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Projet de Loi Numérique : soutenons les (Biens) Communs !

vendredi 16 octobre 2015 à 16:25

Comme vous le savez sans doute, le gouvernement à lancé une consultation sur l’avant-projet de loi « Pour une République numérique », qui se termine le dimanche 18 octobre 2015. C’est-à-dire dans quelques heures !

De nombreuses organisations – du libre, mais plus globalement défendant la notion de « (biens) communs » – ont fait de nombreuses propositions visant à enrichir ce projet de loi.

Vous trouverez ci-dessous un appel commun (ce qui ne signifie nullement une position commune), dont Framasoft est signataire, afin de présenter les positions de chacune de ces organisations.

Voir par exemple la proposition de l’April « Donner la priorité aux logiciels libres et aux formats ouverts dans le service public national et local », que nous vous invitons à soutenir, mais il en existe bien d’autres.

Nous vous encourageons vivement à prendre connaissance de ces positions, et – si certaines vous semblent pertinentes – à vous inscrire sur le site http://republique-numerique.fr/ afin de les appuyer (les propositions qui recevront le plus de votes devront faire l’objet d’une réponse par le gouvernement).

Soutenir une proposition (ou plusieurs !) ne prendra que quelques minutes, et peut permettre de faire évoluer dans le bon sens cet avant-projet de loi.

Cet appel est initialement paru sur le site http://www.soutenonslesbienscommuns.org/

Projet de Loi Numérique : soutenons les (Biens) Communs !

 

Paris, le 16 octobre 2015 – Nous, associations signataires, considérons que le Numérique est un vivier de (Biens) Communs.

Les (Biens) Communs sont des ressources produites et partagées par des communautés qui s’organisent collectivement pour les protéger et les faire grandir au profit de tous. Wikipédia, les logiciels libres, ou encore OpenStreetMap sont des initiatives rendues possibles par le numérique et l’informatique. Ces (Biens) Communs nourrissent notre capacité d’innovation économique et sociale. Ils sont essentiels à la science, l’éducation, la diversité culturelle et la liberté d’expression.

Le projet de loi numérique, actuellement soumis à consultation, ouvre la voie à la reconnaissance légale des (Biens) Communs. Nous saluons cette avancée mais nous considérons que ces propositions sont en-deça de l’ambition affichée.

De nombreuses organisations ont présenté des propositions qui visent à enrichir le projet de loi. Pour valoriser ces initiatives, nous vous invitons à prendre connaissance, partager et promouvoir les propositions soutenues par nos différentes organisations.

Voir les propositions soutenues par nos organisations.

Organisations signataires :

Cette liste n’est pas figée, n’hésitez pas à vous manifester :

Rejoindre la démarche !

 

 

 

 

Une contributrice du noyau Linux jette l’éponge

mercredi 14 octobre 2015 à 08:08

Sarah Sharp a de multiples passions sympathiques comme on peut le voir sur la page où elle se présente : développeuse, cycliste, jardinière… et geek. Si nous choisissons aujourd’hui de lui donner un écho francophone, c’est parce qu’elle est libriste de longue date et qu’elle a travaillé pendant sept ans dans l’équipe qui gère et maintient le kernel Linux, c’est-à-dire le noyau du système.

Dans un billet sans acrimonie ni attaque ad hominem, elle explique nettement pourquoi elle a cessé d’apporter sa contribution à ce haut niveau de programmation : lassée d’un mode de communication qui tolère et justifie la brutalité entre ses membres, elle regrette que l’équipe du kernel n’ait pas su évoluer vers des rapports humains plus acceptables.

Elle soulève ici une question désagréablement lancinante, celle du délicat respect de chacun ; il n’est pas indifférent qu’une fois encore ce soit une femme qui estime n’avoir plus sa place au sein d’une équipe de développement. Puisse cet exemple nourrir la réflexion et contribuer à faire évoluer un peu les esprits.

Notez que ce texte critique qui a eu un certain retentissement a été suivi d’un volet plus « constructif » de Sarah Sharp, dans lequel elle propose cinq niveaux et appelle à un changement culturel de fond dans les communautés libristes , ce qui est certes plus complexe que de s’abriter derrière l’alibi d’un code de conduite…

 

Tourner la page

par Sarah Sharp, article original sur son blog : Closing a door.
Traduction Framalang : Sphinx, audionuma, r0u, goofy, line

Sarah Sharp, programmeuse
Voilà un an que ce billet est dans mon répertoire de brouillons. Ce n’était jamais le bon moment pour le publier. je m’inquiétais toujours des contrecoups. Cela fait un bon moment que je tourne autour de l’idée d’évoquer ce sujet en public, mais mon propre refus de reconnaître ce problème a fini par me ronger complètement. Alors le voici.

