsi dire aucune. Le ton du texte est très laconique et se borne même, dans son point n°3, à « noter avec attention l’état du système climatique mondial ».
« Les smartphones sont fabriqués loin de nous, et, quand ils sont recyclés salement, c’est loin de nous aussi »[…] « On délocalise la pollution[…]. On ne veut pas voir l’amont et l’aval du téléphone. Nous voulons tous les avantages d’un mode de vie “connecté”, pas les inconvénients. On laisse d’autres pays, plus pauvres, souiller leur environnement et attraper des cancers, mais on se garde bien d’en parler. C’est d’une immense hypocrisie. »
L’entreprise a été condamnée à la peine maximale, soit 75 000 euros d’amende. Les trois ex-dirigeants écopent de quatre mois de prison ferme et 15 000 euros d’amende.
Récemment, il a reconnu, il est vrai, qu’il ignorait jusqu’à l’article 23 de la Constitution (lui, le « gaulliste » qui connaît toutes les arcanes de la Ve République) qui proscrit aux membres du gouvernement « toute activité professionnelle ». Certes, il dit avoir « pensé » à démissionner. Or dans une démocratie suédoise qu’il cite souvent en exemple (en matière de réforme de la retraite), la question ne se serait pas posée.
On va à nouveau rappeler les conséquences de l’article 23 de la Constitution qui prohibe pour les membres du gouvernement toute autre fonction professionnelle, qu’elle soit rémunérée ou non. […] Lorsque l’on est membre du gouvernement, on ne doit dépendre d’aucun autre lien hiérarchique, d’aucune autre autorité que ceux attachés à ses fonctions, exclusivement dédiées à l’intérêt général national. […] Cette façon pour Emmanuel Macron d’accepter tranquillement que se déploie autour de lui une incontestable corruption, et ce refus désinvolte de se comporter en garant de la Constitution comme celle-ci pourtant l’exige, pourrait bien inciter certains à relire l’article 68 du même texte…
Cafards, punaises de lits, électricité hors norme, eau jaunâtre, panne de chauffage… À Lyon, les étudiants d’une résidence gérée par le Crous entrent en révolte contre un service public qui abandonne les plus pauvres.
Un sapin de Noël sur quatre provient du Morvan. Ils y poussent sous perfusion d’engrais et aspergés de produits phytosanitaires. Excédé de voir ses abeilles mourir, Roger a tiré au fusil sur une cuve d’épandage de pesticides traitant les parcelles voisines de chez lui. Son acte a révélé le ras-le-bol des habitants de la région face à cette activité industrielle.
Puisque le Premier ministre a demandé de prendre en compte les « données économiques incontestables », les salariés de l’Institut montrent, avec des statistiques de l’Insee, que le système actuel est « plutôt un succès », avec un taux de pauvreté des personnes âgées qui a beaucoup baissé et qui est un des plus bas d’Europe, que le système est viable financièrement, notamment par la hausse des cotisations, et que la réforme envisagée va conduire à une baisse des futures pensions. Une telle mobilisation au sein de l’Insee est assez rare.
Ce guide d’autodéfense a pour vocation de fournir des arguments à tous ceux et toutes celles qui s’opposent à la réforme des retraites mais sont parfois démunis face aux éléments de langage (la plupart du temps incomplets ou simplistes) qu’on leur oppose. En bref, comment (se) mobiliser contre la réforme des retraites ?
Le gouvernement a demandé au Sénat de basculer lui aussi sur le système de retraite universel par points. Pas du goût des sénateurs, qui prennent ça comme une punition.
Le projet de réforme ne permet pas de garantir une réduction des inégalités. Il existe au contraire de bonnes raisons de penser que celles-ci risquent de s’accroître.
Tout le monde ou presque le sait maintenant, les profs seront les grands perdants de la réforme des retraites.
