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Quand les recommandations YouTube nous font tourner en bourrique…

jeudi 11 mai 2017 à 10:35

Vous avez déjà perdu une soirée à errer de vidéo en vidéo suivante ? À cliquer play en se disant « OK c’est la dernière… » puis relever les yeux de votre écran 3 heures plus tard… ?

C’est grâce à (ou la faute de, au choix !) l’algorithme des recommandations, une petite recette qui prend plein d’éléments en compte pour vous signaler les vidéos qui peuvent vous intéresser.

Guillaume Chaslot a travaillé sur cet algorithme. Il a même créé un petit outil open-source pour le tester, afin de valider sa théorie : ces recommandations nous pousseraient de plus en plus vers les « faits alternatifs » (ça s’appelle aussi une légende urbaine, un complot, une fiction, du bullshit… vous voyez l’idée.)

Le groupe Framalang a décidé de traduire cet article passionnant.

Ne soyons pas complotistes à notre tour. Cet article ne dit pas que Google veut nous remplir la tête de mensonges et autres légendes numériques. Il s’agirait là, plutôt, d’un effet de bord de son algorithme.

Nous ne doutons pas, en revanche, qu’un des buts premiers de Google avec ses recommandations YouTube est de captiver notre attention, afin de vendre à ses clients notre temps de cerveau disponible (et d’analyser nos comportements au passage pour remplir ses banques de données avec nos vies numériques).

Sauf qu’avec ce genre de vision (et de buts) à court/moyen terme, on ne réfléchit pas aux conséquences sur le long terme. Lorsque l’on représente l’endroit où une grande portion de notre civilisation passe la majeure partie de son temps… C’est problématique, non ?

Tout comme les révélations de Tristan Harris, ce témoignage nous rappelle que, même chez les géants du web, notre monde numérique est tout jeune, immature, et qu’il est grand temps de prendre du recul sur les constructions que nous y avons dressées : car chacun de ces systèmes implique ses propres conséquences.

“The things you own end up owning you » de koka_sexton sous licence CC BY 2.0
(« Ce que vous possédez finit par vous posséder », une citation de Fight Club)

Comment l’I.A. de YouTube favorise les « faits alternatifs »

de Guillaume Chaslot, source : Medium.

Traduction : Jerochat, jaaf, dominix, mo, goofy, Asta, Opsylac, Nimanneau, audionuma, Lyn. + les anonymes

Les I.A. sont conçues pour maximiser le temps que les utilisateurs passent en ligne… Et pour ce faire, la fiction, souvent, dépasse la réalité.

Tout le monde a déjà entendu parler des théories du complot, des faits alternatifs ou des fake news qui circulent sur Internet. Comment sont-ils devenus si répandus ? Quel est l’impact des algorithmes de pointe sur leur succès ?

Ayant moi-même travaillé sur l’algorithme de recommandation de YouTube, j’ai commencé à enquêter, et je suis arrivé à la conclusion que le puissant algorithme que j’avais contribué à concevoir joue un rôle important dans la propagation de fausses informations.

Pour voir ce que YouTube promeut actuellement le plus, j’ai développé un explorateur de recommandations open source qui extrait les vidéos les plus recommandées sur une requête donnée. Je les ai comparées aux 20 premiers résultats venant de requêtes identiques sur Google et Youtube Search.
Les résultats sur les 5 requêtes suivantes parlent d’eux-mêmes :

1 — Question élémentaire : « La Terre est-elle plate ou ronde ? »

2 — Religion : « Qui est le Pape ? »

Pourcentage des résultats à propos du pape affirmant qu’il est « le mal », « satanique », « l’antéchrist »

 

3 —Science : « Le réchauffement climatique est-il une réalité ? »

Pourcentage des résultats affirmant que le réchauffement climatique est un canular

4 —Conspirations : « Est-ce que le Pizzagate est vrai ? »

Le Pizzagate est une théorie du complot selon laquelle les Clinton auraient été à la tête d’un réseau pédophile en lien avec une pizzeria de Washington. Des vidéos faisant la promotion de cette théorie ont été recommandées des millions de fois sur YouTube pendant les mois précédant l’élection présidentielle américaine de 2016.

5 — Célébrités : « Qui est Michelle Obama ? »

Pourquoi les recommandations sont-elles différentes des résultats de recherche ?