En un mot : je ne suis plus développeuse du noyau Linux. J’ai transféré en douceur la maintenance du pilote du contrôleur USB 3.0 en mai 2014. En juin 2015, j’ai mis fin à mon rôle de coordinatrice du programme d’ouverture aux femmes du logiciel libre (OPW), et j’ai évolué pour aider à coordonner le programme Outreachy. Le 6 décembre 2014, j’ai animé ce que j’espère être ma dernière présentation sur le développement du noyau Linux. On m’a demandé de coordonner la conférence Linux Plumbers à Seattle en août 2015 et j’ai refusé. La fin de mon mandat au Linux Advisory Board approche et je ne serai pas candidate à ma réélection.

Si j’avais le choix, je n’enverrai jamais plus un correctif, un rapport de bug ou une proposition sur les listes de discussion du noyau Linux. Mes boîtes de réception personnelles ont regorgé de messages de cette liste et je les ai ignorés. Mon travail actuel sur l’activation des modes graphiques dans l’espace utilisateur nécessitera peut-être que j’envoie occasionnellement des correctifs du noyau, mais je sais que je vais passer au moins une journée à craindre les éventuels retours destructeurs de l’interaction avec la communauté qui gère le noyau avant d’envoyer quoi que ce soit.

Je ne fais plus partie de la communauté du noyau Linux.

C’est le résultat d’une longue période de réflexion, et de beaucoup de temps passé à planifier ma succession. Je n’ai pas pris à la légère cette décision de me retirer. Je me suis sentie coupable, pendant longtemps, de ce retrait. Quoi qu’il en soit, j’ai finalement pris conscience que je ne pouvais plus contribuer à une communauté au sein de laquelle j’étais respectée sur le plan technique, mais où je ne pouvais pas demander à être respectée en tant que personne. Je ne pouvais plus travailler avec des gens qui encouragent les nouveaux venus à envoyer des correctifs, et réclament ensuite le droit pour les « mainteneurs » de cracher n’importe quelle grossièreté qu’ils considèrent nécessaire pour conserver une honnêteté affective radicale. Je ne voulais plus travailler professionnellement avec des gens qui s’en sortent malgré leurs blagues subtilement sexistes ou homophobes. Je me sens désarmée devant une communauté qui a un « code de résolution des conflits » qui ne contient même pas une liste explicite de comportements à éviter et une communauté qui n’a pas la volonté de faire appliquer ce code.

J’ai le plus grand respect pour les efforts techniques accomplis par la communauté du noyau Linux. Elle a développé un projet qui se concentre sur le respect des meilleurs standards de code qui existent. La focalisation sur l’excellence technique, la surcharge de travail des mainteneurs et la collaboration entre personnes qui proviennent de différentes cultures et normes sociales sont trois facteurs qui expliquent que les mainteneurs du noyau Linux sont souvent directs, grossiers voire brutaux pour que le travail soit fait. Les meilleurs développeurs du noyau Linux se crient souvent dessus pour corriger mutuellement leur comportement.

Ce type de communication ne me convient pas du tout. J’ai besoin d’une communication qui puisse être brutale sur le plan technique tout en étant respectueuse sur le plan personnel. J’ai besoin que quelqu’un puisse me corriger lorsque je fais une erreur (qu’elle soit technique ou sur le plan social) sans pour autant me faire descendre en tant que personne. Nous sommes humains, nous commettons des erreurs et nous les corrigeons. Nous nous énervons envers quelqu’un, nous sur-réagissons, et puis nous nous excusons et essayons de travailler ensemble pour trouver une solution.

J’aurais préféré que la communication au sein de la communauté du noyau Linux se passe de manière plus respectueuse. J’aurais préféré que les mainteneurs du noyau Linux communiquent de façon plus saine quand ils sont contrariés. J’aurais préféré que davantage de personnes assurent la maintenance du noyau Linux, ainsi ils n’auraient pas eu à être aussi brusques et directs.