Nous le vérifions dans la rue à chaque manifestation du mouvement en cours : il a la sympathie d’une bonne part de la population. […] Mais d’ores et déjà, ce que peut ce mouvement, c’est mettre en crise le régime. S’il obtient que le gouvernement recule sur sa contre-réforme, que celle-ci soit remise aux calendes grecques ou qu’à force d’abandons sur des points de détail, l’ensemble soit compromis, il aura durablement affaibli la Macronie, nous offrant à tous un répit face à la stratégie du choc.
L’époque est celle des soulèvements contre l’aberration et l’imposture gouvernementales ; elle est celle de l’incrédulité face à la politique électorale et la parole officielle, […] celle des Noëls au dépôt avec les grévistes, des actions de blocage par milliers et des occupations en guise de réveillon. Quel plus beau cadeau pour tous les enfants que de s’offrir la tête du Président ?
Vous voyez, il y a quinze jours, nos sujets de discussion se concentraient principalement sur les retraites à point et les années travaillées, nous souffle Benjamin. La colère est montée d’un cran. Dorénavant, c’est tout le système éducatif proposé par le gouvernement qu’on rejette.
Jusque très récemment, le supra-monde écrivait seul le récit. Depuis les réseaux sociaux, les deux récits se font concurrence aux yeux de tous. La dernière fois, voici un peu plus de deux siècles, que la fracture entre ceux qui font les règles et ceux qui les subissent s’est étalée aussi nettement, on sait comment cela s’est fini.
En fait, quand on parle de ville intelligente, nous ne devrions pas penser à une ville qui réponde optimalement à tous les besoins, mais plutôt à une infrastructure de surveillance […] Dans cette vision de la ville, l’ennemi est total : tous les lieux et toutes les personnes doivent être surveillés à tout moment.
Le passage à une société d’accélération implique un processus d’hamstérisation du rythme de la vie, c’est-à-dire l’avènement d’une cadence aliénante (car ce que nous faisons nous semble de plus en plus étranger à qui nous pensons être) et esthétisante (du moment où nous accomplissons certaines tâches non pas pour un but précis, mais uniquement pour ne pas débarquer de la roue de hamster).
Une perspective nouvelle s’ouvre ainsi à nous : la construction d’une civilisation du temps libéré. Mais, au lieu d’y voir une tâche exaltante, nos sociétés tournent le dos à cette perspective et présentent la libération du temps comme une calamité. Au lieu de se demander comment faire pour qu’à l’avenir tout le monde puisse travailler beaucoup moins, beaucoup mieux, tout en recevant sa part des richesses socialement produites, les dirigeants, dans leur immense majorité, se demandent comment faire pour que le système consomme davantage de travail — comment faire pour que les immenses quantités de travail économisées dans la production puissent être gaspillées dans des petits boulots dont la principale fonction est d’occuper les gens.
Ce qui distingue le capitaliste du fasciste, c’est la méthode. L’objectif est le même : le pouvoir et l’argent. […] Toutes les cinq secondes un enfant du Monde meurt de faim. C’est un crime contre l’humanité, dont les hommes de pouvoirs sont les complices. Ce crime est une conséquence de leur système, de leur politique, de leur silence, et non une malheureuse fatalité.
Par ces deux mots, les jeunes générations refusent de perdre davantage de temps à expliquer pourquoi les leçons de morale ou les conseils sont illégitimes et ridicules quand elles sortent de la bouche d’un baby-boomer. […] La formule est choc, mais assumons-la : la durée de vie d’une seule génération aura détruit les écosystèmes et les ressources communes nécessaires aux générations à venir.
Strike-js est une simple fonction JS qui vous permet de désactiver votre site pour une journée. À la place s’affiche un écran noir et un message en gros caractères blancs. Le message et la date de grève sont configurables.