Dans ces exemples, une recherche YouTube et une recommandation YouTube produisent des résultats étonnamment différents, alors que les deux algorithmes utilisent les mêmes données. Cela montre que de petites différences dans les algorithmes peuvent produire de grosses différences dans les résultats. La recherche est probablement optimisée dans un objectif de pertinence, alors que les recommandations prennent sûrement davantage en compte le temps de visionnage.

YouTube ne recommande pas ce que les gens « aiment »

Étonnamment, on remarque que les « j’aime » ou « je n’aime pas » (pouce bleu ou rouge) ont peu d’impact sur les recommandations. Par exemple, beaucoup de vidéos qui prétendent que Michelle Obama est « née homme » ont plus de pouces rouges que de bleus, et pourtant elles sont toujours fortement recommandées sur YouTube. Il semble que YouTube accorde davantage d’importance au temps de visionnage qu’aux « j’aime ».

Ainsi, si « la Terre est plate » maintient les utilisateurs connectés plus longtemps que « la Terre est ronde », cette théorie sera favorisée par l’algorithme de recommandation.

L’effet boule de neige favorise les théories du complot.

Une fois qu’une vidéo issue d’une théorie du complot est favorisée par l’I.A., cela incite les créateurs de contenus à charger des vidéos supplémentaires qui confirment le complot. En réponse, ces vidéos supplémentaires font augmenter les statistiques en faveur du complot. Et ainsi, le complot est d’autant plus recommandé.

Finalement, le nombre important de vidéos qui soutiennent une théorie du complot rend cette dernière plus crédible. Par exemple, dans l’une des vidéos sur le thème de « la terre plate », l’auteur a commenté

Il y a 2 millions de vidéos sur la « terre plate » sur YouTube, ça ne peut pas être des c*** !

Ce que nous pouvons faire

L’idée ici n’est pas de juger YouTube. Ils ne le font pas intentionnellement, c’est une conséquence involontaire de l’algorithme. Mais chaque jour, les gens regardent plus d’un milliard d’heures de contenu YouTube.

Parce que YouTube a une grande influence sur ce que les gens regardent, il pourrait également jouer un rôle important en empêchant la propagation d’informations alternatives, et le premier pas vers une solution serait de mesurer cela.

Faites des expériences avec l’explorateur de recommandations si vous souhaitez découvrir ce que YouTube recommande le plus au sujet des thèmes qui vous tiennent à cœur.

Des nouvelles de notre ami Facebook – mai 2017

mercredi 10 mai 2017 à 08:08

La revue de presse de Jonas, qui paraît quand il a le temps.

Tiens ça faisait un moment qu’on ne vous avait pas parlé de Facebook — Hein ? On en parle tout le temps ?

Oui bien sûr, mais son emprise est telle qu’on pourrait tenir une chronique quotidienne sur ce Léviathan. Dans la surabondante actualité de ce géant du Net, Jonas a prélevé trois petites choses :

1. C’est la grande forme

Quand nous nous réjouissons du rapide succès des instances de Mastodon en si peu de temps (venez sur Framapiaf, ou mieux installez votre propre instance et rejoignez le Fediverse) qui a dépassé les 600 000 utilisateurs en un mois, nous sommes bien loin de l’usage massif des réseaux sociaux propriétaires et centralisés. En ce qui concerne Facebook c’est « 1,94 milliard d’utilisateurs actifs mensuels, en hausse de 17 % par rapport au premier trimestre de 2016, avec un bénéfice net d’un peu plus de 3 milliards de dollars, en hausse de 76 pour cent par rapport à la même période l’an dernier », comme le rappelle le magazine the Verge.

 2. À la conquête de ce qui reste du monde

Facebook va toujours plus loin dans l’offre du « tout compris », il s’agit maintenant de maintenir captive la clientèle en lui proposant un service de messagerie. C’est ce que résumait le mois dernier l’article de NextInpact : la Messenger Platform 2.0 veut conquérir le monde avec ses bots. Car il ne s’agit pas d’une messagerie comme les autres : les bots doivent faire l’essentiel du travail :