Malheureusement, les changements de comportement que j’aimerais voir dans la communauté du noyau Linux ne se produiront sans doute pas de sitôt. Plusieurs développeurs seniors du noyau Linux approuvent le fait que les mainteneurs puissent être durs sur les plans technique et personnel. Même si à titre personnel ce sont des gens charmants, ils ne veulent pas que le mode de communication du noyau Linux change.

Cela veut dire qu’ils font passer les besoins affectifs des autres développeurs du noyau Linux (faire tomber la pression en se défoulant sur les autres, en étant brutal, impoli ou grossier) avant mes propres besoins affectifs (le besoin d’être respectée en tant que personne, et de ne pas être la cible de violence psychologique ou d’injures). C’est une dynamique perverse qui privilégie la position des mainteneurs établis au mépris du respect fondamental de l’être humain.

Je ne publie pas ce message à l’attention des développeurs du noyau. Je ne publie pas ce message pour pointer du doigt des personnes précises. Je publie ce message parce que je suis affligée pour la communauté dont je ne souhaite plus faire partie. Je poste ce message car je suis triste à chaque fois que quelqu’un me remercie de revendiquer de meilleures normes pour la communauté, parce que j’ai finalement abandonné l’idée de changer la communauté du noyau Linux. Le changement de culture est un processus long et douloureux et je n’ai plus l’énergie pour prendre une part active à ce changement de mentalité dans la communauté du noyau.

J’ai l’espoir que la communauté du noyau Linux évoluera avec le temps. J’ai participé à cette évolution, et la documentation, les tutoriels et les programmes que j’ai initiés (comme les stages noyau Outreachy) continueront à se développer en mon absence. Je reviendrai peut-être un jour, lorsque les choses iront mieux. J’ai une carrière de plusieurs décennies devant moi. Je peux attendre. En attendant, il existe d’autres communautés du logiciel libre, plus amicales, où je peux jouer ma partition.

Lorsqu’une porte se ferme, une autre s’ouvre, mais souvent nous restons si longtemps et avec tant de regrets devant la porte fermée que nous ne voyons même pas celle qui vient de s’ouvrir devant nous.

— Alexander Graham Bell

 

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Crédits image :

Lettre ouverte à Ada

mardi 13 octobre 2015 à 08:10

À l’occasion de la journée Ada Lovelace, Véronique Bonnet, professeur de philosophie et administratrice de l’April, s’adresse à cette femme illustre et la replace dans une perspective libriste, sans la réduire à la caution féministe d’une journée singulière…

Ada,

honorable Lady Augusta Ada King, comtesse de Lovelace, ta journée est un peu ambigüe, mais sans doute nécessaire.

L’idée d’un Ada Lovelace Day n’est pas des plus subtiles. Marquer d’une pierre blanche un jour de notre année pour y honorer une programmeuse non pas parce qu’elle est programmeuse mais parce qu’elle est femme, et qu’il est inouï qu’une femme le soit, et qu’en plus on dise qu’elle ait été la première à l’être, la première des programmeuses et des programmeurs, c’est comme poser l’exception qui confirme la règle. C’est faire d’une fête une défaite, un peu. Sûrement pas la défaite des femmes, mais plutôt la défaite de l’autonomie, celle qui amène les êtres parlants à se moquer pas mal d’avoir eu de petits chaussons roses ou de petits chaussons bleus, dans l’invention d’eux-mêmes qu’est l’existence.

Nous le savons bien, dans la communauté, à l’April, à Framasoft : rien de tel que le librisme pour conjuguer le « fais ton informatique comme tu veux », adage stallmanien, sur le mode « fais ta vie comme tu veux ». Libriste s’écrit de la même façon au féminin et au masculin. L’archétype du programmeur mâle, blanc, trentenaire, par la grâce d’une éthique du libre, finira bien par partir en quenouille.

Mais ce serait oublier, Ada, qu’il y a encore aujourd’hui des pays où les filles ne vont même pas à l’école. Et où de tristes alibis, comme la religion ou parfois la culture, finissent par les persuader elles-mêmes, faute de recul, que tout est bien ainsi.