L’année dernière, la Finlande a lancé un cours intensif gratuit en ligne sur l’intelligence artificielle dans le but d’informer ses citoyen·ne·ss sur les nouvelles technologies. Aujourd’hui, en guise de cadeau de Noël au monde entier, la nation européenne met ce programme de six semaines à la disposition de tou·te·s, ce qui est un cadeau pour l’Union européenne. La Finlande abandonne la présidence tournante de l’UE à la fin de l’année et a décidé de traduire son programme dans toutes les langues de l’UE en guise de cadeau aux citoyen·ne·s. Mais il n’y a aucune restriction géographique quant aux personnes qui peuvent suivre le cours, donc c’est vraiment au bénéfice du monde entier. Le cours a certainement fait ses preuves en Finlande, avec plus de 1 % des 5,5 millions de citoyen·ne·ss de la nation nordique inscrites. Le cours, intitulé Elements of AI, est actuellement disponible en anglais, suédois, estonien, finnois et allemand.
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
There is a new development to our future alternative to Facebook : different Mobilizon installs can now federate with each other.
Why is that important ? Why is this a key element ? How can this make Mobilizon a fundamentally emancipatory tool ? We will try to explain all this below.
Mobilizon was born from our desire to offer an alternative to Facebook events for marches to protect our climate and other citizen gatherings. Once the first version completed (by summer 2020 if all goes well !), Mobilizon will be a software that groups, structures or collectives can install on their server, to create their own event platform website. Who can do the most can do the least : if Mobilizon is designed to organize a large pacifist march, it will be easy to manage the birthday of the youngest one ;) !
We worked with designers to have a strong vision for the software. Interviewing activists at various levels of civil society has allowed us to better design Mobilizon. It should not only serve as an alternative to Facebook events, but also to Facebook groups (to gather, communicate together, organize) and Facebook pages (to publish a presentation, however brief, of its collective, its place, its association… and organized events).
We also understood that Mobilizon had to move away from the Facebook-style social features that exploit our ego and motor the attention economy. In the Mobilizon we designed, there are no likes, incentives to create the narrative of your life on a wall, and no echo chambers to these frustrating dialogues where everyone shouts and no one listens.
In June 2019, we presented this project, asking you to finance it if you wanted us to develop it. With more than €58,000 raised, it’s obivious that you shared our enthousiasm for Mobilizon ! In October 2019, we released a first beta version, with basic functionalities. We want to show, in all transparency, the evolution of Mobilizon’s development, with an always-up-to-date demo on test.mobilizon.org.
The federation is one of the most important aspects of the Mobilizon software. It is already good that University X can install Mobilizon on its servers, and create its instance of Mobilizon (let’s call it « MobilizedCollege.net »). But if Jaimie has created their account on UniMobilize.org, the body of their union, how can they register to the « March for Student Loans Awareness » event that was published on MobilizedCollege.net ?
Integrating the ActivityPub protocol into the Mobilizon software allows each installation of each instance of the Mobilizon software to talk and federate with each other. Thus, in our example, MobilizedCollege.net and UniMobilize.org can choose to federate, i.e. share their information and interact together.
Rather than creating a giant platform with a single entrance door (facebook.com, meetup.com, etc.), we create a diversity of entrance doors that can be linked together, while keeping each one its own specificity. Since the second beta update, Mobilizon has made it possible to federate events, comments and participations. Most of the future features we will add in the coming months will also be federated, when appropriate.
You can already see the effects of this federation on our demo instance test.mobilizon.org. Note that the events there are fake (made for tests purposes), so if you try and install a Mobilizon instance on your server, it is better not to federate with this demo instance !
These last two months of development have mainly been devoted to the Federation aspect of Mobilizon. However, other improvements have also been made to the software.
One of the most visible is the addition of comments below events. Right now, this tool is basic : you can comment on an event, and respond to a comment. It is not intended to be a social tool (with likes, etc.), just a practical one.
Many addresses sources (to geolocate the address you type when entering the event location) have also been added to Mobilizon. We are currently thinking about how to improve this point without overloading our friends in the free-libre community such as OpenStreetMap. Today, we are still relying on OSM’s Nominatim server, pending the delivery of our own server !
Many bugs have been fixed since the October beta release. These corrections, combined with many practical and aesthetic improvements, are partly due to your feedback and contributions on our forum : thank you ! If you have any comments about Mobilizon, if you spot anything on test.mobilizon.org, feel free to create a topic on our forum, the only place where we read all your feedback.