Des bots de traduction aidant les réfugiés, aux bots qui répondent aux questions de santé, aux occasions de soutenir les causes et même les expériences qui aident les élèves à faire leurs devoirs, la créativité, l’ingéniosité et la vision de notre communauté de développeurs de bot ont été géniaux.
Nous pensons que Messenger va devenir le nouveau salon social du monde, où les gens peuvent sortir, partager, discuter, jouer à des jeux ou acheter des choses, tout en pouvant atteindre presque tout le monde, où qu’ils se trouvent. Nous pensons maintenant que nous combinons deux outils du passé : l’annuaire téléphonique (comme nous l’avons utilisé pour trouver des personnes) avec les Pages Jaunes (la façon dont nous avons l’habitude de trouver des entreprises). (source : le Newsroom de Facebook)

On l’a compris : l’objectif de Facebook, comme celui des autres géants du web est d’investir l’espace privé comme l’espace public, à tout instant, en effaçant le plus possible la limite déjà peu perceptible entre service rendu et commerce, sans solution de continuité. Le monde que propose Facebook à ses milliards d’utilisateurs est celui des animaux en batterie dans une ferme industrielle.

Vaches charolaises – photo par JPC24M – (CC-BY-SA-2.0)

3. L’intrusion est une vocation

Avec Facebook, c’est deux pas en avant, un pas en arrière… à chaque fois que Facebook est pris la main dans le sac pour une pratique douteuse, l’ineffable Mark Zuckerberg jure ses grands dieux, la main sur le cœur, que c’était pour la bonne cause, que toutes les précautions ont été prises, qu’aucune loi n’a été transgressée… et peu à peu nous baissons la garde et Facebook s’autorise à des pratiques de plus en plus douteuses.
Souvenez-vous, déjà en 2012, Facebook a mené une expérience qui avait déclenché la polémique sur certains de ses utilisateurs. Près de 700.000 d’entre eux ont servi de cobayes sans le savoir. Des scientifiques ont modifié les flux d’actualité des utilisateurs en bougeant le curseur du nombre de messages positifs et négatifs, pour observer les réactions sur « l’humeur » des cobayes… (source : magazine ZDNET 700 000 utilisateurs manipulés par une expérience sur la contagion émotionnelle).

Aujourd’hui, ces pratiques douteuses semblent n’avoir pas changé. En effet, le journal The Australian révèle que Facebook a mené des recherches pour cibler les adolescents émotionnellement vulnérables et insécurisés de manière à faciliter les pratiques publicitaires prédatrices.

En surveillant les messages, les commentaires et les interactions sur le site, Facebook peut savoir quand les personnes âgées de 14 ans se sentent « vaincues », « submergées », « stressées », « anxieuses », « nerveuses », « stupide », « idiot », « inutile » et « échec ».Ces informations recueillies au moyen d’un système sur l’analyse du sentiment pourraient être utilisées par les annonceurs pour cibler les jeunes utilisateurs de Facebook lorsqu’ils sont potentiellement plus vulnérables.

Dessin réalisé par l’artiste Pawel Kuczynski (son site Web)

La politique d’utilisation des données de Facebook nous avertit que l’entreprise « peut utiliser les informations que nous recevons à propos de vous… pour les opérations internes, y compris le dépannage, l’analyse des données, les tests, la recherche et l’amélioration des services ».
Les informations telles que votre statut « relationnel », votre emplacement, votre âge, votre nombre d’amis et à la manière dont vous accédez au site sont vendus aux annonceurs.

Encore une fois, Facebook a rapidement présenté des excuses et a déclaré à l’Australian :

une enquête sera menée sur la question, nous admettons qu’il était inapproprié de cibler les jeunes enfants de cette manière.

— des excuses… jusqu’à la prochaine fois ?

Allez hop, on vous rappelle avec ce bon vieux Richard Stallman que…

Facebook n’est pas votre ami, c’est un système de surveillance (source)

 

Pour aller plus loin

Pour fuir Facebook et trouver une alternative libre et décentralisée, vous avez le réseau social Diaspora*, dont nous proposons une instance nommée Framasphère* !

Framalibre : une ressource vous manque ? À vous de l’ajouter !

mardi 18 avril 2017 à 17:24

Nous vous avons récemment présenté la refonte de notre projet historique, l’annuaire de Framasoft. Comme tous nos outils, celui-ci n’aura de sens que si vous vous en emparez.

Voici le troisième et dernier tutoriel de cette série vous aider à découvrir, utiliser et participer à ce grand projet collaboratif. Cette semaine, on vous incite à participer à cet annuaire du Libre. En effet, comme une belle auberge espagnole (ou comme le 6e site web le plus visité au monde) : vous n’y trouverez que ce que vous y apporterez.