Chez Platon, lui-même, dans le Banquet, il est vulgaire de s’éprendre d’un corps féminin, qui ne pense pas, et qui est tout juste bon à fournir la part de matière requise pour qu’il y ait procréation, expression naïve du désir d’immortalité. L’être masculin, lui, a un corps qui pense. Lorsqu’il se reproduit, il est pourvoyeur non pas de matière mais de forme. De manière imagée, à la fin du Timée, le même Platon précise : quand un être masculin, qui donc peut penser, néglige de le faire, il devient femme. S’il persiste dans son absence de fréquentation de l’intelligible, il devient oiseau, tête de linotte, puis mammifère terrestre, puis reptile, poisson, mollusque. S’il se remet à penser, le mollusque devient poisson, puis reptile, puis mammifère, puis femme, puis homme…

Il faut attendre l’humanisme de la Renaissance pour que soit posée la tâche, pour chaque humain, qu’il soit masculin ou féminin, de s’inventer lui-même, d’inventer son rapport au sensible et à l’intelligible. Non plus être un corps, mais avoir un corps, non plus s’inscrire seulement dans des sens, mais dans du sens. C’est aussi à la Renaissance (comme je l’avais évoqué dans un article précédent du Framablog : Sensibilité, fraternité, logiciel libre) que les alchimistes, dont Paracelse, rêvent de générer un être qui pense, sans l’entremise du féminin. Ce à quoi feraient écho, selon Philippe Breton, les projets des cybernéticiens et des informaticiens : faire advenir, par le potentiel de l’abstraction mathématique, une intelligence artificielle. Persistance, aujourd’hui, de ces représentations, dans la question du rapport des femmes à la science ?

240px-Ada_Lovelace_Chalon_portraitPortrait d’Ada Lovelace par Alfred Chalon (Domaine public, via Wikimedia Commons

Tu es née, Ada, en 1815, en un temps où une enfant de lord, Byron en l’occurrence, n’aurait jamais dû être initiée à la mathématique. Un contexte très particulier : ta mère mathématicienne, ton père parti, après ta naissance, épouser une autre femme, sans jamais te revoir. Ce qui a ouvert pour toi ce qui était fermé pour toutes les autres. Wikipédia se fait l’écho, à ton sujet, de commentaires contradictoires concernant la part de Charles Babbage dans les initiatives théoriques qui te sont attribuées, concernant la programmation de la machine ainsi que l’intuition d’implémentation de symboles. Première à avoir programmé ou non, tu fus, en tous cas, pionnière émérite et virtuose arithméticienne à un moment qui en comptait peu d’autres.

Émilie, Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet, un siècle avant toi, mathématicienne, et physicienne aussi,  avait traduit Newton, aimé Voltaire, et prêté le flanc aux commentaires acerbes des chipies jalouses d’alors. Une certaine Madame du Deffand, réputée pourtant pour son esprit et son salon fréquenté par les Lumières, avait écrit d’Émilie du Châtelet : « sans talents, sans mémoire, sans goût, sans imagination, elle s’est faite géomètre pour paraître au-dessus des autres femmes, ne doutant pas que la singularité ne donnât la supériorité. »

Émilie est morte en couches. Toi-même, Ada, d’un cancer de l’utérus. Comme si, par là, marâtre, la nature s’était ingéniée à souligner ce à quoi les femmes devraient s’en tenir lorsqu’elles « conçoivent ». Conception, et non pas concept. Filles d’Eve, comme chacun sait, et non d’Adam. Du côté du sensible, non de l’intelligible. Comme si ce clivage avait un sens à lui tout seul. Heureusement, il est très beau, Ada, que ton nom ait été donné à un langage.

C’est pourquoi, Ada, pour te rendre« hommage », terme piégé, encore, et c’est bien dommage, je m’en tiendrai à ceci :

En cet Ada Lovelace Day, à l’encontre des idéologies privatrices, tu opères comme figure tutélaire, et avant tout humaine, de l’ingéniosité. Aussi bien Ada que Charles. Aussi bien Ian que Deb. Aussi bien Ulysse aux mille ruses que Pénélope et son hack de la toile, filée le jour et détricotée la nuit. Après tout, Pénélope est devenue reine d’Ithaque sur la requête de son navigateur.

 

L’histoire d’un dessin animé libre

dimanche 11 octobre 2015 à 12:26

Vous l’avez sans doute vu passer à plusieurs reprises : notre dessinateur Gee nous a concocté cette année un petit GIF animé (avec variantes) pour illustrer les sorties de nos différents services et a même poussé le concept jusqu’à en faire une vidéo avec musique et effets sonores !