Let’s be clear : Mobilizon is not (yet) ready to host your groups and events. We are already seeing pioneers who are tinkering with an installation on their servers (congratulations and thanks to you), it’s cool, really… But until we have released version 1, please consider that the software is not ready.
Also, there is no point in suggesting new features, we will not be able to add anything to what was planned during the fundraising last June. We would like to, but we simply do not have the human resources to meet all expectations. Our small non-profit manages many projects, and we must accept our limits to achieve our goals without burning out.
For the next few months, the path is set :
Adding federation functionality to Mobilizon is a key step. We will continue to keep you informed of such progress on this blog, and to demonstrate it on the test.mobilizon.org website.
In the meantime, we hope that this new milestone will inspire you as much as we do on the future of Mobilizon, do not hesitate to give us your feedback on our forum and see you in June 2020… to Mobilize together !
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Header illustration : CC-By David Revoy
Le développement de notre future alternative aux événements Facebook vient de franchir une nouvelle étape : la possibilité de fédérer différentes installations de Mobilizon.
En quoi est-ce important ? Pourquoi est-ce un élément-clé ? Comment cela peut faire de Mobilizon un outil fondamentalement émancipateur ? Nous allons essayer de vous expliquer tout cela ci-dessous.
Mobilizon est né de notre envie d’offrir une alternative aux événements Facebook pour les Marches pour le Climat et autres rassemblements citoyens. Une fois développé (d’ici l’été 2020 si tout va bien !), Mobilizon sera un logiciel que des groupes, structures ou collectifs pourront installer sur leur serveur, pour créer leur propre plateforme d’événements sous forme de site web. Qui peut le plus peut le moins : si Mobilizon est conçu pour pourvoir y organiser une grande marche pacifiste, il sera facile d’y gérer l’anniversaire du petit dernier ;) !
Nous avons travaillé avec des designers afin d’avoir une vision forte pour le logiciel. Interroger des citoyen·nes engagé·es à divers niveaux de la société civile nous a permis de mieux concevoir Mobilizon. Il ne doit pas seulement servir d’alternative aux événements Facebook, mais aussi aux groupes Facebook (pour se rassembler, communiquer ensemble, s’organiser) ainsi qu’aux pages Facebook (pour publier une présentation, même sommaire, de son collectif, son lieu, son association… et des événements organisés).
Nous avons aussi compris que Mobilizon devait s’éloigner des fonctionnalités sociales à la Facebook, celles qui exploitent notre ego et fondent les mécanismes de l’économie de l’attention. Dans Mobilizon tel que nous l’avons conçu, vous ne trouverez pas de likes, d’incitation à se mettre en scène sur son mur pour y créer le narratif de sa vie, ni de caisse de résonance de ces dialogues frustrants où tout le monde crie et personne ne s’écoute.
En juin 2019, nous vous présentions ce projet, en vous demandant de le financer si vous souhaitiez que nous le développions. Avec plus de 58 000 € récoltés, on peut dire que vous partagiez notre envie que Mobilizon voie le jour ! En Octobre 2019, nous avons publié une première version bêta, très sommaire, avec les fonctionnalités basiques. L’objectif est de vous montrer, en toute transparence, l’évolution du développement de Mobilizon, que vous pouvez tester au fur et à mesure de ses mises à jour sur test.mobilizon.org.
La fédération est l’un des aspects les plus importants du logiciel Mobilizon. C’est déjà bien que l’université X puisse installer Mobilizon sur ses serveurs, et créer son instance de Mobilizon (appelons-la « MobilizTaFac.fr »). Mais si Camille a créé son compte sur SyndicMobilize.org, l’instance de son syndicat, comment peut-elle s’inscrire à l’événement « Marche contre la précarité étudiante » qui a été publié sur MobilizTaFac.fr ?
Intégrer le protocole ActivityPub au logiciel Mobilizon permet à chaque installation de chaque instance du logiciel Mobilizon de pouvoir parler et échanger avec d’autres. Ainsi, dans notre exemple, MobilizTaFac.fr et SyndicMobilize.org peuvent choisir de se fédérer, c’est-à-dire de synchroniser leurs informations et d’interagir ensemble.