Créer une notice

une notice dans Framalibre

Voici un exemple de notice, une fois remplie.

Nous avons fait en sorte que ce soit le plus simple possible :

  1. Faites une recherche pour bien vérifier que la notice que vous voulez ajouter n’existe pas déjà ;)
  2. Créez-vous un compte (cf. tuto précédent)
  3. Connectez-vous à votre compte
  4. Cliquez sur « ajouter une notice » toujours présent dans une colonne latérale.

7 types de notices différentes

Le bouton « ajouter une notice » vous propose un choix déroulant qui vous mènera vers 7 formulaires différents. Il convient de choisir celui le mieux adapté au type de ressource que vous voulez présenter :

Notez que les types de ressources ne sont pas des catégories : vous pouvez très bien créer une ressource de type Média et la ranger dans la catégorie « électronique » car il s’agit par exemple d’un tutoriel sur un montage électronique. À vous de voir ce qui est le mieux approprié.

À remplir obligatoirement

Il y a quelques champs à remplir obligatoirement, car sans eux votre notice ne serait pas vraiment utile…

Les champs complémentaires :

Bien entendu, si les autres champs sont présents, c’est que nous les jugeons importants. Fournir un ou plusieurs visuels de votre ressource (capture d’écran, logo, photo, pochette, etc.) ou un résumé court est essentiel si vous voulez que sa notice donne envie d’en savoir plus.

N’hésitez donc pas à rechercher plus en profondeur (le site officiel ou la page wikipédia de la ressource, par exemple) afin de bien remplir l’ensemble des champs demandés… une fois le ou les visuels fournis, remplir une fiche peut prendre 5 minutes montre en main…

Des questions ?

La foire aux questions

Nous maintenons à jour une foire aux questions sur Framalibre afin de vous permettre de maîtriser le site en toute autonomie… Vous y trouverez des astuces pour créer votre notice, comme :

L’équipe de modération

L’équipe de modération recevra automatiquement les courriels envoyés grâce au formulaire accessible depuis le bouton « signaler un contenu ».

Bien sûr les possibilités de signalement sont limitées : c’est parce qu’elles ne concernent que les situations où le simple utilisateur n’est pas en mesure d’agir (doublons, malveillances, etc.).

S’il s’agit de modifier une notice, par exemple, vous pouvez le faire directement et même contacter le créateur de la notice.

Si vous désirez suggérer une amélioration technique de l’annuaire, vous pouvez contribuer en écrivant une issue sur le dépôt GIT du projet.

Pour rejoindre l’équipe de modération, il faut les retrouver sur le forum des bénévoles de Framasoft.

Modifier une notice (et le suivi de versions)

Si vous voyez une erreur, un manque, ou une information obsolète dans une notice, nous vous encourageons fortement à proposer une modification, c’est cela qui fait vivre l’annuaire et permet qu’il soit à jour !

Là aussi, vous devrez être connecté·e à votre compte Framalibre afin de pouvoir proposer des modifications.

vue d'une notice avec un compte connecté

Pour soumettre une mise à jour d’une notice, il suffit de cliquer !

 

Comment modifier une notice ?

  1. Allez sur la fiche de la notice
  2. cliquez sur l’onglet modifier au-dessus de la notice (à côté de l’onglet « Voir ») OU sur « Soumettre une mise à jour »
  3. Effectuez les modifications dans le formulaire.
  4. (optionnel) Relisez à l’aide de l’Aperçu, ou vérifiez les changements avec le bouton « Voir les modifications »
  5. Enregistrez votre mise à jour.

À chaque fois qu’une notice est modifiée, son créateur est prévenu par courriel. Il se génère aussi une archive de la notice dans sa version préexistante. Les différentes versions (l’historique des modifications et les noms des contributeurs) peuvent alors être visualisées et comparées (à la manière d’un wiki).

Ainsi à chaque fois que vous modifiez une notice, vous pouvez commenter votre révision, cela aidera le créateur à comprendre votre intention. Les révisions des notices (lorsqu’il y en a) sont accessibles en ajoutant le mot « revisions » (sans accent) à l’adresse de la notice, ainsi : framalibre.org/content/nom-de-la-notice/revisions

Une fois ma modification proposée…

Elle est automatiquement validée et le créateur originel est prévenu par courriel.