Ce dessin animé est sous licence CC-By-Sa. Et comme chez Framasoft, on est un peu monomaniaques, il l’a bien sûr été réalisé uniquement avec des outils libres ! Ce petit making-of, que vous pouvez également retrouver sur le site de Gee, vous explique les différentes étapes pour réaliser cette courte animation.

Les outils

Bon. Quand Pouhiou m’a envoyé un mail pour me demander s’il y avait moyen de faire un petit GIF avec le scénario qu’il avait écrit (avec une date limite assez serrée), je me suis penché sur les logiciels d’animation libre. J’ai tout d’abord essayé Synfig qui semblait être le plus plébiscité. J’ai importé un personnage bricolé dans Inkscape, j’ai essayé de l’animer en fouillant un peu les menus et en regardant des tutos sur Internet. Sans succès (je dois pas être doué). J’ai laissé tomber quand le logiciel m’a planté entre les mains après avoir cliqué sur un bouton au hasard. J’ai vaguement jeté un œil du côté de Pencil2d, mais ça ne m’avait pas l’air beaucoup plus simple.

Qu’à cela ne tienne. Quand on est un peu pressé, mieux vaut s’en tenir à des logiciels qu’on connaît, même s’ils ne sont pas exactement faits pour la tâche qu’on a à accomplir. En l’occurrence, je me suis contenté d’utiliser :

Je préviens d’avance que j’ai procédé volontairement de manière quick’n’dirty. Il est évident que tout ce que j’ai fait peut-être réalisé plus efficacement et proprement si on maîtrise un parser XML, les expressions régulières, etc. etc.

Animons… à l’ancienne !

Puisque je n’utilise aucun outil qui facilite l’animation (pour calculer automatiquement des images entre deux positions-clefs, par exemple) je fais au plus simple : décomposer le mouvement image par image et dessiner chaque image séparément. J’assume du coup le côté « saccadé » car je n’avais franchement pas le courage de faire du 25 images par seconde :)

Pour la marche du manchot, une boucle de 8 images :

marche

La marche de l’empereur… enfin, j’me comprends.

Pour animer l’uppercut, je me suis inspiré des sprites d’un certain jeu de baston assez connu…

Shoooooryuken !

Shoooooryuken !

Et pour la partie jardinage, j’ai fait à l’instinct avec une boucle de deux images quand le manchot grattouille la terre.

Il est grattouille et il est content.

Il grattouille et il est content.

Reste le soldat qui est beaucoup moins animé mais possède son petit nombre d’images quand même. Je dessine le bouclier vide, sachant que le logo sur le bouclier va varier selon les projets.

Engagez-vous... rengagez-vous qu'ils disaient !

Engagez-vous… rengagez-vous qu’ils disaient !

Voilà ! Les autres éléments sont fixes (ou pratiquement) :

Je vous épargne l'animation du nuage de fumée à la fin...

Je vous épargne l’animation du nuage de fumée à la fin…

Et enfin, un fond qui est raccordable à gauche et à droite pour pouvoir boucler facilement.

fond

La fonte des glaciers est réelle… #inconvenientTruth

On assemble…

C’est là où ça devient carrément artisanal (et où, encore une fois, il y a moyen de faire plus simple – et moins gourmand en espace ! – si on sait scripter du SVG comme un chef). Je fais un calque (toujours sur Inkscape) par image, en dupliquant les éléments qui doivent l’être à chaque fois. Du coup le fichier source devient vite très gros…

On commence par 2 cycles de marche (soit 16 images). C’est le fond qui bouge. J’ai calculé qu’à la fin des deux cycles, mon personnage devait avoir parcouru à peu près les 2 tiers du décors qui fait 860 pixels de large. On doit donc parcourir (2/3)*860=537,33 pixels en 16 frames. À chaque calque, je duplique le précédent et je sélectionne mon fond : Objet/Transformer/Déplacement horizontal de -35,84 pixels.

Arrivé à la dernière des 16 frames, le nuage doit être dans sa position finale. Je le mets, puis je fais l’opération inverse (copie du nuage sur les calques précédents et mouvement de 35,84 pixels jusqu’à ce qu’il sorte du cadre). Avec toutes ces copies, le fichier fait déjà 11Mio ! Je décide de diviser l’animation en plusieurs fichiers pour ne pas exploser la mémoire de ce pauvre Inkscape…

Le deuxième fichier SVG commence aux éclairs et termine quand le soldat est éjecté de l’écran. Pas grand-chose à dire, pas de formule mathématique ici, j’ai animé en essayant/regardant/corrigeant jusqu’à arriver à un enchaînement qui me semblait bien. Mine de rien, le deuxième fichier fait déjà 20Mio… On passe au troisième fichier !