Plutôt que de créer une plateforme géante avec une porte d’entrée unique (facebook.com, meetup.com, etc.), on crée une diversité de portes d’entrées qui peuvent se relier entre elles, tout en gardant chacune sa spécificité. Depuis la mise à jour « bêta 2 », Mobilizon permet de fédérer les événements, les commentaires, les participations. Bien entendu, dans les développements des prochains mois, les fonctionnalités appropriées seront, elles aussi, fédérées.
Vous pouvez d’ores et déjà voir les effets de cette fédération sur notre instance de démonstration test.mobilizon.org. Notez que les événements qui y sont créés sont de faux événements (qui servent de tests), donc si vous bidouillez une instance Mobilizon sur votre serveur, mieux vaut ne pas se fédérer avec cette instance de démonstration !
Ces deux derniers mois de développement ont principalement été consacrés à l’aspect fédération de Mobilizon. Cependant, d’autres améliorations ont aussi été apportées au logiciel.
Une des plus visibles, c’est l’ajout de commentaires en dessous des événements. L’outil est pour l’instant sommaire : on peut commenter un événement, et répondre à un commentaire. Il n’est pas prévu d’en faire un outil social (avec likes, etc.), simplement un outil… pratique.
De nombreuses sources d’adresses (pour géolocaliser l’adresse que l’on tape lorsqu’on renseigne le lieu de l’événement) ont aussi été ajoutées à Mobilizon. Nous réfléchissons actuellement à trouver comment améliorer ce point sans surcharger les projets libres compagnons tels que OpenStreetMap. En effet, nous nous appuyons encore sur le serveur Nominatim d’OSM, en attendant la livraison de notre propre serveur !
De nombreux bugs ont été corrigés depuis la publication de la bêta d’octobre. Ces corrections, associés à de nombreuses améliorations pratiques et esthétiques, nous les devons en partie à vos retours et à vos contributions sur notre forum : merci à vous ! Si vous avez la moindre remarque sur Mobilizon, si vous repérez quelque chose sur test.mobilizon.org, n’hésitez pas à créer un sujet sur notre forum, qui est le seul endroit où nous lisons tous vos retours.
Que l’on soit bien d’accord : Mobilizon n’est pas (encore) prêt à accueillir vos groupes et vos événements. Nous voyons d’ores et déjà des pionnier·es qui bidouillent une installation sur leurs serveurs (bravo et merci à vous), c’est cool, vraiment… Mais tant que nous n’avons pas publié la version 1, veuillez considérer que le logiciel n’est pas prêt.
De même, il ne sert à rien de nous suggérer de nouvelles fonctionnalités, nous ne pourrons rien ajouter à ce qui a été prévu lors de la collecte de juin dernier. Nous aimerions bien, mais nous n’avons tout simplement pas les moyens humains de répondre à toutes les attentes. Notre petite association porte de nombreux projets, et nous devons accepter nos limites pour les maintenir sereinement.
Pour les prochains mois, le chemin est tout tracé :
L’ajout des fonctionnalités de fédération à Mobilizon est une étape clé. Nous continuerons de vous tenir informé·es de telles avancées sur ce blog, et de les démontrer sur le site test.mobilizon.org.
En attendant, nous espérons que ce nouveau point d’étape vous enthousiasme autant que nous sur l’avenir de Mobilizon, n’hésitez pas à nous faire vos retours sur notre forum et rendez-vous en Juin 2020… pour se Mobilizer ensemble !
Rendez-vous sur la page des Carnets de Contributopia pour y découvrir d’autres articles, d’autres actions que nous avons menées grâce à vos dons. Si ce que vous venez de lire vous plaît, pensez à soutenir notre association, qui ne vit que par vos dons. Framasoft étant reconnue d’intérêt général, un don de 100 € d’un contribuable français reviendra, après déduction, à 34 €.
Illustration d’entête : CC-By David Revoy