Dès lors, la personne ayant créé la notice pourra voir vos apports et interagir le cas échéant.

En cas de litige ou d’absence, notre équipe de modération fera de son mieux pour vous aider.

Pour aller plus loin :

Le Libre expliqué aux jardiniers

vendredi 14 avril 2017 à 08:08

Parler du Libre est plus compliqué qu’il n’y parait : nous n’avons souvent que quelques minutes pour expliquer à la fois en quoi consiste la conception d’un logiciel libre…

… et pourquoi celle-ci diffère de l’industrie « conventionnelle », mais aussi quelle est l’approche éthique du mouvement, quel est l’intérêt des licences non-propriétaires, etc.
Max Barry est australien et propose une analogie avec l’agriculture. Bref et clair, un apologue comme on les aime sur le Framablog : après le loup et le chien (version aKa) et le pommier magique (de Ploum), voici

La parabole de la tomate

par Max Barry.
Texte original sur son blog : Tomato parable
Traduction framalang : Félicien, mo, Bromind, roptat, simon, goofy, Penguin, jaaf, Opsylac + 1 anonyme

J’ai écrit quelques lignes de code pour intégrer mes tweets sur mon site web. Voilà une déclaration qui n’aurait eu aucun sens en 1990. En fait, elle en a à peine davantage aujourd’hui. Mais je l’ai fait. Je suis fier de mon site. Je l’ai fait moi-même. De temps à autre, je reçois un courriel me demandant : « Quels logiciels as-tu utilisés pour faire ton site, où puis-je les trouver ? ». Je pense que la réponse est : faites-vous offrir un Commodore 64 pour votre dixième anniversaire sans aucun jeu sympa.

Mais ce n’est pas pour ça que j’écris cette chronique. J’écris car j’ai décidé de cultiver mes propres légumes. Quelques personnes de ma connaissance faisaient pousser leurs légumes elles-mêmes et n’arrêtaient pas de répéter à quel point c’est fantastique de ne plus dépendre des légumes industriels des grandes surfaces, qui sont mauvais pour plein de raisons… donc je me suis dit : pourquoi pas !

Photo par Tomwsulcer, via Wikimedia Commons (CC-0)

Au début, j’étais intimidé à l’idée de faire pousser des légumes. Quand je prends un légume, généralement c’est seulement parce que j’ai envie de le manger. Je n’ai pas envie d’être intimement impliqué dans sa création. J’avais peur de finir par passer plus de temps à me préoccuper de la santé de fragiles et complexes petits pois qu’à les manger.

Et puis un jour j’ai vu une publicité pour des graines génétiquement modifiées. Elle promettait de supprimer tous les inconvénients de la culture de légumes ; ça avait l’air intéressant. Les tomates seraient grosses et bien rouges, et je n’aurais rien à faire. J’en ai donc acheté.

Ça a énervé mes amis écolos. Surtout quand j’ai commencé à avoir des problèmes. La culture de mes franken-fruits était censée être simple, mais après quelques semaines tout le jardin a arrêté de pousser. Mes choux étaient flétris. Mes carottes anémiques. Mes épinards ne se reproduisaient pas. Ils n’étaient pas censés le faire, d’ailleurs. L’entreprise de produits génétiques les avait conçus stériles, pour que je sois obligé d’acheter de nouvelles graines à chaque saison. Mais je pensais pouvoir trouver une solution.

J’ai demandé de l’aide à mes amis écolos. Eh ben ! On aurait cru que je leur demandais un rein… Ils n’arrêtaient pas de remettre sur le tapis le fait que j’utilisais des graines OGM. Et au final, ils se sont tous rassemblés pour me dire : « Max… on ne peut plus t’aider. On aimerait bien. Mais tu t’es toi-même attiré ces problèmes. Le truc c’est que, quand tu nous demandes de l’aide, ce que tu nous demandes en fait, c’est d’utiliser nos compétences et nos connaissances pour favoriser un produit privatisé qui est non seulement inférieur dans la pratique à son alternative libre que tu as choisi d’ignorer, mais qui en plus est concrètement mauvais pour la planète. On ne peut tout simplement pas faire ça. »

Et voilà comment je leur ai appris à ne plus me demander de les aider avec Windows.