On commence par recentrer la « caméra » sur notre personnage : rien de bien compliqué, toute l’image bouge en même temps. On en profite pour lancer l’animation du manchot qui grattouille la terre. Rien de bien compliqué pour faire apparaître l’arbre dans une explosion de lumière :)

Mais c’est là que les choses se corsent : il faut que je termine en bouclant sur le début, il faut donc que la dernière image se raccorde avec la première. J’ai déjà prévu un fond raccordable, par contre mon personnage a un peu bougé à l’arrache avec le combat et le plantage d’arbre. Et en plus, horreur et damnation, je me rends compte que mon bel arbre dépasse sur la partie de l’image qui apparaît sur la première image !

L'homme qui avait pensé à tout... sauf à ça.

L’homme qui avait pensé à tout… sauf à ça.

Aaaargh ! Trois solutions :

Et c’est la dernière solution (la plus feignasse, j’assume) que j’ai choisie. Et je suis assez content parce que cette petite « triche » ne se voit pratiquement pas (sauf si on le sait). Vous l’avez vue ? Eh bien c’est simple : l’arbre bouge plus vite que le fond sur les dernières images ! De telle sorte qu’il semble naturel qu’il soit sorti de l’image quand on revient sur la première image…

Bon, n’empêche que c’est quand même un peu le bazar, puisque tout doit un peu bouger pour retourner à la position initiale :

Puisque par rapport au fond, le manchot doit avancer de 327 pixels, on peut calculer le nombre de « pas » qu’il doit faire (= le nombre d’images dans la boucle de marche). On se rappelle que manchot faisait 35,84 pixels par pas au début. Pour parcourir 327 pixels, il lui faut donc 9,12 pas (arrondis à 9). Maintenant qu’on connaît le nombre d’images nécessaires et les déplacements à faire, il n’y a plus qu’à enchaîner ! Pendant 9 images :

Et voilà ! Nous avons maintenant toutes nos images, y’a plus qu’à assembler !

81 images pour l'animation complète !

81 images pour l’animation complète ! (Je passe sur l’ajout du logo et les changements de nom sur l’arbre.)

Scriptons

On est quand même à 3 fichiers SVG qui totalisent 50Mio et 81 calques. Hors de question de se taper les exportations à la main (surtout que je veux pouvoir facilement tester et changer des choses). Du coup, c’est l’heure de scripter. J’ai choisi le Ruby pour plusieurs raisons :

Tout d’abord, comme je l’ai dit en introduction, il faut savoir qu’Inkscape a un mode ligne de commande, et c’est super ! On peut choisir d’exporter un fichier en PNG avec la taille que l’on veut et en sélectionner un objet de la scène. Et ça tombe bien, puisque mes calques sont des objets et qu’en sélectionnant chaque calque un par un dans l’ordre des numéros, on obtient toutes les images de l’animation dans le bon ordre.

Et là, il y a un hic : pour choisir un objet, Inkscape veut qu’on lui donne son ID. Sauf que son ID n’a rien à voir avec le Nom qu’on lui a donné dans Inkscape. Nom que j’avais pris soin d’écrire imgXXX (avec XXX le numéro de l’image). Groumpf. Qu’à cela ne tienne, en faisant un petit grep, on se rend vite compte que les attributs id et name d’un calque sont juste à côté. On commence donc par récupérer l’ID correspondant à chaque calque avec un petit hack un peu crade mais qui marche :

get_layer = Hash.new 81.times do |t| # (Je ne detaille pas comment sont definies les variables 'img' et # 'filename' qui contiennent respectivement le nom du calque et le # nom du fichier SVG) cmd = "grep -C 2 " + img + " " + filename + " | grep id" text = `#{cmd}` get_layer[img] = text.split('"')[1] end

Ensuite, une fois qu’on a récupéré les bons ID associés aux bons noms, on peut lancer l’exportation des calques vers des PNG avec une bête boucle et un appel à Inkscape :

get_layer.each do |i,l| frame_name = "frames/" + i + ".png" cmd = "inkscape -C -j -i " + l + " -e " + frame_name + " " + filename system cmd end

Il ne reste plus qu’à compiler le GIF à l’aide d’ImageMagick. La façon la plus simple de faire est celle-ci :

system "convert -loop 0 -delay 10 frames/*.png animation.gif"

Mais dans mon cas, je souhaite que certaines frames soient plus longues que d’autres (par exemple, celles où le soldat parle). Dans ce cas-là, j’écris la commande ImageMagick frame par frame en précisant la durée à chaque fois (notez qu’on pourrait ne préciser la durée par défaut qu’après chaque frame qui ne l’utilise pas, mais bon, c’est le script qui s’en charge alors peu importe). J’ai oublié de le copier/coller, mais la variable delay est égale à 10 bien sûr.

cmd = "convert -loop 0 " current = 1 get_layer.each do |i,l| if current == 30 cmd = cmd + "-delay 100 " elsif current == 31 cmd = cmd + "-delay 350 " elsif current == 32 || current == 73 cmd = cmd + "-delay 200 " else cmd = cmd + "-delay " + delay + " " end cmd = cmd + "frames/" + i + ".png " current = current + 1 end cmd = cmd + "animation.gif" system cmd

ET VOILÀ !

Notre GIF est tout prêt, tout beau. Ensuite, il y a encore moyen de réduire le poids du GIF en réduisant la qualité etc. J’ai aussi généré pas mal de variantes avec des changements de couleur (via des scripts aussi), mais je vous passe les détails. J’arrête là pour le making-of, car si je commence à vous parler de la vidéo (et du son), on n’est pas rendus :)

Vous pouvez télécharger le script complet (et éventuellement les sources, mais même compressé, c’est gros !). Tout est libre, toujours sous licence CC-By-Sa.

Faites tourner ! Et bon dimanche 😉

À vous de Dégoogliser Internet

samedi 10 octobre 2015 à 13:37

Quelle semaine ! Avec cinq nouveautés et un nouvel élan pour entamer la deuxième année de la campagne « Dégooglisons Internet », nous espérions que la démarche vous plairait. Cela semble être le cas, alors du coup, nous voudrions à notre tour vous demander des services. 😉

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C’est grâce à nos donateurs et donatrices que nous avons pu faire tout ce que nous avons fait jusqu’à présent, et nous les remercions avec tout le datalove présent dans nos cœurs de Libristes. N’hésitez pas à les rejoindre en allant sur soutenir.framasoft.org (et à partager ce lien).

Partagez sur vos médias

Il y a une autre manière de soutenir le projet Dégooglisons Internet : en le faisant connaître autour de vous. Mais pour cela, il vous faut peut-être plus de données, d’informations, d’images, de .gif (correctement prononcés :p), de liens, de vidéos (telle que le dessin animé de Gee dont il a fait un making of sur son blog)…

Le site « Dégooglisons Internet » propose désormais tout cela dans son espace médias. N’hésitez pas à aller y faire un tour pour y récupérer tout ce dont vous avez besoin pour votre blog, vos réseaux… bref, pour sensibiliser tous les Dupuis-Morizeau de votre entourage ! … et, bien entendu, c’est du Libre.

Et si vous désirez vous entretenir avec nous pour votre radio, podcast, videocast, journal, etc. sachez que nous sommes là pour vous répondre.

Dégooglisez votre entourage

Dégooglisons Internet est un projet parfois complexe à expliquer. Entre les enjeux de la centralisation du web par GAFAM, la vingtaine d’alternatives que nous proposons (et celles que nous voulons mettre en place), et le but final d’essaimer nos hébergements et données… Il y a mille façons de se perdre dans ce discours.

Heureusement pour nous, Pyves (un des bénévoles du forum des Framacolibris) a activé ses doigts de fée sur du RevealJS pour nous faire une petite présentation pleine d’humour et de phrases-clés avec les dessins de Gee.

Là encore, le code d’intégration de cette présentation est disponible sur notre espace médias : pensez donc à l’utiliser sans modération !

On vous l’a dit en présentant cette nouvelle année de la campagne : tout ce qu’on fait, on ne peut pas le faire sans vous. C’est vous qui pouvez décider de relayer, partager, informer et soutenir Dégooglisons Internet.

Grâce à vous, la première année de cette campagne a été un succès. Nous espérons que vous répondrez présent-e-s pour ce deuxième round, avec le même enthousiasme.

Car même si la route est longue, lorsque l’on est si bien accompagnés, la voie est d’autant plus libre !

Faire un don à Framasoft.