Plus de CHATONS, plus de confiance en Mastodon

mercredi 12 avril 2017 à 13:37

Les CHATONS vous proposent de nouvelles portes d’entrée de confiance vers Mastodon, le clone de Twitter libre et fédéré. Mais avant de vous les annoncer : penchons-nous sur une question simple : ça veut dire quoi, « libre et fédéré » ?

Faire du Twitter aussi libre que l’email

Première grosse différence entre Twitter et Mastodon : Mastodon est un logiciel libre. Ce qui veut dire qu’il respecte nos libertés individuelles (contrairement à Twitter). Que l’on peut en lire le code source, la « recette de cuisine » (celle de Twitter, elle, est cachée dans un coffre-fort légal). Donc que l’on peut savoir s’il y a une porte dérobée dans le service, ou que l’on peut repérer et réparer une faille (impossible de savoir ou de faire ça avec Twitter).

Capture écran de framapiaf.org – Notez le thème dédié concocté avec amour ^^

Deuxième grosse différence : c’est une fédération. Ce qui veut dire qu’il n’y a pas un seul endroit où s’inscrire, mais plein. « Ouh là là mais c’est compliqué, c’est quoi un système de fédération ? » allez-vous nous demander…

En fait, vous utilisez déjà un système informatique fédéré : l’email.

Vous pouvez vous créer une adresse mail où vous voulez, et communiquer avec tous les autres emails. Vous pouvez changer de fournisseur d’email, déménager. Vous pouvez vous créer une autre adresse mail, une au nom d’une célébrité ou d’un personnage de fiction (alors que non, vous n’êtes pas le vrai Gaston Lagaffe, on le sait). Vous pouvez même vous créer votre propre serveur email, pour votre entreprise, votre organisme d’enseignement, votre association…

Vous le savez : les options et conditions générales d’utilisation de Gmail ne sont pas les mêmes que celles de Microsoft Hotmail qui peuvent à leur tour différer des règles imposées pour l’email de votre boite. Parce que dans une fédération, chaque administration de serveur, chaque instance décide de ses propres règles du jeu.

Ben tout cela, c’est pareil pour Mastodon :

Framasphère, c’est un Facebook serein, libre et sans pub.

Oh, et si Twitter n’est pas votre tasse de thé, sachez qu’il existe un réseau libre et fédéré alternatif à Facebook : Diaspora*. Cela fait plus de deux ans que nous avons ouvert notre instance (on dit un « pod »), Framasphère, et vous y êtes les bienvenu·e·s ;)

L’enfer, c’est les autres (ou pas)

C’est étrange, mais dès qu’on parle de collaboration, de fédération, de réseaux… la réponse quasi-instinctive que l’on voit poindre dans les yeux de notre interlocuteur, c’est la peur. La méfiance. Comme si on croyait, au fond de nous, que « les autres » nous veulent forcément du mal (de base et par principe). Mais si je ne suis pas « malveillant par réflexe », et que je fais partie de « les autres » pour mon entourage… Peut-être que ce n’est pas toujours le cas ?

Bisounours n’est pas une insulte, mais un titre de gloire.
image © Sergent TOBOGO

Philosophie mise à part, le meilleur moyen de ne pas tomber dans le piège de la niaiserie, c’est de ne pas rester dans l’ignorance : une utilisation avertie en vaut 42. Voici donc quelques astuces qui valent pour toute fédération.

On peut se faire passer pour moi sur Mastodon ?

Oui, comme pour les emails : je peux me créer un email votrenom@jojolarnaque.com. Il va donc falloir que vous indiquiez à votre entourage sous quels pseudonyme et instance vous allez sur Mastodon (beaucoup l’inscrivent dans leur bio Twitter). Sachez que si les comptes parodiques clairement identifiés semblent légaux, l’usurpation d’identité numérique (même sous pseudonyme) peut être punie par la loi Française.

Et si je veux être Moi-officiel-certifié-promis-juré ?

C’est vrai que ça peut être pratique, mais surtout lorsqu’on est un organe de presse et que l’on veut certifier ses journalistes, par exemple… Dans ce cas, le meilleur moyen c’est de faire comme Numérama, et d’héberger sa propre instance Mastodon. Vous réservez l’inscription sur votre instance à votre personnel, et le tour est joué. Lorsque l’on reçoit un email de machin@numerama.com, on se doute que ça vient de leurs services. C’est pareil pour leur instance Mastodon ! En plus, pour une fois, les médias (et entreprises, organismes, personnalités, personnes…) ont la possibilité de choisir les règles du jeu de leur réseau social, plutôt que de se les laisser imposer par Twitter et consorts…

Et si Jojo l’arnaque ouvre un guichet, je fais comment pour savoir qu’il faut pas lui faire confiance avec mes missives sur les bras ?

C’est un vrai danger. Car lorsque vous vous inscrivez sur une instance Mastodon, c’est comme s’inscrire chez un fournisseur email : vous lui confiez des informations intimes (vos contacts, vos messages – même les plus privés, votre utilisation, etc.). Il faut donc savoir à qui vous pouvez faire confiance, une confiance qui doit pouvoir durer. Sachant qu’en plus votre niveau de confiance n’est pas forcément le même que le mien, personne ne peut répondre à votre place. Il faut donc se renseigner sur votre hébergeur. Voici un jeu de questions pratiques :

Pour Mastodon, faites confiance aux CHATONS

 

Panier de bébés blaireaux, par David Revoy (CC by) – Allégorie chatonesco-ironique :)

 

Le collectif des hébergeurs alternatifs dont nous avons fêté la naissance en octobre dernier a un but : s’engager sur du web éthique et respectueux de vos données en faisant respecter les engagements de notre charte et les valeurs décrites dans notre manifeste.

Voici donc une nouvelle liste d’instances Mastodon proposées dans le cadre de ce collectif, en complément de celle de la semaine dernière (ici en grisé).

 

G3L

Cliquez sur l’image pour accéder à leur Mastodon

  • Site Officiel
  • Mastodon : https://m.g3l.org/
  • Inscriptions ouvertes, modération stricte
  • Modèle éco : invitation à don à l’association (soutien financier donc)

Framasoft

Cliquez sur l’image pour accéder à leur Mastodon

SVNET.fr

Cliquez sur l’image pour accéder à leur Mastodon

DryCat

Cliquez sur l’image pour accéder à leur Mastodon

  • Site Officiel (en cours, chaton en devenir)
  • Mastodon : https://miaou.drycat.fr/about
  • Inscriptions ouvertes, modération stricte
  • Modèle éco : dons acceptés

Unixcorn

Cliquez sur l’image pour accéder à leur Mastodon

Zaclys

Cliquez sur l’image pour accéder à leur Mastodon

  • Site Officiel
  • Mastodon : https://mastodon.zaclys.com
  • Inscriptions ouvertes, modération stricte
  • Particularités : signature dkim sur le domaine de messagerie
  • Modèle éco : gratuit ou don libre (en cours de discussion, dépend des ressources utilisées, sinon réservé adhérents)

ROFLCOPTER.fr

Cliquez sur l’image pour accéder à leur Mastodon

Outils Conviviaux

Cliquez sur l’image pour accéder à leur Mastodon

IndieHosters

  • Site Officiel
  • Mastodon : https://mastodon.indie.host
  • Inscriptions payantes, modération stricte
  • Modèle éco (vente de services) :
    • 10 % du chiffre d’affaire reversé à Mastodon
    • 125€/an pour une instance privée (<10 utilisateurs)
    • instance privée >10 utilisateurs – nous contacter : contact@indie.host
    • 24€/an pour un compte sur notre instance partagée

 

Notez que l’instance Framasoft, nommée https://framapiaf.org (après moult débats internes !) bénéficie d’un thème personnalisé aux petits oignons. Framasoft aura de plus fait sa part, en traduisant en français la documentation, et en traduisant un grand nombre de chaînes manquantes au logiciel Mastodon. Toutes ces contributions sont ou seront, évidemment, proposées à l’intégration au code source originel.

Cela porte donc à 9 le nombre de chatons (ou candidats-chatons) proposant des instances Mastodon. Ce qui représente tout de même plusieurs (dizaines de) milliers de places :-)

Et, si ça ne vous suffit pas, les CHATONS ne sont pas évidemment pas les seuls hébergeurs de confiance qui proposent une instance Mastodon. Tiens, rien que parmi les potes qu’on connaît bien, nous on pourrait aller les yeux fermés chez :

Nous vous souhaitons de joyeux Pouets, et pour bien apprendre à utiliser ce réseau, n’oubliez pas :

Vous pouvez d’ores et déjà nous suivre notre compte @framasoft@framapiaf.org sur https://framapiaf.org/@framasoft !